L'option « zéro souffrance » existe-t-elle vraiment ?

Dans la vie, il y a un chemin pour chacun d'entre nous. Certaines épreuves sont indispensables au développement personnel. Celles-ci permettent de développer en soi la force nécessaire pour passer au stade suivant. Dès lors, quand nous apportons de l'aide à quelqu'un ce qui lui fait défaut (ou qui n'a simplement pas envie), plutôt que de l'aider à l'obtenir par ses propres moyens, nous le rendons dépendant (un assisté de l'Etat, des parents, du système social, de l'entreprise... ) en quête d'un cadre de remplacement. Nous le privons de l'effort d'aller chercher en lui, effort qui le renforcerait et le conduirait à se dépasser en permanence. A contrario, nous accroissons sa faiblesse. Nous ne pouvons pas donner de l'eau à un âne qui n'a pas soif.

Une aide vraiment désintéressée doit tendre à favoriser chez autrui la capacité à s'aider soi-même. Il n'est pas dit de renoncer à vouloir assister ou secourir les autres mais que cette aide soutienne l'effort permettant à autrui d'accéder à ses propres ressources internes et non pas rendre cet effort superflu, en lui substituant la facilité et la dépendance extérieure. Rappelons à l'unique condition qu'autrui en ait envie. Laisser le temps : voilà la clé !

Le corps doit grandir avant les habits, les possibilités intérieures avant les moyens extérieurs. Comme disent les Américains « Inside-Out » : les choses doivent démarrer en dedans, puis s'extérioriser, trouver leur correspondant externe. Faire sortir notre potentiel intérieur, favoriser l'émergence de nos ressources, plutôt que de les atrophier par des apports externes. Tout part de son « moi intérieur ».

Développer et donner la priorité aux qualités intérieures : force, courage, intelligence, leadership, amour, débrouillardise, esprit d'entreprendre, indépendance, volonté, détermination... Allez puiser en vous...

Ces qualités sont présentent en nous et ne demandent qu'à être utilisées. On ne fait pas un manager en lui collant l'étiquette de leadership. On ne peut pas donner à autrui ce qui ne peut être le résultat d'une transformation profondément intérieure, strictement personnelle.

Si nous voulons vraiment aider autrui, nous devons donc immanquablement nous poser cette question fondamentale du sens : pourquoi autrui souffre-t-il ? Mais toute souffrance est-elle nécessairement négative ? Où se situe la frontière entre la douleur de l'effort, acceptée et recherchée et le seuil où une souffrance est jugée inacceptable ?

Le burn-out, le brown-out ou le bore-out... sont-elles des souffrances jugées acceptables ?

Ce qui est sûr, c'est que l'option « zéro souffrance » n'existe pas... il en va de la souffrance comme de toutes choses : bonnes ou mauvaises, nécessaires ou utiles, indispensables ou inacceptables... ce qui les distingue les unes des autres, c'est le sens qu'elles recèlent ou non aux yeux de qui les subit, ou celui que nous parvenons ou non à leur infuser. Tel un sportif qui dépasse ses limites et bat de nouveaux records. En revanche, souffrir atrocement sous la fraiseuse du dentiste alors qu'il existe des anesthésiants n'a a priori de sens pour personne.

« Donnez-moi un pourquoi et je supporterai n'importe quel quoi ». Nietzsche.

Tout éducateur, tout leadership, tout manager est confronté un jour à la question de la souffrance d'autrui et à la façon de la comprendre et d'y réagir.

Avant de soigner autrui, le véritable médecin doit veiller à ce que son traitement permette au malade d'accomplir le même chemin que la maladie (mal a dit) l'aurait contraint à parcourir.

En somme, la route n'est jamais rectiligne. Distinguons la souffrance qui fait grandir de celle qui détruit. Il y a le feu du soleil qui réchauffe et fait mûrir les fruits et un autre qui brûle et carbonise tout ce qu'il touche.

Nous sommes les transporteurs de la vérité que l'esprit fait bouger par nous tous.

« Apprendre, c'est être en mouvement à chaque instant ». Krishnamurti

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