Crise Financière & Adaptation de l’Outil Financier Public & Privé Algérien
Crise Financière & Adaptation de l’Outil Financier Public & Privé
Les banques algériennes ont été renflouées à plusieurs reprises par l’Etat, et elles étaient encore récemment en deçà de leur capacité de financement de l’économie lorsque le baril a atteint des sommets. Pourtant si l’Algérie était à l’heure de la mondialisation, aucune banque algérienne n’aurait survécu à la crise financière internationale compte tenu de leurs performances, de leur organisation et de l’absence de stratégie financière de leur actionnaire. Cependant, une crise latente mais imminente risque de mettre à mal tout le système financier public algérien.
Le manque de liquidités accentué par la dette du Trésor vis-à-vis des banques publiques, la baisse des recettes pétrolières et fiscales, le déficit budgétaire public en voie structurelle, l’activation de la planche à billets, la dévaluation du dinar, l’inflation, le ralentissement de l’économie, la marché de devises parallèle et la conversion massive de fonds non déclarés en devises, le manque de confiance envers le dinar, l’absence de contre-mesures et de stratégie financière sont autant de signes annonciateurs de la plus grande crise financière en Algérie.
La BEA, la BNA, Le CPA, la BADR, LA BDL, La CNEP et la Poste, six banques publiques et une institution de distribution de salaires forment le paysage financier public et sont censées avoir été spécialisées dans des secteurs particuliers, puis livrées à elles-mêmes, à la fuite passive des cadres et à la sujétion publique (bonification des taux d’intérêts non compensée).
Aussi la configuration du paysage bancaire public est à redessiner et il ne doit subsister que deux ou trois banques publiques tout au plus. Ces banques sont spécialisées par l’appellation et aucune d’entre elles ne dispose d’experts techniques en mesure d’étudier des business plan en connaissance de cause ou susceptibles d’appréhender les activités à promouvoir. Souvent assimilées à des prêteurs sur gage les banques algériennes ne cherchent à disposer que de garanties sans prêter attention à l’activité, aux délais de démarrage effectif à la capacité de remboursement, et se contentent de bilans indicatifs pour le principe. Alors que la faisabilité d’un projet repose sur l’appréhension de l’activité envisagée, sa pertinence et sa cohérence. Les calculs de rentabilité et les garanties ne sont que des projections chiffrées de l’étude alors que la capacité technique, managériale, commerciale tout autant que la stratégie sont les véritables éléments d’évaluation.
L’octroi de crédits exige des mois d’attente, voire des années et ne correspond pas forcément aux besoins réels des investisseurs, notamment pour le démarrage et l’exploitation des activités industrielles. Qui, quand ils en ont les moyens évitent les banques et en souffrent quand ils les sollicitent. Les délais de remboursement sont trop courts alors que le financement des industries est très coûteux à financer compte tenu des taux d’intérêts pratiqués.
D’autre part le phénomène d’autofinancement et l'économie informelle pénalisent la capacité globale de financement de l’économie nationale en réduisant l’épargne destinée au crédit et l’effet redistributif du système bancaire.
Ainsi, la percée des banques étrangères dès leur implantation en Algérie s’explique d’abord par la volonté de changement d’institution bancaire du public vers le privé et du national vers l’étranger. Les attentes des clients : le service.
Les Banques privées n’ont pas encore développé toute leur expertise et leur savoir-faire en matière de services bancaires et n’appliquent pas encore les même critères d’évaluation risque crédit appliqué dans d’autres pays. Le gap s’explique par le risque pays, la convertibilité administrée, les difficultés de recouvrement et le manque d’expertise dans l’élaboration des dossiers de crédit. Pourtant certaines banques privées en attente de conditions favorables sont en mesure de participer plus activement au financement de l’économie et d’accompagner les investisseurs.
Le système financier algérien se trouve donc encore ‘sous développé’ du fait de l’absence de financements alternatifs au crédit et de la masse monétaire informelle en circulation.
En tout état de cause, l’épargne ou la syndication des fonds, les services financiers, la virtualisation de la monnaie sont encore très loin des standards internationaux et les signes économiques annonciateurs d’une crise financière sont réunis, alors que les pouvoirs publics n’envisagent encore aucune mesure préventive.
Le Développement Alternatif Durable passe par un système financier performant et assumant pleinement son rôle, sa fonction économique.