L'IA remet en question nos positionnements sur nos chaînes de valeur
Est-ce que l'IA ne nous poserait pas une seule et unique question ?
Après de nombreuses lectures et discussions sur l’impact de l’IA sur les acteurs économiques, une idée a fait son petit bonhomme de chemin dans ma tête : bien que ces tendances (IA générative, automatisation et robotique dopées à l’IA…) soient larges, complexes ; bien qu'elles aient des impacts variés et parfois contradictoires, je suis persuadé qu’il peut exister un unique point de départ, une seule façon d’entamer les réflexions nécessaires à notre adaptation. En effet, face aux évolutions technologiques actuelles, je suis persuadé qu'il existe une dynamique commune qui touche chaque organisation, chaque personne, quelle que soit sa situation actuelle dans les chaînes de valeur au sein desquelles elle se positionne. Quel que soit les personnes qui posent la question de savoir comment s'adapter à l'impact de ces tendances sur leur vie professionnelle ou leur organisation, on doit pouvoir répondre par une seule et même recommandation. Mais quelle est-elle ?
Une évolution ? Une révolution ? Un changement d'ère ?
Parmi les experts, à travers rapports et études, un consensus émerge petit à petit : nous changeons d’ère. Face à ces évolutions technologiques d'ampleur, nous ne sommes plus simplement dans une logique d’optimisation de la relation client, d'amélioration de l'expérience usager, de captation du besoin, de captation et de valorisation de données encore mal exploitées ou de sécurisation d'une position d’intermédiaire pour prélever un quelconque octroi. La transition vers le « as a service » ne suffit plus à penser de nouveaux modèles. Nous changeons d’aire : il y a quelque chose de plus large qui est en jeu. Les transformations technologiques actuelles nous poussent à repenser nos rôles, nos identités professionnelles, nos places dans nos chaînes de valeur, de manière systématique, analytique et avec rigueur.
Recommandé par LinkedIn
Une question universelle se pose à nouveau à nous : comment adapter ?
Les menaces ou opportunités des évolutions technologiques actuelles partagent une essence commune, une transversalité, une unicité, que nous ressentons tous intuitivement. Certains se sentent à l’étroit en partageant leur bureau avec l’IA et souhaitent développer leur portefeuille d’activités, leurs responsabilités ; d’autres craignent qu’elle prenne trop de place ou leur place. Nous savons que nous devons faire évoluer notre position au sein des chaînes de valeur où nous sommes présents : individuellement et collectivement. Cette conviction est partagée par les acteurs de terrain, confortée par de premières études économiques sérieuses : si nous restons à notre place, nous risquons d'être substituables, de devenir une commodité, nous perdrons notre valeur, nos valeurs. C'est une phase d'introspection collective et individuelle qui s'ouvre. Il s’agit de se concentrer à nouveau, en profondeur, sur les dynamiques multidimensionnelles qui génèrent la valeur dans nos secteurs d’activité respectifs, de remonter à l’origine de cette valeur, à l'endroit et au moment où elle apparaît et où elle se cristallise. Cette démarche n’est pas simple ni confortable. Il est nécessaire de se projeter au-delà de ce qui est tangible, discerner ce qui est encore flou, comprendre ce qui est en train d’émerger. C’est une position précaire qui nécessite autant d’intuition que d’expérience et qui permet d'être témoin du moment où l’intelligible se révèle. C'est à ce moment-là, à cet endroit précis qu'on peut convoquer l'IA et ses volets d'automatisation et de robotisation... un peu plus bas dans la chaîne de valeur, un peu plus tard dans le processus, la magie n'opèrera plus.
Penser en dehors du penser en dehors de la boîte
Plusieurs acteurs se sont mis en marche et remontent le courant des chaînes de valeur comme des saumons grâce aux nouveaux horizons de l’IA de l’automatisation et de la robotique. Dans le « retail », est-ce que les clients viennent toujours acheter dans une boutique physique ? Viennent-ils simplement voir ? Pourquoi ne viendraient-ils pas toucher, goûter en magasin tout en continuant de commander en ligne ? Le « showrooming » va-t-il accélérer son développement ? Dans la formation, est-ce qu’il faut continuer à vendre de la formation ? Est-ce que vendre de la compétence suffit ? Est-ce qu’il n’est pas aujourd’hui nécessaire d’assurer la compétence ? Est-ce que le DRH doit souscrire un contrat multirisque compétence auprès de son assureur préféré ? Est-ce qu’une entreprise de mobilité doit continuer à vendre des trajets ? Ou doit-elle vendre du temps de réunion professionnelle ou familiale en présentiel ? Son modèle économique doit-il toujours se fonder sur des unités de longueur ou s’orienter vers des unités d’espace-temps ? Dans le domaine de la santé, de la sécurité, est-ce que la donne peut enfin changer ? Est-ce que des acteurs majeurs sont en passe de réussir la transformation de leurs modèles d’affaires et de leurs modèles opérationnels en passant plus franchement de l’intervention à la prévention ?
Accepter l'inconfort du déséquilibre avant pour éviter la chute
Cette réflexion est peut-être un peu vaine, trop vertigineuse... mais elle soulève des questions que je souhaitais partager : à la faveur des évolutions technologiques actuelles, comment, individuellement ou collectivement, pouvons-nous remonter nos chaînes de valeur ? Comment allons-nous accélérer le repositionnement de nos organisations plus en amont, là où se crée la valeur ? Accepterons-nous l’inconfort de cette démarche, nécessaire pour saisir tout le potentiel des technologies que nous développons ?