Dépôts payants des banques : quels enjeux pour nos entreprises en France ?

Dépôts payants des banques : quels enjeux pour nos entreprises en France ?

Une étude menée par Deloitte montrait le mois dernier que les Français étaient de plus en plus enclins à payer pour du conseil en expertise, si leur compte bancaire est gratuit. Cette information suit celle du mois dernier concernant UBS qui annonçait sa décision de facturer les dépôts importants de ses clients, soit supérieur à 500 000 euros, en liquide pour 0,6% de frais par an. Une actualité qui n’est pas passée inaperçue et qui semble inscrire nos établissements bancaires dans une nouvelle ère...

Les dépôts payants des banques : une démarche déjà bien inscrite en Europe

La politique de taux négatifs sur les dépôts des particuliers fait parler d’elle… et elle ne s’applique pas qu’à UBS, loin de là. Il n’y a qu’à prendre l’annonce de Jyske Bank d’imposer des taux négatifs sur les dépôts supérieurs à 7,5 millions de couronnes danoises, soient 975.000 euros, afin de compenser l’impact des taux négatifs sur ses comptes, par exemple, pour s’en rendre compte.

Aussi, plus d’une centaine de banques allemandes facturent déjà les dépôts au-dessus de 100 000 euros. Une recommandation que le président du régulateur financier allemand a encouragée en déconseillant au gouvernement d’interdire aux banques d’appliquer des taux négatifs aux dépôts de leurs clients. Dans une sphère plus politique, un groupe de coalition gouvernementale s’était aussi opposé à la répercussion effectuée par les banques sur des comptes aux soldes inférieurs à 100 000 euros. Ailleurs, en Espagne notamment, la question de pose également, mais rien n’est encore entrée en vigueur. 

Dette publique et trésorerie des entreprises

Si d’après un sondage du comparateur en ligne Biallo laisse penser que les banques françaises ne semblent pas vouloir déjà s’engager sur ce sujet complexe, il mérite néanmoins qu’on s’y penche, les cas de figure commençant à se multiplier… L’indice Bloomberg Barclays recensait en effet jusqu’à 8 300 milliards de dollars d’emprunts à travers le monde en ce début d’année. Si le Japon est en première position, la France la rejoint à la seconde place avec une dette publique s’élevant à 1 800 milliards d’euros

En Suisse, c’est ce qui a conduit UBS a confirmé l’application d’une facturation de 0,75% sur les dépôts en espèces supérieurs à 2 millions de francs suisses. UBS prend ainsi le parti que cette période de faibles taux risque de s’inscrire et de durer dans le temps, conduisant ainsi les banques à devoir encore payer des taux d’intérêt négatifs sur les dépôts de clients. En cela UBS rejoint d’autres de ses concurrents déjà engagés dans cette pratique. Un phénomène pouvant s’expliquer par les 4,7 milliards d’euros d’intérêts payés par le pays sur ses excédents de liquidité à la Banque Nationale Suisse (en sachant qu’ils s’élèvent à 4,2 milliards d’euros pour la France !). 

Une évolution à prévoir en France ?

Face à cette conjoncture, la BCE a annoncé le mois dernier des mesures d’assouplissement avec, au centre, la question de la facturation des dépôts, notamment en France. L’objectif est de permettre aux banques de maintenir à terme leur rentabilité. Une mesure qui ne semble pas être sur le point de se réaliser selon le gouverneur de la Banque de France (Agefi), mais qui demande à être suivie de près, en particulier pour s’interroger suffisamment en amont sur l’impact pour nos entreprises et leur trésorerie. La situation des taux va également modifier la stratégie des compagnies d’assurance vie vis-à-vis du support d’épargne préféré des français. En effet, l’accès au fonds euros est de plus en plus limité au profit des unités de comptes. 

Nous assistons donc à un changement d’ampleur. L’épargnant, (entreprise, professionnel ou particulier) disposait jusqu’à présent de supports garantissant capital, liquidité immédiate et bon rendement. Dans le monde de demain s’il veut conserver son capital il devra se muter en investisseur capable d’accepter un certain niveau de risque et de moindre liquidité temporaire pour atteindre son objectif.  

La suite au prochain article ...

Philippe Cazaux

Remerciements: Un grand merci à tous les professionnels qui m'ont apporté leur point de vue, leur expérience et leur temps précieux dans la préparation des mes articles. Une mention spéciale pour Laurent LEBRUN et Renaud LAURENT

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