Contexte de mes conclusions

Contexte de mes conclusions

Suite de l'article précédent Le coaching des personnels de direction & prévention des maladies professionnels,

Je suis arrivée comme Principale dans un collège. C'était ma première année, mon premier poste, ma première réforme, J'étais Shiva : j'avais les bras ouverts... accueillants. Puis ils se sont croisés devant moi un peu en protection du contexte... puis mes poings se sont mis devant moi, prête à vivre une violence qu'au fond je refuse... Enfin, ils sont tombés à force de jouer à l'homme de Vitruve en mode essorage à 8000 tours minute !

Le début de la fin

Quand on devient chef d'établissement, on peut prendre cela pour une sorte d'aboutissement. Cela est renforcé par l'entourage qui opine du chef en disant à quel point c'est bien. Et en effet, on a le sentiment d'aboutir, de monter une marche dans une ascension sociale relayée régulièrement par l'effet que produit la réponse à la question "Et vous, vous faites quoi dans la vie ?" Cette sensation est confortée aussi par les pairs, qui félicitent, encouragent, s’enthousiasment.

En réalité, la question des responsabilités qu'on a, n'est pas la constituante principale du problème, quand on se dirige vers le Burnout. On prend ses responsabilités, voire on les prend toutes, même les autres… parce que –entre autres- on s’enthousiasme en pensant à tout ce qu’on croit qu’on va pouvoir faire.

Pourquoi ? Parce que c'est ce pour quoi on est fait !

(du moins, le croit-on).

On a réussi des concours difficiles, on est fier de ce qu'on a donné de soi pour arriver si loin. C'est le début de la poussée de la carapace dans le Syndrome de la Langouste. Le Perdir, quel que soit le type de structure qu’il pilote (collège, lycée...), s’identifie à son rôle. C’est ce que J. CURNIER, dans son ouvrage "Coaching Global" nomme comme étant l’un des paradoxes de la fonction de dirigeant : "Sa fonction devient une prison du fait de son statut social et du rôle qu’il se donne". Le Perdir appartient à un système dont il est un des éléments, système autour et à l'intérieur duquel il construit son rôle parfois au détriment de qui il est.

Et puis, on croit qu'on va y arriver, sincèrement!

La preuve, on travaille jusqu'à minuit, on emmène du travail chez soi, on téléphone aux collègues pour leur demander leur avis. Le réseau fonctionne bien. On sent que "son" établissement a besoin de "soi" : "mon collège, mes profs, mes élèves, mes parents d'élèves, ma Dotation d'heures..." C'est le début de la posture Jupitérienne : Ce dieu gouvernait le ciel, commandait les orages et replaçait les lois dans l’équité pour le recours des opprimés. Malgré ses caprices parfois, il cherchait le bien. Et c’est ce que fait le Perdir bien qu’il soit perçu autrement.

Pourtant, il y a des signes ...

Les visions que le reste du monde a de lui se caricature par endroits. Le Chef, c’est le Médef (et ça rime) ! Cela fait aussi que : quoi qu'il fasse, il s'expose aux foudres de quelqu'un. Il est l’ennemi de quelques un qui se sont plus ou moins réparti le pouvoir, et parfois depuis longtemps, au mépris des nouvelles idées qui pourraient pourtant faire du bien aux enfants. Des enseignants, parfois en nombre conséquent, se positionnent en prolétariat syndiqué compétent et sachant-mieux-que-quiconque, tenant des discours systématiquement vindicatifs. Pourtant, d’autres, taupes déguisées aux yeux des premiers, cherchent à collaborer quitte à le faire discrètement pour avoir la paix. Même si 1948 est loin derrière, le fantôme de Marx rôde dans certaines salles de classe. Ici les traits sont forcés à des fins didactiques.

Au quotidien le Perdir vit à un rythme soutenu 

Répondre aux enquêtes, mettre en place la réforme qui se met en place en même temps que lui, chercher des leviers de pilotage (taupes et moyens), de management, travailler sa posture, c'est le début de l'essorage.

Arrive enfin de moment où, au milieu de logiques différentes, ambivalentes, voire contradictoires, et malgré le soutien des pairs et de l’institution, plus de la même chose produisant plus du même effet…. On craque. Et là ?! C’est le drame ! Le corps, que le Perdir n’a pas écouté, flanche, s’arrête épuisé. Encéphalogramme intellectuel, décisionnel, plat ! Fin de l’essorage.

Aurait-on pu faire quelque chose avant ?

L’accompagnement institutionnel est le reflet des logiques qui se télescopent entre elles (Administratives /Humaines, Verticales /Horizontales), Cet accompagnement n’arrive pas forcément à temps, quand bien même il est proposé. Le Burnout est proportionnel à l’enthousiasme qu’on a du métier auquel on s’identifie, et parce que ce qui le caractérise c’est le déni. Déni par soi : « Mais ça va passer »… « J’ai tel dossier à finir ». « là ! Euh, non je suis booké, pas le temps ni l’énergie » »… Déni par l’entourage duquel on se coupe progressivement et enfin déni bienveillant de l’environnement professionnel : « mais tu vas t’en sortir, ça va passer, »… « Je vous fais confiance, vous avez déjà fait le plus dur »…

Comment faire après ?

Le temps du soin, Ce soin est soumis à des logiques administratives et/ou humaines, c’est l’institution qui régule ce temps. Elle le donne, en concertation avec le médecin traitant. Ce temps est incompressible et peut prendre des mois, voire des années. C'est parfois l'occasion d'une psychothérapie.

Le temps du soi (le soin sans haine), C’est le temps de lâcher l’idée que ce ne sont pas les autres, seulement les autres, qui sont responsable de cet arrêt de vie. C’est d’accepter l’idée qu’on a eu sa part de responsabilité dans la situation –particulièrement la partie qui a trait au déni. Et l'idée qu'on a sa part de responsabilité à prendre (sans les prendre toutes cette fois). C'est l'idée du changement, une prise de décision pour soi. C'est le temps du coaching.

Le rebond. C’est retrouver le chemin vers soi, vers ses valeurs pour les accorder à ce qu’on fait, retrouver le chemin vers ses capacités, et trouver un alignement entre soi, ce qu’on a vécu, et ce qu’on va chercher soit « dans » soit « hors » de l’institution. C’est aussi travailler sur les parties de soi qui ont explosé en plein vol pour refaire un schéma de vie professionnelle. C'est le coaching en lui-même.

Séverine L.

Gestionnaire de données au sein de la DSI chez Heineken France

7 ans

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