Comment je surmonte mon syndrome de l’imposteur sans me mettre la pression ?
Ces tasses sont des équilibristes professionnelles. Ne reproduisez pas ça chez vous.

Comment je surmonte mon syndrome de l’imposteur sans me mettre la pression ?

Le syndrome de l’imposteur débarque régulièrement dans la vie de plus de 70% de la population.

Combien ont déjà tapé dans leur barre de recherche “comment surmonter le syndrome de l’imposteur” ? Le pourcentage est fort.

Combien ont réussi à appliquer tous les conseils donnés et à guérir de tous les symptômes ? Le pourcentage est faible.

Nous sommes nombreux à ramer dans la même galère. Alors, quand est-ce qu’on arrive au port ? Probablement jamais. Il est temps de l’accepter, de jeter l’ancre quelque part, et d’apprendre à pêcher.

Faites-vous partie de ce club - pas vraiment prisé - des égos malmenés ?

La psychologue Valerie Young a constaté que ce syndrome touche plus régulièrement certains groupes de personnes comme les étudiants, les chercheurs, les créatifs qui doivent souvent se comparer avec des personnes jugées talentueuses, ceux qui ont de brillantes carrières ou qui réussissent très jeunes, ou ceux qui parviennent à leur but par des chemins de traverse.

Je fais partie d’un de ces groupes 🥳. Et vous ?

Si vous aussi :

  • Vous vous infligez une pression démesurée. Vous faites d’une simple tâche le “projet de votre vie”, pour que le mérite revienne à la quantité de travail et d’énergie investie, et non à votre “talent”, vos capacités réelles. Que ce soit dans votre vie pro ou perso, vos standards sont tellement élevés, que le moindre couac peut vous faire cogiter pendant des heures.
  • Vous vous préparez à l’échec, avec une motivation et un investissement volontairement freinés. #procrastination
  • Vous vous auto-sabotez. Vous doutez tellement de vos compétences que vous vous donnez raison en faisant moins bien, voire mal, ce que vous pouvez faire très bien.
  • Vous ne savez pas accepter les compliments. Attention, ce n’est pas de la fausse modestie ! Vous êtes simplement sceptique face à l’éloge : “il dit ça pour être gentil”, “il ne sait pas de quoi il parle”, “il se moque de moi”.

Alors comme moi, vous faites partie du club !

Assommée par le perfectionnisme depuis ma plus tendre enfance

  • Salut, moi c’est Marie, j’ai 6 ans, je suis hyper timide, et je prends ma première leçon de danse classique… au conservatoire ! 😱
  • (En choeurs) Bonjouuuur Mariiiiie !

Imposteurs Anonymes, montage logo

Autant vous dire que j’ai immédiatement appris à être en compétition avec les autres. Et, bien évidemment, je n’étais pas “la meilleure”.

Encadrées par une professeure complètement obsessionnelle - et relativement méchante, pour être honnête - qui rêvait que nous soyons des poids plume sachant aussi bien danser qu’Aurélie Dupont, nous n’avions aucune chance. Nous devions être parfaites. Tout le temps. Et comme je ne l’étais pas, - mais, qui l’est ? - j’étais une moins que rien. J’étais à côté de la plaque. Illégitime à cet art.

Je suis restée 9 ans dans ce conservatoire, à me comparer aux autres danseuses que je trouvais bien meilleures que moi.

9 ans, pendant lesquels on m'a appris que la perfection existe. Que si l’on s’en éloigne trop, c’est nul. Et, si au contraire, on s’en rapproche, on est “attendu au tournant”.

Oui, parce qu’une fois que l’on est parfait, une fois que l’on maîtrise tel ou tel sujet, on devient un modèle. Alors interdiction formelle de baisser le niveau !

J’étais plutôt moyenne dans tous les domaines

J’avais peur de réussir, mais encore plus peur d’échouer. Alors je développais le juste milieu.

J’étais moyenne à la danse. J’avais développé une sorte d’hyper nonchalance, comme s’il fallait que je me détache du plaisir de danser, juste “au cas où”. Si bien que mes camarades se demandaient si j’aimais vraiment danser.

Oui, évidemment, j’aimais la danse, et j’aimais danser.

Mais tout me stressait. Les filles de ma classe me stressaient, le fait que je ne sois pas au top me stressait, et la prof me stressait. Je me rappelle l’avoir entendue dire à ma mère : “elle pourrait être la meilleure si elle le voulait”... 👍

J’étais moyenne à l’école aussi, ce qui m’a souvent valu le fameux “elle peut mieux faire” sur les bulletins de notes. 

(Aparté : chers professeurs, faites attention à ce que vous dites, s’il vous plaît.)

Une dépression…

Ça me met vraiment en colère, parce que consciemment je VEUX être parfaite. Et je ne comprends pas pourquoi je n’arrive pas à l’être. Ce “moyennisme” que j’adopte est totalement inconscient.

Après le bac, je suis partie faire une formation professionnelle de danse.

ENFIN, je faisais ce que je voulais ! Je dansais toute la journée, 5 jours par semaine. Et j’avais pris mon indépendance dans une ville que je ne connaissais pas.

Chouette !

Et pourtant, au bout de quelques mois, ça clochait… Pourquoi ? Parce que je n’étais pas la meilleure. Je m’étais prouvée encore une fois que j’étais illégitime.

Un an après, je suis revenue habiter chez ma mère. J’étais tellement déçue par cette formation, et par moi-même surtout, que je suis devenue dépressive. Je n’ai pas réussi à décoller de ma chaise pendant plusieurs mois. Je m’enfermais dans une bulle dans laquelle je regardais films et séries non-stop, de mon lever - pas avant midi - à mon coucher - tard dans la nuit. Les tâches ménagères que ma mère me donnait disparaissaient dans l’oubli. La recherche d’un travail aussi.

La procrastination était devenue mon mode de vie.

Guenièvre dit à Lancelot "on n'est pas sortis du sable"​, extrait de la série Kaamelott


…Et une remontada

Et puis, au bout d’un certain temps, ne me demandez pas pourquoi, je me suis décidée. Peut-être que je me lassais ? Je n’en sais rien.

En tout cas, je voulais trouver un travail. Mais je n’avais pas fait d’études. Alors mon CV allait être très léger…

Et voilà, une angoisse supplémentaire : qui va me donner une chance alors que je ne suis pas légitime ?

Réponse : un CPE.

Je suis devenue assistante d’éducation (très très anciennement appelée “pionne”). Et pour quelqu’un qui n’a jamais aimé l’école, c’est plutôt ironique d’y retourner pour y bosser 😅.

Le travail m’a sorti de la dépression, et a titillé ma curiosité et ma soif d’apprentissage.

J’ai appris que je n’étais pas obligée d’aller à l’école, de m'asseoir sur une chaise pendant des plombes en écoutant quelqu’un parler, pour apprendre un métier !

Je remercie cet homme et tous les employeurs suivants qui ont accepté de me faire confiance à chaque entretien. J’ai eu le bonheur d’exercer plusieurs jobs différents, qui m’ont appris l’importance du lien social, le fonctionnement concret de notre société, et surtout, que j’étais capable.

Et aujourd’hui, ce syndrome, comment il va ?

Il va bien, il est toujours là.

Je rêverais de ne plus m’auto-saboter !

Je rêverais de ne plus procrastiner aussi souvent ! C’est l’un des symptômes que j’ai le plus de mal à gérer.

Je rêverais d’arrêter de perdre un temps monstrueux sur des futilités.

Je rêverais d’être à l’aise quand on me fait un compliment 😳.

Je rêverais d’être moins intransigeante, avec moi-même, et avec le reste du monde aussi.

Et en vrai, j’y parviens de plus en plus souvent.

J’arrive à le faire évoluer, comme un pokémon. Il se transforme en une humilité plus saine.

Mais il y a encore du boulot.

Que faire docteur ?

Rassurons-nous, ce n’est pas une maladie. On ne souffre pas tout le temps de ce syndrome. Il va et vient selon notre énergie, notre vulnérabilité.

Nombreux sont les psychologues (et pas que !) qui rendent thèse-antithèse-synthèse sur ce “problème”, et nous proposent des solutions “évidentes”, telles que :

  • “Il faut savoir se faire confiance.” Ben voyons…

Vous pouvez toujours essayer ! La confiance en soi n’existe pas. La confiance, c’est un sentiment qui se partage avec quelqu’un. Votre confiance, vous la donnez aux autres. Et les autres, ils sont comme vous et moi, ils ont peur. Ils peuvent avoir peur pour nous, mais ils ont surtout peur pour eux ! Que se passerait-il, si vous deveniez meilleur qu’eux ? Si vous gagniez plus d’argent qu’eux ? Si vous viviez plus longtemps qu’eux ? Et si vous étiez plus heureux qu’eux ? 😱

L’être humain n’est pas aussi solidaire qu’on le croit, ou que l’on aimerait qu’il soit. Et c’est ce qui a fait émerger le concept de “confiance en soi”.

Car si je ne peux pas avoir confiance en vous, mes êtres chers, pour me soutenir… qui me reste-il ?

En revanche, savoir s’écouter, ça, c’est possible. La personne qui vous connaît le plus au monde, c’est vous-même.

Ce dont vous avez besoin ? Ce dont vous avez envie ? Ce dont vous êtes capable ? Vous le savez.

Votre intuition est votre meilleure amie, votre guide suprême.

S’estimer aussi, c’est possible, et très important.

Alors là, je vous entends déjà objecter : “l’estime de soi, c’est comme la confiance en soi !”. Eeeet non ! L’estime, c’est le respect, c’est la considération. Et il est temps que vous considériez que vous avez votre place sur Terre.

Vous êtes là pour quelque chose. Et vous avez le droit de le faire 😊.

  • “Soyez raisonnable.”

😱 Non. Ne le soyez pas. Restez fou. Gardez votre ambition. Placez la barre aussi haut que vous le souhaitez, la marge de progression sera plus grande, et votre fierté explosera quand vous atteindrez votre but.

  • “Cessez de vous comparer aux autres.”

Ou alors, continuons de nous comparer aux autres, MAIS, au lieu d’être désemparés par leur réussite, motivons-nous à les rattraper !

Rocky et Apollo courent sur la plage

Ma recette “maison” pour surmonter le syndrome de l’imposteur

Peut-on vraiment le surmonter ? Oui.

Enfin, la réponse, c’est plutôt : oui, de temps en temps

C’est comme en cuisine, même si vous suivez la recette, des fois ça rate.

Voici les 5 ingrédients de ma recette, avec en bonus, le récipient idéal pour la préparation.

À vous de faire la tambouille :

  • Plutôt qu’une to do list (qui nous angoisse quand elle grandit), faire une did list : une liste des tâches accomplies, même les moins importantes à vos yeux, et même en temps de procrastination.

Exemple : “Cool, j’ai rattrapé mon retard sur Peaky Blinders !”

  • Dédramatiser. On n’est pas des machines 🤖 ! Ce n’est pas grave de ne pas être au top 24/7.
  • Se réconcilier avec la réussite. C’est OK d’être fortiche !
  • Se réconcilier avec les erreurs : il n’y a pas d’échec, il n’y a que des résultats.
  • Demander de l’aide : c’est OK de ne pas être fortiche, on peut apprendre de et grâce à quelqu’un d’autre.

Et enfin, le récipient idéal : le corps.

Et oui Jamy ! C'est le modo des yogi : déverrouiller le corps libère la tête 🧘🏻.

Et si vous n’aimez pas cuisiner, sachez que vous êtes quand même quelqu’un de bien

Et oui, si vous êtes perfectionniste, il vous tient à cœur de fournir un travail bien fait. C’est une grande partie de ce qu’on appelle le professionnalisme. Alors, certes, vous passez beaucoup (trop) de temps à le faire. Mais le résultat est top ✅ !

Et puis, vous êtes autodidacte, donc vous savez faire preuve d’autonomie. D’ailleurs, ce syndrome se nomme également le “syndrome de l’autodidacte”. Bien plus sympa comme nom !

En plus, il faut faire preuve d’une sacrée dose d’audace, de curiosité et de créativité pour apprendre tout(e) seul(e) 🤓. Alors, chapeau !

Et rappelez-vous :

  1. Ce ne sera jamais “le bon moment”.
  2. Ce que vous ferez ne sera jamais “parfait”.

Alors, quand vous doutez avant de faire quelque chose… 👀

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Fais-le quand même. Ma réponse à chaque fois qu’on me questionne à propos du syndrome de l’imposteur, c’est d’admettre que je suis un imposteur, et de traiter ça de la même façon qu’on s’incruste à un mariage : maintenant que t’y es, amuse-toi autant que possible et mange autant de gâteau que tu peux avant que quelqu’un te jette dehors. Assume et amuse-toi.


Et vous, vous répondez quoi ? 💬

Imene Hafi💫Sahbi

Multi casquette, Fondatrice de Miroirbroc

2 ans

Quelle plume, mamma mia ! Un vrai plaisir de vous croiser :-)

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