De la difficulté de nommer les choses
Sur les réseaux, être un créateur de contenu expose à des centaines et des centaines de commentaires et interactions par jour. La zététique est une matière corrosive, elle provoque donc des réactions de rejet prévisibles, c'est ainsi, il ne faut pas prendre cela personnellement ni s'offusquer de la moindre insulte.
Mais on ne saurait exiger de quiconque qu'il tolère absolument toutes les agressions et je me permets donc de répliquer de temps en temps pour signaler les limites de ce qui est tolérable ; c'est souvent suivi d'un ban ou d'un blocage.
À ces occasions, je m'interdis tout un tas de registres de langage et d'insultes. Je le fais en très grande partie spontanément, mais parfois je dois m'y reprendre à deux fois parce que mon message pourrait véhiculer un type d'attaque que je ne veux pas encourager.
On ne se moque pas de l'origine des gens, de leur couleur, du parcours académique que la vie ne leur a pas permis d'avoir, de leur orthographe, de leur ressenti, de leur physique, de leur santé, de leurs infirmités... Malheureusement lorsqu'un individu devient très incommodant, agressif, envahissant, perfide, et que me vient l'envie de lui signifier tout le mépris que son comportement m'inspire, les mots qui me viennent ont presque tous une connotation psychophobe, d'une manière ou d 'une autre (Cf notre émission TenL#93 « La Psychophobie »)
"Con" c'est psychophobe dans la plupart de ses usages (les bac +18 en étymologie intégriste trouvent même ça sexiste). J'utilise "con" dans un sens bien particulier que j'ai présenté sur mon blog La Menace Théoriste si ça vous intéresse, mais même ainsi, je l'évite. "Abruti, débile, attardé" et toute la ribambelle d'équivalents sont des mots psychophobes puisqu'ils désignent des infirmités mentales que l'on utilise pour étiqueter des comportements de xxxxxx (aie, je ne sais pas quel mot utiliser mais vous voyez l'idée, un comportement agressif, excessif, malhonnête, etc).
Comme dans la plupart des cas, mes nombreuses réflexions sur ce sujet se sont faites dans ma tête : vous n'y avez pas accès. Vous n'avez strictement aucun moyen de savoir quel recul je prends sur mes mots, quel autocritique j'exerce, quel poids je donne aux remarques que je croise, quels efforts de déploie pour m'améliorer.
Recommandé par LinkedIn
En l'occurrence, et depuis pas mal de temps déjà, j'ai une stratégie lexicale qui cherche à éviter les écueils ci-dessus exposés. Il m'est arrivé d'utiliser le mots "amoindri" (dans le sens de personnes de petite valeur/qualité/humanité) mais je le trouve limite, de par sa dimension essentialiste. J'en ai abandonné l'usage.
[L'essentialisme est LE grand ennemi du penseur critique. Nous devons faire des efforts pour critiquer les actes et paroles sans décréter qu'ils nous autorisent à définir l'essence même d'une personne que l'on condamne alors à ne pas pouvoir s'améliorer].
Désormais j'opte pour "inutile" qui décrit bien le fait qu'un individu n'apporte rien dans le débat et nous fait perdre du temps. J'emploie aussi, plus rarement, "nuisible ou toxique" quand je pense que la personne fait du mal autour d'elle. Je continue de chercher des mots mieux choisis tout en redoublant d'effort pour ne pas éprouver le besoin de les employer. C'est l'un de mes petits combats intérieurs.
Figurez-vous que je viens d'apprendre « qu'inutile » était une notion employée par les nazi dans leur catégorisation des êtres humains et que cela a permis à une petite bande rassemblée sur Twitch, en public, de me trouver des accointances avec le nazisme.
Malgré tous mes efforts et mon désir de prendre en considération tout ce qui peut améliorer ma démarche et mon attitude, je suis bien désolé, mais là je n'ai pas les mots.
Référent qualité chez Adapei de l'Ain
2 ansPetits intrigants, comme ľutilise Victor Ferry dans ses vidéos youtube?
Café des ☕️ sciences de Montélimar
2 ansBonjour Thomas, Je pense qu'il y a une solution qui correspondrait tout à fait à ta demande et flatterait ton amour du verbe. Puisque effectivement l'ensemble du vocabulaire existant pour exprimer ta colère et le dégoût que peuvent t'inspirer certains propos manque, je pense que le plus simple est que tu en inventes un. Un mot bien senti, aux sonorités suffisamment puissantes et évocatrices pour qu'il ne laisse aucun doute sur le fond de ta pensée, mais qui soit neuf et te soit personnel, ce qui évitera les récupérations sordides et les parallèles malheureux. Avec un peu de chance et par la grâce des réseaux sociaux il pourrait même faire florès :) Sinon il y a une autre solution élégante et décalée, que j'utilisais quand ma fille était plus jeune. A l'instar du capitaine haddock, tu utilises des mots d'usage rare dans le langage courant, un tantinet énigmatique, en lieu et place du mot d'origine. Ce qui pourrait donner des réponses assez fleuries et drolatiques du genre : "Monsieur vos pensées sont dignes d'un sapajou", "Vos réflexions sont aussi emmenées que celles d'un régiment de Bachibouzouk", "Vous ne dépassez pas la conception philosophique d'un ornithorynque" ... avec de la chance tu élèves la culture de l'outrecuidant
Responsable QHSE et Risques Industriels - IPRP
2 ansIl y a des propos qu'il est préférable d'ignorer. Vous assimiler à un nazi pour un mot utilisé (qui ne contient aucunement cette connotation) est tout aussi dommageable pour l'histoire et les communautés victimes que ça ne l'est pour vous. Commenter ou critiquer ces propos ne ferait que conforter les auteurs dans leur position et leur donner de la visibilité... Atteindre le point godwin et simplement la preuve de l'incapacité de l'auteur à continuer le débat, il est donc à mon sens préférable de le clore.
Boumeur écœuré !
2 ans"On"¹ trouvera TOUJOURS un sale type qui, dans un passé plus ou moins lointain a utilisé les mêmes mots que tu as écrit pour répandre du sordide. Et le même "On" s'en servira pour t'attaquer. La solution ? Ignorer et laisser faire les copains. Tu es devenu un porte-avions Thomas. Tu dois compter sur ta chasse pour te défendre. (Moi c'est le XP-55 😉 ¹ "C'est un con" disait un de mes profs