[Coup de gueule] : et la caméra sur Zoom, on s’y met quand ?

Ce matin, toujours la même routine. Ma journée démarre par une réunion Zoom. 14 personnes connectées, et passé le bonjour d’usage, tout le monde désactive la vidéo. Je me retrouve seule face à treize écrans noirs. J’écoute la présentation, pose des questions, on me répond. Enfin, un écran noir me répond. Comme je n’ai jamais vu de visu ces personnes avant (une nouvelle agence qui veut me présenter un concept), je renonce à leur demander d’allumer leur caméra et continue ma réunion, avant de passer à la suivante. De nouveau, des écrans noirs. La voix sans l’image.

Les raisons, je les ai déjà toutes entendues et (faute avouée, à moitié pardonnée) j’en ai aussi parfois abusé. « Ma connexion internet est meilleure sans la caméra », « Je n’ai pas envie de mélanger vie pro & vie perso », « Mon enfant dessine à côté de moi », « Mon chat/chien est sur mes genoux, cela ne ferait pas pro », « C’est mal rangé chez moi », « Je ne suis pas maquillée/coiffée/bien habillée … » Des raisons toutes valables et qui pourtant mises bout à bout essoufflent notre rapport à l’autre. Dans un monde où nos interactions sociales sont réduites à une peau de chagrin, où dans la vraie vie on ne voit plus nos visages que cachés derrière un masque, ne devenons pas, online, des écrans noirs les uns pour les autres.

Et puis, de toi à moi, ton salon mal rangé, ton enfant qui débarque, ton animal de compagnie qui vient réclamer une caresse, le facteur qui sonne à l’interphone, ta tête des mauvais jours mais aussi ton sourire franc et tes yeux qui pétillent d’enthousiasme, cela apaise, rassure et même rapproche. C’est dans ces moments-là où l’empathie et la bienveillance sont à leur apogée, même quand la discussion pro vire aux mauvaises nouvelles. C’est aussi ce qui permet au cerveau de mémoriser le nom (et le visage) d’un futur partenaire dans le flux incessant d’informations qui tombent chaque jour.

Puisque nous sommes tous dans la même galère avec une vie pro qui s’est invitée dans notre vie perso (et encore pour un petit moment), remettons un peu d’humain. Et allumons nos caméras. #videoon