Coronavirus le réveil brutal de l’intelligence collective mondiale

Le coronavirus une chance pour l'intelligence collective.

Individuellement, tout le monde est démuni devant la crise du Covid-19. Un boom collaboratif mondial est en train de changer la manière dont le monde perçoit l’intelligence collective.

Par exemple partout dans le monde, épidémiologistes, praticiens, ingénieurs … exploitent sans relâche les données sur l’épidémie. Afin de trouver des solutions lié à sa progression et le développement des solutions face aux pénuries de matériel médical.

Le monde de la recherche, de l'innovation et chacun à titre personnel semblent être pris d'une frénésie de collaboration, d’initiatives solidaires et de production de connaissances ouvertes aussi contagieuse que le coronavirus.

Un changement planétaire violent et une ouverture sans précédent

En 1675, Newton écrivait déjà: «Si j'ai vu plus loin, c'est en me tenant sur les épaules des géants.»

Ces trois dernières décennies, l’avènement d’internet suivit de celui des réseaux sociaux participent à l’effacement des limitations traditionnelles de l’intelligence collective.

Au départ de l’épidémie, on a pu voir la recherche dite «traditionnelle» s’accélérer et ouvrir considérablement ses moyens de production. Des initiatives populaires réunissant maintenant des acteurs variés hors des cadres institutionnels, utilisant des plateformes en ligne.  

Nous avons tous à l’esprit de préparer le jour d’après et pour cela il est vital de concevoir un nouveau modèle de société basé sur l’intelligence collective.

L’intelligence collective, c’est quoi ?

Si nous pouvons mesurer une intelligence individuelle via la performance à diverses tâches et ainsi dériver un « quotient intellectuel » individuel (le fameux QI), alors pourquoi ne pas mesurer l’intelligence d’un groupe d’individus par leur performance à des tâches collectives ?

L’intelligence collective désigne la capacité d’une communauté à faire converger intelligence et connaissances pour avancer vers un but commun. Mais un groupe intelligent n’est pas un groupe formé d’individus intelligents, mais d’individus variés qui interagissent convenablement.

Serait-ce donc ça, la fameuse «intelligence collective» censée résoudre nos problèmes planétaires majeurs ?

L’importance du «Facteur CO»

Co-construire, co-produire, co-habiter… dans certaines entreprises, on constate un ras-le-bol du « co ». Pour que cela ne se traduise pas par un retour à une vision trop archaïque de l’entreprise, il est grand temps de mettre en place une vraie stratégie du « CO ».

Une stratégie du « CO » bien pensée doit s’exprimer au niveau de chaque manager, de chaque équipe, là où les rapports humains sont les plus précieux et ont besoin d’être restaurés.

S’adapter aux envies, aux préférences, aux appétences de chacun et solliciter les collaborateurs sur les sujets auxquels ils souhaitent contribuer sont des facteurs de succès.

L'intelligence collective, un pilier de l'entreprise post-codiv.

Nous sommes entrés dans une reconfiguration des marchés où la vitesse de transformation et de renouvellement des entreprises est devenue un facteur stratégique majeur. Nous devons donc collaborer avec des femmes et des hommes qui ont des compétences différentes, nous devons intégrer la psychologie dans nos processus, transformer nos offres rapidement et travailler sur la collaboration hommes-outils- lieux de production.

Le Covid-19 bouleverse tous nos modèles mentaux et nous ébranle profondément.

Lorsqu’existe une différence entre la réalité et nos croyances, nous essayons à tout prix de maintenir ces dernières en inventant toutes sortes de raisons pour minimiser la signification de la surprise (théorie de la dissonance cognitive).

Il en va de notre intégrité et de notre équilibre car nos modèles mentaux sont constitutifs et les uniques garants de notre identité profonde.

Comment nous voyons le monde, c’est aussi comment nous nous voyons, et comment nous sommes dans le monde.

Dans notre environnement de travail actuel totalement dépendant des impacts du Covid, l'intelligence collective est indispensable.

Historiquement, la France est un pays d’agriculteurs, d’artisans, d'ingénieurs et de lettrés qui a toujours valorisé l'expertise et la connaissance au détriment du savoir-faire manuel. Les écoles d'ingénieurs et les universités forment des experts compétents et de bons penseurs mais peu d’ouvriers efficaces.

Après plusieurs années d'expérience ceux qui deviendront managers seront reconnus pour leur expertise leurs longues années d’experience. Ils auront la responsabilité de former les plus jeunes et acquerront leur légitimité à leurs yeux par leurs connaissances et la durée de leur apprentissage. C’est pourquoi dans une majorité d'entreprises, les plus anciens forment les plus jeunes au métier.

Mais aujourd’hui le monde est globalement devenu « VUCA » : Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity. Les métiers évoluent très vite, créant son lot d'incertitudes, avec trop de volatilité. Les clients attendent toujours plus de valeur, un prix réduit au plus bas et souhaitent vivre et mettre en place des expériences nouvelles.

Adopter la pluridisciplinarité et la solidarité pour réussir de façon pérenne.

Pour réussir, il faut des personnes de compétences différentes avec certes de la pluridisciplinarité mais aussi de la solidarité pour faire face et dépasser les limites individuelles. L'enjeu, pour le dirigeant, est de savoir sortir d'une autorité prescriptive et de passer à une autorité de compétences et d'influence, plus riche et plus ouverte.

Comme le dit le sociologue Pierre Velts « La performance repose moins sur la qualité et le coût des diverses ressources que sur l'intelligence de leur combinaison, autrement dit l'efficacité de l'organisation et du tissu relationnel ».

L'intelligence collective et la coopération, c'est un peu « créer ensemble », mais c'est aussi et surtout « faire face à l'inconnu ensemble » et cristalliser une énergie positive propice à l’innovation en permettant de penser hors du cadre habituel (think out the box). L'intelligence collective est comme une Ressource Stratégique à part entière dans l'Entreprise, faisant levier sur les interactions entre les collaborateurs.

Les difficultés de la mise en place de l'intelligence collective en entreprise.

 

Bien qu’une majorité de salariés (87%) expriment un réel besoin de collaborer, il existe encore deux principaux freins à l'essor de l'intelligence collective : le manque de confiance dans et entre les équipes ainsi que le manque d'authenticité dans une démarche mise en place sous la contrainte.

Aujourd'hui, dans notre travail, qui est devenu et devient de plus en plus complexe, nous sommes interdépendants : ma réussite dépend des actions que mon collègue a menées avant moi et de celui qui les mènera après moi. Individuellement, nous ne sommes pas en toute puissance. Et c'est sans compter les événements externes et la mondialisation qui viennent modifier continuellement l'environnement.

Coopérer c'est reconnaître la compétence de l'autre, ses forces, son talent mais aussi ses faiblesses et difficultés. C'est accepter l'autre tel qu'il est, dépasser les préjugés et composer avec lui, lui faire confiance. C'est faire preuve de consensus et savoir naviguer le monde relationnel qui est souvent fait d'ambiguïté et de non-dits.

Dans un monde scientifique et technologique, dans lequel on maîtrise tout et cela nous rassure, c'est un vrai enjeu. Là encore, la solidarité est une intelligence collective.

Comment relever le défi de l'intelligence collective.

Plusieurs méthodes existent depuis longtemps. La première est déjà de prendre conscience de l'importance du sujet et de sa valeur. En outre, l'intelligence collective doit être ancrée dans l'organisation et le rôle de manager est de l'entretenir et la développer. Pour cela, il doit :

  • Veiller à ce que la majorité des créations et initiatives émanent de l'intelligence collective.
  • Ensuite, il faut créer les conditions permettant à chacun d'utiliser cet outil précieux :
  • Donner l'exemple en faisant confiance (nous avons vu précédemment que c'était le principal facteur limitant) à son entourage,
  • Donner du feed-back aux équipes,
  • Privilégier la communication fluide et constante (agile) plutôt que structurée sans écho.
  • Accepter les refus, le « non », les avis contradictoires, les égos.
  • Entretenir les zones d'échanges.

En ces temps très troubles de pandémie et de sortie progressive du confinement, il convient de se poser la question de la solidarité et des trésors d’imagination qui naissent ici et là pour permettre de mieux fonctionner en collectif.

Nouveaux modes de pensée, de posture et d’apprenance… Apprendre individuellement et apprendre ensemble, en bref cultiver le facteur « CO »…

Dans un monde complexe en mouvement il convient de s’adapter en permanence, d’innover, de jouer sur l’intelligence collective, de construire une vision partagée. Ne disons-nous pas « nous » plutôt que « je » dans les organisations ?

Quel beau parallèle avec la situation ambiante actuelle : apprendre à se recentrer pour mieux penser aux autres et partager une nouvelle vision de la réalité.

C’est vers cette direction que je vous invite à phosphorer et à essaimer.

Nora Coué (21 mai 2020)


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