Covid-19 & Agriculture française : les filières agroalimentaires françaises en tension

Covid-19 & Agriculture française : les filières agroalimentaires françaises en tension

La crise sanitaire a entraîné la fermeture des restaurants, bars et cafés dès le 15 mars, et celle des cantines scolaires et autres lieux de restauration collective dès le 16 mars, ainsi que les commerces non essentiels, incluant les fleuristes et jardineries. Ces établissements représentent des débouchés très importants pour certaines filières agroalimentaires, et il est possible d’évaluer les premières répercussions du confinement sur les différentes filières :

- Les filières horticoles et viticoles sont les plus touchées, ayant vu leurs ventes s'effondrer en raison de la fermeture de leurs lieux de vente privilégiés, notamment les fleuristes et les restaurants : des pertes de 55 à 60% de chiffre d'affaires sont observées. La réouverture des jardineries et fleuristes a donné un peu d’air à la filière horticole, qui réalise la plus grosse partie de son chiffre d’affaire en cette saison.

- Les filières laitières, viandes bovines et pêche, sont particulièrement impactées par la réduction des exportations et la perte du débouché restauration hors-domicile, qui engendrent de la surproduction et une chute des prix.

- La fermeture des frontières a empêché l’arrivée de main d’oeuvre d’Europe de l’Est, et a limité la filière maraichère dans sa capacité de production, alors que la demande en produits français est en hausse.

- Les filières céréalières et oléagineuse connaissent une hausse du stock de leur production, évaluée à 4,7% pour le blé. Elles sont cependant moins touchées que les autres filières à l’heure actuelle.

L’impact de la crise du Covid-19 est donc brutal pour certaines filières agro-alimentaires, là où d’autres sont très peu touchées. Comme pour les autres secteurs économiques, la dynamique de la reprise dépendra de la prudence des ménages qui pourraient, par principe de précaution, freiner leur consommation estivale notamment de produits haut-de-gamme, et privilégier les denrées moins chères.

Analyse filière

Viticulture

Second excédent de la balance commerciale française à l’export et déjà fragilisée par les taxes américaines, la filière viticole est particulièrement impactée avec une perte de chiffre d’affaires évaluée à 1,3 milliards € pour les ventes nationales (baisse de 60 %) et 1,7 milliards € à l’export. Un plan de soutien spécifique au secteur devrait être proposé par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Horticulture

La majeure partie des ventes se concentrant sur la période printanière, l’impact pour la filière (production, négoce et vente) est estimé à au moins 900 millions € pour cette année. Les représentants de la filière française dénoncent la concurrence des grandes enseignes autorisées à ouvrir et demandent l’autorisation de la vente directe.

Pêche & aquaculture

L’impact de la fermeture de la restauration hors foyer et des marchés alimentaires sur les ventes de la filière est estimé à 260 millions € à fin avril. Les exportations – vers l’Espagne et l’Italie notamment – sont également bloquées. Le ministre de l’Agriculture encourage les français à consommer du poisson français pour soutenir la filière.

Produits laitiers

La crise désorganise profondément les marchés laitiers et affectent les ventes de produits laitiers, en particulier les fromages (- 60%), entrainant une chute brutale des prix (poudre de lait notamment). Alors que la production entre en pic saisonnier, la filière française a mis en place une réduction des volumes de 5 % pour éviter un effondrement des prix. 

Viande

Les filières volailles et bovins sont particulièrement impactées par la perte du débouché RHD (restauration hors domicile). La filière volaille accuse une baisse de revenus de 40 à 80 millions d’€ (-5 à 10%) sur la période. Les prix des jeunes bovins ont chuté de 15%, soit un manque à gagner de 37 millions d’€ par mois pour la filière. La filière porcine est stable.

Fruits & légumes

Les problématiques de main d’œuvre liées à la fermeture des frontières ont fortement impacté les capacités de production, mais la demande pour les produits français est supérieure à l’offre et les prix sont élevés. La situation est cependant très hétérogène selon les régions et les filières, certaines productions en Ile-de-France accusent -80% de chiffre d’affaires.

Céréales & oléagineux

Une hausse des stocks est observée dans les filières végétales, notamment +4,8% pour le blé. La baisse des débouchés du blé et de l’orge sur les marchés intérieurs et européens n’est qu’en partie compensée par la hausse des exportations sur le marché international (hors UE). Le marché des oléagineux a vu son cours chuter de 10% depuis début 2020 en raison du ralentissement de son principal débouché, la transformation en biocarburant.

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Sia Partners

Baptiste Guichard, Marion Larquetoux, Marine Gangnebien, Charlotte de Lorgeril



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