Marion Sérot : « Je veux lutter contre les inégalités d'accès aux soins. »
A l’occasion de la Journée internationale des femmes et filles de science, rencontre avec Marion Serot , doctorante rattachée à Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques -MMPCR . Elle partage les défis qu’elle rencontre en tant que femme scientifique et son engagement contre les injustices sociales et inégalités d’accès aux soins.
1) Pouvez-vous nous présenter ton parcours ? Votre arrivée à la Ville de Paris ?
Pour moi, il était important de mieux comprendre comment fonctionne le monde et de développer un esprit critique par rapport à la société qui nous entoure. J’ai commencé par des études en sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne pour ensuite continuer des études en sociologie.
C’est sur le terrain, en menant des entretiens avec des personnes que je n’aurais probablement jamais pu rencontrer autrement que j’ai commencé à me passionner pour cette discipline.
Durant l’un de mes stages où je réalisais une étude qui évaluait un dispositif d’addictologie, j’ai pu rencontrer des consommateurs de drogues et des professionnels de santé. C’est cette expérience qui m’a donné envie de travailler dans ce domaine et de consacrer mon projet de recherche à la santé.
Je suis ensuite arrivée à la Ville de Paris en janvier 2022, en tant que cheffe de projet à la Mission Métropolitaine de Prévention des conduites à risques (MMPCR).
En 2023, mon projet de recherche sur le chemsex a été retenu par la Ville de Paris dans le cadre du dispositif CIFRE [Convention Industrielle de Formation par la REcherche], qui retient chaque année des doctorants et finance leur projet de thèse.
Pour moi, il était important de travailler à la Ville de Paris, car je voulais que ma thèse puisse être utile et permette, à terme, d’améliorer les politiques publiques de santé. Être doctorante à la Ville me permet également d’être en contact avec un ensemble d’autres doctorants issus d’autres disciplines et c’est une énorme richesse !
2) Quels sont les plus grands défis que vous rencontrez en tant que femme scientifique ?
La difficulté d'être prise au sérieux parce que je suis une femme et parce que je suis jeune. Le fait d'arriver à trouver sa place, à s'imposer et à être écouté dans un milieu historiquement pensé par des hommes pour les hommes.
Je vais par exemple, souvent anticiper que certains interlocuteurs puissent me considérer autrement parce que je suis une jeune femme (exemple : un ton infantilisant), donc je vais essayer de mettre en place des stratégies pour être prise davantage au sérieux.
Aujourd’hui à l’université, il y a autant de filles que de garçons, mais les femmes restent moins représentées dans certains postes. Par exemple, il y a moins de femmes qui sont enseignantes chercheuses titulaires ou directrice d’université que d’hommes.
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A l’occasion de la Journée mondiale des femmes et filles de science, le message que je souhaite faire passer est un appel à la lutte contre les inégalités en tous genres. Même si on naît libres et égaux en droit, dans les faits, on ne se bat pas tous à armes égales en fonction de qui on est, de notre genre, de notre couleur de peau, de notre classe sociale.Tout mon travail est de mieux documenter ces inégalités pour pour faire en sorte qu’on ait toutes et tous accès aux mêmes soins de qualité.
3) Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet de thèse ? Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur le chemsex ?
Quand j’ai débuté mes études en sciences politiques, je me suis rendu compte que certaines expériences que j’avais pu vivre personnellement étaient en réalité collectives. Par exemple, le fait de moins oser prendre la parole en public lorsqu’on est une femme ou encore le harcèlement sexuel dans la rue.
Mes études m’ont permis d’approfondir l’étude des relations sociales. C’est donc la découverte de la sociologie qui m’a donné envie de poursuivre en thèse !
Ensuite, mon intérêt pour le chemsex, (la prise de substances psychoactives pour initier, faciliter, prolonger ou améliorer les rapports sexuels), vient du fait qu’on entend peu les personnes concernées.
Cette pratique concerne les nouveaux produits de synthèse ou le GHB qui sont aujourd’hui assez faciles d’accès car disponibles sur Internet à des prix attractifs.
Les risques sont nombreux : sur la santé sexuelle, à travers les Infections sexuellement transmissibles, des risques d’addictions, sur la santé mentale, mais aussi des risques sociaux comme l’isolement et/ou la perte d’emploi.
Il existe aussi un risque accru de violences sexuelles car le consentement est biaisé quand on est sous substances.
Travailler sur ce sujet est une forme d’engagement politique pour moi : car le chemsex touche majoritairement des hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, et qui sont plus sujets aux discriminations, à l’injustice.
Entre l’orientation sexuelle, la question des drogues et des pratiques sexuelles, le sujet implique de nombreux tabous, donc de la stigmatisation.
Et on le sait, la stigmatisation retarde l’accès aux soins. Les personnes concernées peuvent craindre d’être jugés et donc mettre plus de temps pour se faire accompagner. Le sujet aujourd’hui est encore peu documenté et j’avais envie de combler ce vide scientifique et de recueillir leur parole.
#sciences #femmes #recherche #doctorat #inégalités #discrimination #injustices #AccèsAuxSoins
Responsable du pôle Ateliers Santé Ville chez Ville de Paris
10 moisBravo Marion Serot pour ton parcours déjà bien riche, ton enthousiasme permanent et notre travail commun sur le sujet du chemsex
Responsable de la Mission Métropolitaine de Prévention des Conduites à Risques - Ville de Paris
10 moisEt en plus d’apporter une brillante contribution à notre compréhension du Chemsex, Marion Serot est une super collègue qui enrichie chacune de nos réflexions ! Trop chanceu.ses de t’avoir parmis nous.
Médecin généraliste spécialiste de la prise en soin de l’infection par le virus du VIH, de sa prévention, de l’addiction au Chemsex et soutien au parcours de transition
10 moisTrès heureux d’avoir pu rencontrer Marion Serot au cours des journées #Chemsex et à la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques -MMPCR. Nous avons de la chance de l’avoir au sein de cette structure. Au plaisir de pouvoir encore échanger avec elle.
Bonjour Marion, on s'était croisées à la journée chemsex à la mairie de Paris et vous deviez me recontacter (mais je n'ai pas eu de news et je n'ai pas votre numéro...) Merci (pour Swaps numéro européen chemsex)
Chef du Service Communal d'Hygiène et de Santé (Direction Santé publique - La Rochelle)
10 moisLaure JACQUET