Confiance : les médias sur le fil du rasoir

« Faire confiance, c’est se destiner à être trompé ». Aussi contestable soit-elle, cette citation de l’écrivaine Québécoise France Théoret illustre à mon sens parfaitement l’état d’esprit actuel des Français vis-à-vis des médias. Dans son rapport annuel publié en janvier dernier par La Croix, Kantar révélait que la confiance envers eux s’effondrait dramatiquement pour atteindre son plus bas niveau depuis 30 ans. Une défiance qui s’est largement accrue depuis l’émergence du mouvement des Gilets jaunes il y a six mois. Il ne se passe désormais pas une semaine sans que le récit médiatique de cette contestation hors norme ne soit dénoncé et que les journalistes se fassent insulter ou même agresser. Une défiance particulièrement déstabilisante lorsque l’on est comme moi un farouche défenseur de la presse et que mon métier consiste à valoriser ses atouts auprès d’entreprises désireuses d’exploiter son incontestable influence auprès de la population.

« Comment en est-on arrivés là ? » est la première question qui me vient à l’esprit lorsque je lis ou entends les arguments de celles et ceux qui condamnent sans retenue - et souvent sans discernement - le travail d’information mené par l’ensemble des médias. Une partie des réponses à cette question a été apportée par l’étude Media Rating, présentée il y a quelques jours par 366 et Kantar. Un des principaux enseignements de l’enquête est en effet la mise en évidence d’une fracture territoriale très nette au sein des médias. Ainsi, quand on regarde la relation aux médias en fonction de la sensibilité au mouvement des Gilets jaunes, on note une forte dégradation de la confiance accordée aux supports nationaux, qu’ils soient écrits ou audiovisuels, alors que le caractère local semble exonérer les médias des clivages partisans.

De vous à moi, il y a belle lurette que cette fracture couvait en attendant l’étincelle qui la ferait surgir aux yeux de tous. Et c’est sans doute à un réflexe trop parisianiste que l’on doit l’incompréhension manifeste face aux événements récents. Veiller quotidiennement au développement des titres de la PQR m’offre une lecture sans doute plus impliquée de la situation, mais pas moins lucide. Que la Presse Régionale reste, devant la Télévision Nationale, le média dans lequel les Français ont le plus confiance ne doit plus nous étonner. La proximité a en effet des vertus rassurantes après lesquelles nos concitoyens ne cessent de courir. Authenticité, crédibilité, fiabilité, pertinence et transparence sont autant de notions aujourd’hui exigées aux entreprises par les consommateurs, quel que soit le secteur économique. Les médias ne font pas exception à la règle, puisqu’après tout ils sont des marques comme les autres.

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