Décarboner l’industrie : une nécessité pour tenir nos engagements climatiques

Décarboner l’industrie : une nécessité pour tenir nos engagements climatiques

En 2019, l’industrie manufacturière représentait 18% de nos émissions de gaz à effet de serre. La stratégie nationale bas carbone (SNBC) adoptée en 2020, feuille de route de la France pour atteindre nos ambitions climatiques, fixe un objectif ambitieux de réduction des émissions industrielles : de 35% entre 2015 et 2030 et de 81% entre 2015 et 2050. Le rehaussement des objectifs climatiques décidés dans le cadre du paquet européen Fit for 55 se traduiront par un rehaussement de ces cibles. Pour accompagner la décarbonation de l’industrie, l’action de l’Etat, à laquelle contribue activement la direction générale des entreprises, se décline en deux axes : accompagner les industries dans la décarbonation de leurs sites de production et soutenir l’émergence d’une offre de solutions permettant de décarboner les usages.

Soutenir la décarbonation de nos sites industriels et éviter les fuites carbone

Pour aider les filières industrielles à atteindre l’objectif fixé par la SNBC, l’Etat a mis en place une stratégie ambitieuse de soutien à la décarbonation. Ainsi dans le cadre de France Relance, près de 200 projets représentant 2,6 milliards d’euros d’investissements dans la décarbonation de l’industrie française sont soutenus à hauteur de 1 milliard d’euros par l’Etat. Ces projets permettront une réduction globale d’environ 4 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, soit 5% des émissions annuelles de l’industrie qui seront évitées. En un an et demi, les projets soutenus permettent déjà de réaliser 15% du chemin de décarbonation à parcourir d’ici 2030.

Ce soutien se poursuivra dans le cadre de France 2030 : 5 milliards d’euros supplémentaires seront dédiés à la décarbonation des émissions directes de notre industrie. Avec des économies de l’ordre de 12 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, les moyens engagés dans le cadre de France Relance et France 2030 devraient ainsi permettre de réaliser environ 40% des réductions des émissions nécessaires à l’atteinte des objectifs fixés par la SNBC pour le secteur industriel à horizon 2030.

Pour planifier les travaux à engager, les filières industrielles sont amenées à présenter leurs feuilles de route pour décarboner leur processus de production. Les filières avec lesquelles la direction générale des entreprises – en coordination avec la direction générale de l'énergie et du climat – travaille sont en premier lieu la filière mines et métallurgie, la filière chimie et la filière ciment. Ces trois secteurs représentent plus de 60% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie française. Toutes les filières industrielles pour lesquelles la transition environnementale est un fort enjeu seront amenées à se positionner sur ce travail de planification destiné à identifier les leviers et les politiques publiques pouvant contribuer à cette transition.

Pour illustrer de manière concrète ces efforts, l’entreprise Arcelor Mittal est emblématique. Grâce à un investissement total de 1,7 Md€, la transformation en profondeur de ses sites de production – en particulier sur les hauts-fourneaux de Dunkerque et Fos-sur-mer – devrait permettre une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’Arcelor Mittal en France, représentant 10% du total des émissions industrielles en France.

Ce mouvement doit s’inscrire dans une démarche globale de réduction de notre empreinte carbone et il est important de veiller à ce que les contraintes fixées aux industriels n’entrainent pas de délocalisation des activités les plus émettrices en dehors des frontières de l’UE (phénomène des fuites carbone), selon l’exigence fixée par le ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno le Maire, de « faire de notre responsabilité climatique un atout de compétitivité ». C’est l’ambition portée par le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) pour lequel un accord en Conseil de l’Union européenne a été obtenu sous présidence française.

Soutenir l’émergence de solutions permettant de décarboner les usages

La transition écologique est une opportunité économique pour développer des offres technologiques françaises permettant de décarboner les usages. Pour ce faire, 610 millions d’euros seront dédiés dans France 2030 au financement de l’innovation et au déploiement de technologies pour une industrie bas carbone.

De façon plus large, décarboner notre économie implique de développer de nouvelles filières industrielles à la fois pour produire une énergie décarbonée et transformer les usages. A ce titre, un dispositif de soutien à l’industrialisation des énergies renouvelables a été mis en place par le Gouvernement : 400 millions d’euros y sont affectés pour couvrir l’ensemble des énergies renouvelables – électricité, chaleur ou gaz renouvelable – et permettre de diffuser des technologies innovantes et d’augmenter des productions industrielles essentielles pour la chaîne de valeur de ces technologies.

La décarbonation implique également le développement de chaînes de valeur intégrées et cohérentes au niveau européen. Deux projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) ont ainsi été lancés dans le secteur des batteries et de l’hydrogène. Ils visent la création de chaines de valeur européennes sur des segments clés - les matériaux, les cellules et modules, les systèmes d’intégration et le recyclage/raffinage – pour faire émerger des gigafactories.

En conclusion, la réindustrialisation n’est pas incompatible avec la réduction de notre empreinte carbone : l’industrie est un pourvoyeur indispensable de solutions pour la transition écologique et la présence d’industries dotées d’une expertise et de bonnes performances environnementales sera clé pour notre compétitivité et notre souveraineté.

Bruno Le Maire

Direction Générale des Entreprises 

Secrétariat général pour l'investissement  #France2030

Pierre DE SAINTE AGATHE

sr. lead Data Scientist @Iceberg Data Lab

2 ans

Merci pour ces détails. Doit-on comprendre que cela représente 900 euros par tonne de Co2eq évitée?(2.6+1 Mds)/(4 M)

Anne-Laure FESNEAU

Directrice du développement économique et touristique chez Communauté d’agglomération de Blois - Agglopolys

2 ans

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