Déficients visuels et accessibilité, sortons-nous de la cécité?

"On les avait oubliés. On ne connaissait pas leur nombre. Ils ne gênaient pas. Ils vivaient entre eux. On leur donnait des sous. Pour vivre mieux entre eux. La musique, la paille des chaises et des sous. C’était bien.

Mais, voilà qu’ils sortent de partout. Ils marchent seuls avec leur canne ou leur chien. Ils réclament un métier. Ils l’ont : kinésithérapeutes, informaticiens, standardistes. Ils vivent comme nous : métro, boulot. Ils écoutent la télé. Ils consomment. Ils produisent.

Ils ressemblent à des êtres humains."

J.F. Hughes « Déficience visuelle et urbanisme » (1989)

15 ans aujourd'hui de cette fameuse loi de 2005 ; focus pour mieux oublier celles de 1975 ou 1987?

Issu de mon expérience, d'heures de réunions, de concertation... Issu de ma colère, aussi, parfois! Car que vaut l'accessibilité si elle n'est pas universelle? Je souhaite ici simplement évoquer l'accessibilité "de déplacement" celle qui prévaut à la liberté de chacun. Car, il y aurait beaucoup à dire également, bien évidement, en matière d'éducation, habitat, emploi, etc.

"67% des personnes disent éprouver des difficultés à se déplacer" cite l'AFP. Quelle source? APF France handicap! Est-ce alors seulement une statistique "fauteuil roulant" ou tous handicaps?

Les handicapés moteurs souhaitent la disparition des hauteurs de trottoirs pour pouvoir passer plus facilement avec leurs fauteuils, soit! Évidemment! Mais que deviennent celles et ceux qui ont besoin de ce repère pour savoir qu'ils abordent la chaussée. Je ne parle pas uniquement des aveugles mais des personnes âgées (de plus en plus nombreuses aujourd'hui mais surtout demain!) et même des jeunes enfants à qui nous apprenons "de ne pas traverser la route seul!"

Le langage de la rue, comme beaucoup d'autres, a besoin de cohérence, de codes communs.

Personne n'aurait-il entendu parler de contraste?

Rendre la ville plus accessible au plus vulnérable, c'est la rendre plus accessible à tout le monde!

Installer des équipements, c'est également assurer leur entretien...

Aujourd'hui, une commission sécurité peut empêcher l'ouverture d'un bâtiment ne présentant pas les normes nécessaires ; il n'en est rien pour celle de l'accessibilité!

Comment ne pas hurler à l'installation de stands sur une place, sur le passage même de bandes de guidage?

Le langage de la rue n'est pas clair, pas compris, pas expliqué ; qui connait les spécificités d'une zone 30 aujourd'hui s'il n'a pas passé son code récemment?

Les responsabilités politiques, d'accord. Mais nous alors?

Avec un peu plus de civilité, nous pourrions laissé les passages piétons libres et ne plus faire prendre de risques aux déficients visuels, handicapés moteurs, auditifs... Aux groupes scolaires en sortie, aux assistantes maternelles et leurs poussettes avec, peut-être, nos propres enfants à l'intérieur...

Et laissons le cheminement naturel, le respect de la ligne droite, se faire...

Simplement en ayant un peu de bon sens et en ne faisant pas "de dépôt sauvage"...

Amis deux roues...merci!

Et je veux finir en rendant hommage aux acharnés des commissions, de ces réunions du soir en mairies ou autres, lorsque le piéton lambda est déjà de retour chez lui! "Ce petit peuple" qui répète et défend, encore et toujours, le même discours.

L'accessibilité est l'affaire de toutes et tous ; qu'en pensez-vous?