Covid-19 : Pfizer affirme que son vaccin est efficace à 90 %
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont tous les deux signé un contrat avec BioNTech et Pfizer pour acquérir jusqu'à 600 millions de doses de vaccins pour le premier et 300 millions pour l'Europe. (AFP)
En biologie encore plus qu'ailleurs, la prudence est de mise. Cela n'empêche pas de se réjouir lorsqu'une bonne nouvelle se profile, surtout lorsqu'il s'agit d'entrapercevoir le bout d'une pandémie. Le laboratoire pharmaceutique Pfizer n'a en tout cas pas hésité à communiquer sur des premiers bons résultats concernant son candidat vaccin contre le Covid-19, développé en collaboration avec la biotech allemande BioNtech. Ce faisant, il a soulevé un immense espoir même s'il reste maintenant à ce que ce vaccin tienne toutes ses promesses.
Selon le géant pharmaceutique américain, le traitement serait « efficace à 90 % ». Ce pourcentage est issu des premiers résultats issus de l'étude de phase III lancée en juillet et ayant enrôlé plus de 43.500 participants à ce jour. « Plus de huit mois après le début de la pire pandémie en plus d'un siècle, nous pensons que cette étape représente un pas en avant significatif pour le monde dans notre bataille contre le Covid-19 », affirme le PDG de Pfizer, Albert Bourla.
Ce sont des « nouvelles encourageantes », confirme le directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. L'annonce a suscité la frénésie sur les marchés et fait s'envoler le titre BioNTech de 25 % à la Bourse de Francfort. L'action Pfizer était, elle, en hausse de plus de 7 % à New York.
Une efficacité à 28 jours
Toutefois, il faut raison garder. Cette première analyse - préliminaire -, a été réalisée après que 94 cas de Covid-19 ont été observés dans la cohorte de participants à l'essai. A l'origine, Pfizer prévoyait d'analyser les premiers résultats après seulement 32 contaminations, mais les experts médicaux restent très sceptiques quand il s'agit de réaliser des comparaisons des données si tôt dans l'essai. D'autres laboratoires prévoient ainsi d'attendre un plus grand nombre de cas pour débuter leurs analyses.
L'efficacité du candidat vaccin à base d'ARN messager (une nouvelle technologie) de Pfizer et BioNtech a été mesurée en comparant le nombre de participants infectés par le nouveau coronavirus dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo, « sept jours après la deuxième dose » et 28 jours après la première, expliquent les deux laboratoires dans un communiqué conjoint.
Un vaccin à base d'ARNm
« Cela signifie que la protection est obtenue 28 jours après le début de la vaccination, qui doit se faire en deux doses », analysent-ils. Il est à noter qu'au fur et à mesure que l'étude se poursuivra, le pourcentage d'efficacité final du vaccin pourrait varier. Reste que Pfizer et BioNTech se réjouissent d'ores et déjà. L'efficacité des premiers vaccins étant attendue entre 60 % et 70 %, « plus de 90 % est un résultat extraordinaire », a déclaré le PDG de BioNTech, Ugur Sahin.
Concrètement, un vaccin à base d'ARN messager consiste à faire s'exprimer une protéine dont on connaît les capacités protectrices (appelée sous-unité protéique) en la fixant sur une partie du code génétique du virus, l'ARN. Un vecteur non viral qui permettra d'amener au système immunitaire l'information que l'on souhaite sur le virus. Au corps ensuite d'apprendre à le reconnaître et de produire une réponse immunitaire.
Jusqu'à 1,3 milliard de doses en 2021
En attendant les résultats définitifs de l'essai, et parce qu'ils assurent n'avoir constaté aucun problème sérieux de sécurité pour le candidat vaccin, les deux laboratoires vont demander une autorisation d'utilisation d'urgence à la FDA, l'agence sanitaire américaine. La demande sera faite « après l'atteinte du jalon de sécurité requis, qui devrait avoir lieu dans la troisième semaine de novembre », précisent-ils.
Les Etats-Unis ont signé un contrat avec BioNTech et Pfizer pour acquérir jusqu'à 600 millions de doses de vaccin. L'Europe est quant à elle « sur le point » de signer une pré-commande de 300 millions de doses, comme l'a rappelé la présidente de l'Union européenne, Ursula von der Leyen, dans un tweet publié peu après l'annonce. Les deux laboratoires travaillent parallèlement à l'essai au développement de leur plateforme industrielle afin de pouvoir fabriquer en masse les vaccins.« Sur la base des projections actuelles, nous prévoyons de produire dans le monde jusqu'à 50 millions de doses en 2020 et jusqu'à 1,3 milliard en 2021 », précisent-ils.
D'autres candidats dans la course
D'autres candidats vaccins ont également reçu des pré-commandes de l'Union européenne et/ou des Etats-Unis. C'est le cas notamment de celui développé par le laboratoire AstraZeneca avec l'université d'Oxford, ou encore celui de la biotech américaine Moderna. Les deux sont également au stade III des essais cliniques mais n'ont pour l'heure communiqué aucun résultat préliminaire.
Le géant pharmaceutique français Sanofi, associé à l'anglais GSK, a lui aussi enregistré des commandes anticipées. Le spécialiste mondial des vaccins est entré relativement tard dans le sprint final. Il a, en effet, annoncé le lancement de son premier essai clinique de phase I-II, le 3 septembre dernier. Son candidat vaccin repose sur une technologie à base de protéine recombinante déjà employée par Sanofi afin de produire un de ses vaccins contre la grippe saisonnière, le FluBlock, à laquelle s'ajoute un adjuvant mis au point par GSK.
Par Enrique Moreira Les Echos
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