Congrès de médecine générale : la Ville de Paris présente des projets médicaux innovants
Du 21 au 23 mars, des centaines de médecins généralistes assisteront au Congrès de médecine générale (CMGF) qui se tiendra à la porte Maillot. Les équipes Santé de la Ville de Paris seront là en force avec deux présentations orales, un poster et un stand, axé sur le recrutement de professionnels de santé dans nos équipements et sur nos aides à l’installation. A cette occasion, le point avec le Dr Astrid-Elisabeth Gras sur les projets de communication retenus.
1) Le premier abstract porte sur la mise en place d’un parcours de soin spécifique pour les personnes victimes de violences sexuelles et sexistes. Quel est ce projet ?
Nous avons formé nos professionnels au repérage des violences lors des consultations. Par exemple : ne pas avoir peur de poser des questions sur ce sujet, oser en parler, s’y intéresser. Nous avons essayé de lister les obstacles que rencontrent les professionnels dans le repérage et la prise en charge des violences, pour y apporter des réponses et protocoliser le parcours de soin.
Pour cela, nous avons créé un cycle de formation pour les professionnels et un groupe de travail sur le sujet des violences sexuelles et sexistes.
Parmi les questions que se posent les professionnels: celle du secret professionnel au sein d’une équipe pluridisciplinaire, de savoir que faire après avoir repéré des violences… Notre objectif aujourd’hui est de produire des écrits formalisés d’ici mi-2024.
Cette expérience a permis de mettre en lumière un certain nombre de freins des professionnels de santé autour de la question des VSS, et de travailler sur les leviers.
2) Parlez-nous des deux autres abstracts retenus : la méthode Patient traceur diabétique et le dispositif sport santé en centre de santé ?
Pour le premier abstract sur la méthode du patient traceur diabétique, l’idée était de calquer une démarche qualité qui se fait habituellement en hôpital sur une structure de ville. Nous prenons en compte l’avis du patient et du médecin sur la prise en charge et essayons de trouver ensuite des pistes d’amélioration du parcours de soin du patient. L’objectif est d’améliorer la prise en charge des patients.
Cinq patients ont été inclus et ont fait l’objet d’un entretien semi-dirigé. Les dossiers médicaux de chaque patient ont été analysés et leurs médecins traitants ont également été interrogés.
Cela a été mené en 2021 sur le centre de santé Tisserand. En 2022, nous avons tiré des pistes d’amélioration et, suite à cela, nous avons réalisé un second volet de démarche qualité en intégrant les pistes d’amélioration pour les patients diabétiques.
Parmi ces pistes d’amélioration : le développement du volet prévention et la mise en place de l’activité physique adaptée. On a donc recruté une infirmière Asalée (Action de santé libérale en équipe) pour le volet prévention et nous avons développé un programme d’éducation thérapeutique. Nous avons également mis en place un dispositif sport santé pour donner accès aux patients à des cours d’activité physique adaptée (APA) gratuits dans le quartier.
C’est justement sur ce thème que porte le dernier abstract retenu qui sera présenté sous forme de poster au Congrès de médecine générale.
Dans un contexte de promotion de l’activité physique adaptée et la naissance progressive des Maisons sport santé, nous nous sommes engagés dans nos centres, dès 2021, à proposer des activités physiques adaptées pour les patients suivis régulièrement, présentant un surpoids ou une obésité et n’ayant pas les ressources suffisantes pour accéder facilement à l’activité physique. Ce dispositif donne accès à des cours d’APA gratuits dans le quartier avec une évaluation tous les trois mois par des enseignants APA et une orientation par la suite vers une association.
3) Quelle est la philosophie qui sous-tend toutes ces initiatives ?
Voir le patient dans sa globalité est essentiel à la prévention de certaines pathologies. Comprendre le patient, cela change tout dans une consultation. A partir du moment où on arrive à comprendre comment vit son patient, repérer comment cela se passe à la maison, où on ose poser certaines questions, on crée une confiance et une alliance thérapeutique.
Comment ça va ? Cette question, par exemple, n’est pas toujours posée et elle ouvre pourtant beaucoup de perspectives pour mieux comprendre le patient. Durant nos études de médecine, on ne nous apprend pas toujours l’écoute active, et pourtant cela peut tout changer dans une prise en charge. Cela permet de comprendre pourquoi le patient ne fait pas bien ses examens, pourquoi il peut lui arriver de pratiquer le « nomadisme médical » (aller voir plusieurs médecins pour un même problème sans coordination), cela peut cacher un besoin non identifié. A terme, l’objectif est bien d’impliquer davantage le patient, pour qu’il devienne acteur de sa santé.
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Le congrès de médecine générale se tiendra du 21 au 23 mars 2024 au Palais de Congrès de Paris.
Pour la programmation des 2 abstracts c’est ici :
- « Démarche Qualité : expérimentation de la méthode Patient Traceur Diabétique en centre de santé » le vendredi 22 mars, Session Diabète, de 14h30 à 16h en salle 211
- « Expérimentation : Mise en place d'un parcours de soin spécifique en centre de santé pour les victimes de violences sexuelles et sexistes », le samedi 23 mars, Session Parcours de soin, de 10h45 à 12h en salle 252A
Pour la programmation complète du congrès c’est là :