Découvrir que la chance, ce n’est pas du hasard…

Nicolas Camus 

Voilà l’occasion de s’intéresser de plus près à cette légende, avec l’aide d’un spécialiste en la matière.

« Evidence » pour certains, « mythe qui n’a pas de sens » pour d’autres, le sujet fait causer autant que marrer. L’intéressé en premier...

C’est vrai, parlez-en à votre coach mental à 250 euros de l’heure ou à votre pilier de bar favori, ils vous diront la même chose sur le sujet : « La chance, ça se provoque ». Ok, l’antienne est connue… Mais on n’aborde jamais la partie la plus intéressante : comment ?? C’est là qu’on est tombé sur Philippe Gabilliet, professeur de management à l’ESCP Europe et conférencier. Son credo : « la chance est une compétence, une compétence qui se travaille ».

Contacté par nos soins, l’auteur de « Construire sa chance » développe son propos. A l'écouter, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec notre DD national. « La chance, c’est la capacité à créer un environnement favorable, à gagner des concours de circonstances », pose notre spécialiste. Pour ça, il y a quatre éléments indispensables :

1- Un état d’esprit d’ouverture

« Quand on essaie d’analyser à quoi on reconnaît les personnalités chanceuses, on remarque d’abord que ce sont des gens attentifs, qui ont des antennes, une grande curiosité intellectuelle. Les chercheurs qui ont de la chance vont souvent être ceux qui vont explorer des voies abandonnées par les autres. Un homme politique qui a de la chance, a réfléchi à des logiques d’alliance que son entourage pensait inefficaces. En résumé, il a développé une hyper attention au possible ».

2- Savoir recycler les aléas, qui sont la matière première de la chance

« Un chanceux est quelqu’un qui sait très bien recycler les phénomènes inattendus qui lui arrivent, qu’ils soient positifs ou négatifs. Quand un truc positif arrive par hasard, il saisit l’opportunité et capitalise dessus. Si c’est un pépin, une galère, un conflit, il va en faire quelque chose, le transformer en une situation nouvelle et avantageuse. Parfois, ce sera décalé dans le temps. Un accident arrive, on va se rendre compte au bout de quelques jours, quelques semaines ou quelques mois que le point de départ de la nouvelle situation positive dans laquelle on est, ça a été l’emmerdement initial.

Dans la vie, il y a les pros du plan, qui prévoient tout, mais qui ne sauront pas s’adapter s’il arrive un truc. Et il y a ceux qui ne vivent que dans l’improvisation. Le gagnant, le chanceux, est celui qui se base sur une ligne directrice mais qui reste capable de saisir les opportunités qui se présentent, voire de remettre en question tout une phase parce qu’un élément inattendu vient d’arriver ».

3- Toujours avoir l’intention de faire quelque chose

« Le chanceux ne l’est pas par nature. Ce n’est pas un mec assis au milieu du désert et qui va attendre que quelqu’un passe le récupérer. La caractéristique du chanceux est qu’il est en mouvement vers un but. Il est en train de suivre quelque chose, il porte un truc à l’intérieur de lui-même, qu’il en ait conscience ou non. Vous appelez ça comme vous voulez, une ambition, une envie, un désir, une ligne directrice, un axe, mais il y a ce truc en eux autour duquel les événements aléatoires vont venir se positionner. Le mec qui n’a pas d’ambition et qui ne se passionne pour rien, il ne lui arrive jamais rien. Il ne rencontre jamais de personne intéressante, il ne tombe jamais sur un article contenant l’info qui va tout changer ».

4- La réciprocité

« La personne qui a beaucoup de chance, elle ne s’en rend même pas compte parfois mais elle est une chance pour les autres. Elle va donner leur chance à d’autres personnes par ses actions, elle va se faire rencontrer des gens, tomber sur des infos-clé qu’elle fera circuler. Cette phrase m’avait marqué : "La meilleure façon pour atteindre ses objectifs dans la vie, c’est d’aider les gens dont on a besoin, à atteindre les leurs". En aidant les autres, on crée les mécanismes de réciprocité qui font qu’à un moment, on va recevoir un mail, un coup de fil, on va croiser quelqu’un qui va nous proposer un truc. Il n’y a rien de magique là-dedans, on est juste des animaux à réciprocité ».

« Le hasard, c’est une carte de vie. Des gens savent jouer avec, d’autres les crament »

La morale de tout ça, c’est que tout le monde baigne dans ce qu’on appelle les aléas. En permanence. Après, il y a ceux qui sauront en tirer profit de manière régulière et donneront l’impression d’être accompagnés par la chance, et les autres. « On ne peut pas déclencher le hasard. Le hasard, c’est une carte de vie. Des gens savent très bien jouer avec, d’autres, également très bien servis, les crament »

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