Développer un relationnel performant avec l’assertivité

Développer un relationnel performant avec l’assertivité

« Il n’y a pas d’équipe sans confiance ». [1] Le développement de la maturité d’une équipe, et par effet induit de sa performance, implique de faire évoluer concomitamment les comportements et les interactions entre chacun de ses membres. Cette évolution a pour objectif d’améliorer l’écoute, la transparence, la cohérence, la reconnaissance et finalement de créer un climat de confiance propre à générer l’interdépendance, la coresponsabilité et l’engagement au sein du groupe.

 Lorsque je parle d’assertivité, je suis souvent interpellé par l’interrogation que suscite ce terme que ce soit en entreprises ou même devant des publics étudiants. Ce néologisme est né d’un verbe anglais « to assert » signifiant « affirmer » ou « s’affirmer ». Tout comme l’intelligence émotionnelle, l’assertivité est décidemment encore peu enseignée. Pourtant la capacité à « l’affirmation de soi » est une habileté. Elle n’est pas innée et résulte d’un apprentissage long, à l’origine de ce que l’on appelle communément des « comportements affirmatifs ».

Elle offre à tout un chacun la permission :

·     De s’accepter pour ce que l’on est et d’être soi-même,

·     De se respecter soi-même et de faire respecter ses droits essentiels,

·     D’exprimer librement ses pensées, ses opinions, ses sentiments,

·     D’accepter autrui pour ce qu’il est,

·     De permettre à autrui d’exprimer librement ses pensées, ses opinions, ses sentiments,

·     De porter un regard positif sur les capacités de chacun à évoluer, à changer,

·     De respecter l’autre et ses droits essentiels,

·     De se faire confiance mutuellement,

·     D’accepter et de développer l’interdépendance au sein d’un groupe.

Par nature, elle favorise la qualité des relations entre les individus en améliorant la conscience de soi, l’estime de soi, l’écoute, le respect d’autrui, la capacité à être acteur de sa propre vie en assumant les conséquences de ses décisions. Elle permet à l’individu assertif d’afficher de la congruence entre ses pensées, ses opinions, ses comportements et ses actes.

 Le concept d’assertivité est issue des travaux que menèrent Wolpe et Lazarus à la fin des années 60 dans le domaine de la psychologie cognitivo-comportementale. Ils mirent en évidence une distinction claire entre les comportements affirmatif, soumis, agressif et manipulateur et développèrent des pratiques concrètes au service des thérapeutes dans l’accompagnement des processus mentaux à l’origine des émotions et de leurs désordres.

Au fil des décennies, l’apprentissage de l’assertivité ou « affirmation de soi » est passé du domaine de la thérapie au domaine de l’accompagnement dans le cadre professionnel de collaborateurs et manageurs afin d’améliorer les capacités de chacun à « Exprimer ses émotions, ses pensées, ses opinions et à défendre ses droits tout en respectant ceux des autres, et ce de manière directe, honnête et appropriée ». Chaque mot de cette définition est important et contribue à assainir les interactions entre individus et à générer de la confiance.

Elle se distingue de trois autres comportements :

·     Le comportement soumis ou passif : caractérisé par une incapacité à exprimer ses émotions, ses désirs et ses opinions et de le faire de façon indirecte, inappropriée et au détriment de ses propres droits.

·     Le comportement agressif qui se manifeste par l’expression de ses émotions, de ses désirs et de ses opinions ainsi que par la défense de ses droits mais parfois au détriment des droits des autres et ceci de façon le plus souvent directe et inappropriée.

Le comportement manipulateur qui se caractérise par l’expression de ses émotions, de ses désirs et de ses opinions dans le but de défendre ses droits et de satisfaire ses besoins, mais de façon toujours indirecte et souvent malhonnête et sans tenir compte des droits d’autrui.

Etant entendu qu’à la base, chacun de ces comportements revêt pour la personne qui l’utilise, une intentionnalité positive, même si celle-ci a des conséquences parfois graves sur la qualité des relations qu’elle entretient avec son entourage et avec elle même.

 Plus qu’un comportement, l’assertivité est une attitude humaniste de nature à clarifier les relations entre les individus et à induire dans un groupe des relations sociales basées sur la transparence, la confiance, l’interdépendance et la responsabilité.

Elle oblige l’individu à sans cesse ré-éprouver sa vision du monde qui l’entoure et sa propre posture avec humilité et respect.

Je rapproche volontiers cette manière d’être à ce que Paul Santagata, enseigne à ses collaborateurs :

« Rappelez vous que même dans des négociations difficiles :

·     Cette personne a des convictions, des points de vue et des opinions, tout comme moi.

·     Cette personne a des espoirs, des angoisses et des faiblesses, tout comme moi.

·     Cette personne a des amis, une famille et peut-être des enfants qui l’aiment, tout comme moi.

·     Cette personne veut se sentir respectée appréciée et compétente, tout comme moi.

·     Cette personne aspire à la paix, à la joie et au bonheur, tout comme moi »

 L’assertivité est un outil de communication interpersonnelle, puissant. Elle permet d’oser être soi même et d’exprimer ce que l’on pense ou ressent dans le respect de soi et de son entourage. Elle donne même l’autorisation d’expliciter sa désapprobation, son irritation, voir même sa colère, sans pour autant porter atteinte à l’intégrité de ses interlocuteurs… en utilisant le « JE », en parlant de soi et non pas de l’autre, en formulant sa compréhension de la situation et son ressenti. En exprimant librement et explicitement ses pensées, son opinion, en formulant une demande ou en proposant une alternative sans pour autant essayer de convaincre ou de l’imposer à son interlocuteur. En s’appuyant sur ce qui nous rapproche plus que sur ce qui nous divise pour susciter la recherche consensuelle d’un compromis permettant à chacun d’apprécier la discussion et ses conséquences.

En résumé, l’affirmation de soi est l’outil de la clarification. Il est la promesse d’interactions transparentes et franches et par conséquent contribue à l’établissement dans le groupe de relations dénuées de préjugés, d’évaluations, de suspicions, de jugements. Il est un prérequis à la mise en oeuvre de la l’intelligence collective. Il favorise le partage de responsabilités et la confiance réciproque au sein de l’équipe… et apporte de la performance par la mise en valeur des différences et de leurs richesses conjuguées

[1] Paul Santagata, Directeur de la division industrie chez Google



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