De la douloureuse décision de décliner un appel d’offres

De la douloureuse décision de décliner un appel d’offres

Ce n’est jamais simple de décrocher un AO…Il en faut du temps, de la persévérance, de la chance aussi pour qu’une entreprise veuille bien interroger l’insignifiante PME bourrée d’idées ! Et quelle amertume quand, après tant d’efforts on se voit dans l’obligation de décliner cette ‘unique opportunité’…

Car, même si on est prêt à faire des sacrifices, rogner tout ce qu’on peut pour accrocher un nouveau logo à ses ‘credentials’, il y a des cas où non, désolé mais on a son amour propre quand même et où l’on sait raison garder. Triste illustration récente ou après six mois de démarches dans un grand groupe asiatique, on nous envoie un brief complet, bien pensé et pertinent. Ça commençait bien pourtant !…Et puis on nous avoue (après plusieurs demandes) que nous sommes… six à concourir, qu’il faut produire un document de synthèse avec des maquettes ‘abouties’ ( ?), remplir un dossier de trente pages que même le Fisc n’oserait pas réclamer tant il est minutieusement inutile…Et ça c’est pour accéder à la shortlist : deux éligibles, (peut être trois, faut voir, ça dépend) et que, si par chance nous survivons au premier round, il faut tourner un bout d’essai convaincant à nos frais et produire ‘tout ce qui pourra légitimer notre dossier’. Bien évidemment, rien n’est rémunéré au bout de tout ça. Ah oui, au fait : merci de produire trois références dans un environnement comparable, signer des contrats qui vous chargent à mort, respecter les délais assez courts, pardon. Enfin, bien sûr, interdiction de joindre les responsables si ce n’est via une plateforme indigeste où tout le monde peut bénéficier des questions pertinentes des autres.

Et bien non, merci c’est gentil de penser à nous mais on va tous les deux s’oublier réciproquement. Car bénéficier d’aussi peu de considération pour les centaines d’heures que six boîtes aguerries (cinq finalement, donc) vont produire, les talents sollicités, le risque pris à 100% par nous, PME de quelques petites dizaines de salariés devant un client qui pèse plusieurs milliards, ce sera sans nous. Et même si on gagnait, je ne vois que trop bien le rapport de force imposé et la dilution des responsabilités qui n’augure rien de bon…Pour réussir un beau projet audiovisuel, il faut un dialogue d’égal à égal entre un lilliputien et un géant et, oui c’est possible : il suffit à l’un de s’élever un peu et à l’autre de se pencher avec intérêt vers plus petit que soit. Si par négligence on écrabouille le lilliputien, il va s’aplatir et laisser une tâche moche et nauséabonde sur le pied du géant. Dispensable.

Certes, certains appels d’offre sont durs. Mais aller au bout de soi même est extrêmement positif, non ? Chaque reponse negative doit etre prise comme une leçon... pour mieux apprendre à se battre, a garder le cap, mais aussi etre fier d’avoir ete choisi. Et puis, lorsqu’on aime son metier, on ne compte ni les heures ni les euros... la difference entre une epicerie et nous ;)

Sylvie Decante

Administrateur independant et Dirigeant d’entreprise

5 ans

Hélas, ces pratiques ne datent pas d’aujourd’hui ... et l’AACC et l’Udecam ont eu beau faire des recommandations sur les bonnes pratiques à adopter dans les compétitions, les us et coutumes perdurent tristement...

Très douloureux. Surtout en phase de décollage et bonjour la solitude de l'entrepreneur !

Jean-Paul TRÉGUER

Optimist ! // Producer Rosé Wine SO CHIC ! Sardegna // Keynote Speaker // Co-CEO VistaJPT agency // Marketing Director ACENTRO. Pdt Financière Senioragency. Author of 11 Marketing books, last: “Marketing di Buon Senso”

5 ans

Bravo. Il faut se faire respecter. Les uns et les autres vendons de la matière grise et il ne peut être question de faire travailler nos équipes sans avoir du respect en face. 3 concurrents maxi, une indemnisation de 10k€ et un accès aux décideurs pour évaluer petit à petit si on est dans le vrai. Pas de respect ? Pas de participation !

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