Comment mieux lutter contre les inondations ? La réponse est sous nos pieds !
Les inondations sont des défis posés aux capacités de résilience des villes, c’est-à-dire à leur capacité à absorber les perturbations et à retrouver un fonctionnement normal rapidement. Cette résilience suppose, des services publics préparés aux crises, des infrastructures tirant profit des dernières avancées technologiques pour jouer à plein leur rôle régulateur et une acceptation du risque suffisamment partagée pour orienter les politiques locales (transports, habitat…)
Les inondations sont peut-être la manifestation la plus visible et la plus dévastatrice du changement climatique. Encore ces derniers jours au Québec, l’état d’urgence a été instauré et plus de 3000 personnes évacuées alors que le Saint-Laurent sortait de son lit et menaçait certains quartiers de Montréal.
Gestion de crise : les services d’eau et d’assainissement en première ligne
Il y a un an, les affluents de la Seine et de la Loire connaissaient des crues importantes. L’approvisionnement en eau potable est un des services essentiels les plus exposés en cas d’inondation. Les usines de production d’eau potable sont naturellement situées en bord de rivière ou de fleuve ; leur protection est un enjeu majeur pour garantir la continuité du service. Décisive dans la performance de la gestion de crise, la pratique d'exercices doit être régulière et réaliste, c'est-à-dire multi-acteurs et coordonnée. En mars 2016, la Préfecture de Police de Paris avait coordonné "Sequana", un exercice dont les enseignements se sont avérés très utiles quelques mois après lors des inondations qui ont affecté les régions Centre et Ile-de-France.
En finir avec les villes étanches
Climatologues et météorologues sont formels : les aléas climatiques vont à la fois s'intensifier et se généraliser. Pour autant, les inondations ne sont pas une fatalité. Collectivités, aménageurs, constructeurs, architectes, sont face à une responsabilité : celle de stopper l'inexorable progression de l'imperméabilisation des sols. En France, les espaces artificialisés s'accroissent d'environ 60 000 hectares par an depuis 1993 (enquête Teruti-Lucas). Ce phénomène entrave le bon fonctionnement des écosystèmes, capables d'infiltrer les eaux et donc de limiter ruissellement et érosion.
Comment rétablir la perméabilité des sols ? Il est urgent aujourd'hui de réfléchir à la manière de concevoir autrement les zones urbaines. La Chine a lancé un ambitieux programme « Sponge cities » en 2013 pour lequel 14 villes pilotes se sont vu allouer des financements publics. L'objectif: expérimenter des moyens de prévenir les inondations. Des revêtements routiers poreux aux zones humides naturelles en ville, s’invente là-bas une nouvelle manière de cohabiter avec l’eau, dans un contexte où l’urbanisation ex nihilo permet de tester des solutions à grande échelle.
Les infrastructures régulatrices des inondations
En Europe, l’enjeu est plutôt d’arriver à élaborer des solutions dans un tissu urbain ancien dans lequel il est bien souvent difficile d’avoir une approche systémique en intervenant au-delà de l’échelle d’un quartier. Pourtant un premier pas serait de généraliser l’instrumentation des réseaux d’assainissement et les ouvrages de rétention ou de transport des eaux pluviales. La connaissance fine de ces infrastructures, leur pilotage à distance et les capacités prédictives des algorithmes sont des leviers majeurs pour exploiter pleinement la fonction régulatrice de ces équipements.
Les investissements nécessaires sont conséquents mais ils représentent peu face aux dégâts des dernières inondations, qui se chiffrent en milliards d’euros. Lorsque l’on sait que la France fait partie au niveau européen à horizon 2100 des pays potentiellement les plus touchés par les inondations fluviales (avec l’Angleterre, l’Italie et la Hongrie) ou côtières (avec l’Angleterre les Pays Bas et l’Allemagne), il est urgent d’agir ! C’est malheureusement la répétition de phénomènes violents qui amènera à de nécessaires prises de conscience.
J’ai personnellement pu constater en 2012 aux Etats-Unis l’électrochoc qu’a représenté l’ouragan Sandy. Les pouvoirs publics ont depuis pris le problème à bras le corps et les autorités locales développent des stratégies ambitieuses pour faire face aux risques d'inondations. La Ville d’Hoboken, dans le New Jersey, a notamment entrepris de constituer une ceinture verte de parcs autour de la ville, conçus comme des zones "tampons". Cette logique d’ « infrastructures vertes » doit gagner du terrain : la nature en ville au-delà de sa fonction d’agrément est une source de services écosystémiques stratégiques pour la résilience urbaine.
GEMAPI : la coopération des acteurs comme préalable indispensable
En France, la réforme territoriale a instauré une nouvelle compétence avec la GEMAPI, (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) donnée aux intercommunalités à partir du 1er janvier 2018. Sa mise en œuvre devra se faire par des financements pérennes. Cette dévolution ne doit pas exclure du jeu les autres autorités locales comme les syndicats de rivières ou les établissements publics territoriaux de bassin. Qu'il s'agisse de gestion de crise ou de prévention, la capacité à travailler en réseau et à fluidifier au maximum les relations entre les parties prenantes reste la clé. En revanche, on peut espérer que la gestion du grand cycle de l’eau par les intercommunalités, également de plus en plus souvent compétentes en matière d’urbanisme, permettra de mieux prendre en compte la place de l’eau dans les opérations d’aménagement ou de renouvellement urbain.
cheffe de service ingénierie Eau potable
7 ansclasse Elodie Riu !
EHHQS Manager&Engineer - Expert diagnostic technique et mise à niveau des entreprises (UNIDO Certification) - Former Chemical Engineer in AICHE's Transport & Energy processes Division.
7 ansArticle très intéressant.Les villes africaines doivent commencer à s'y mettre avant qu'il ne soit trop tard.Des plans d'urgence et des exercices de simulation devront être mis en place.
MédiatriceCulturelleAccompagnementEducatifMétiersArtSciencesAgri_CertificationsNormeSécuritéStatutEmploiRetraiteLoisBorne
7 ansEn 2013 des conférences organisées et avec la présence du Préfet_Monsieur Jean-François CARENCO à Lyon .... les barrages depuis le Mont Saint Gothard et les débordements de nos fleuves ...
Ferryhopper Chief Customer Officer
7 ansSuper article qui résume bien la situation, une préparation et une anticipation du risque est essentielle. Cependant, le risque zéro n'existe pas, et il faut donc aussi se préparer pour gérer la réponse à l'urgence, et la gestion de la crise. Après une inondation, c'est souvent les déchets (ménagers et industriels) qui posent un très gros souci et qui ralentissent le retour à la normale. Auriez-vous des programmes à l'intérieur du groupe Suez qui réfléchissent à cette préparation. Je serais ravi d'échanger à ce sujet. Aiden
Technico Commercial
7 anspour la matière organique, il me semble que l'utilisation des lombrics est indispensable pour aérer le sol si je me comprends bien car je viens de la terre