...Où on se découvre gourou (malgré soi)

- "Allô oui bonjour, je suis journaliste sur ‘grande chaîne de tv régionale’ et j’aimerais vous avoir sur un plateau prochainement, pour un direct de trente minutes face au directeur de la stratégie de ‘grande chaîne de tv nationale’.

- Euh…Vous appelez qui ?

- Vous êtes bien Guillaume Blanvillain ?

- Oui…Et donc ?

- J’ai adoré votre interview dans Elle et notamment ce que vous dites sur les contenus audiovisuels sur le web. C’est brillant. Top. Vous feriez un contradicteur de choix !

- (…). Ah. Mais…En fait, je n’ai jamais donné d’interview à Elle !

- Bien sûr que si !

- Bien sûr que non !!!

- Sisisisisi !! Je vous l’envoie : chapitre 3"

https://amp.elle.fr/Societe/Les-enquetes/La-television-va-t-elle-disparaitre-701227

Et c’est ainsi que je découvre l’interview géniale que je n’ai jamais donnée, la journaliste préférant, c’est moins fatiguant, piquer deux-trois verbatim au hasard de mes publications sur LinkedIn pour tout labeur - et en se gourant sur le nom de ma boîte en prime. Me voilà donc propulsé gourou officiel, oracle des temps modernes, Visionnaire Inspiré, prêt à pourfendre de ma rhétorique implacable le directeur de la stratégie de cette ‘grande chaîne de télévision nationale’ qui se serait fait un plaisir de m’étriper en direct (!) à cause de la paresse médiocre d’une journaliste dont le téléphone est probablement HS.

J’en connais qui se seraient damnés pour une interview dans un magazine féminin – et que dire pour un direct ! – mais j’ai toujours trouvé plus logique que cette prérogative soit réservée à ceux pour lesquels nous travaillons qui, eux, ont des produits à vendre à des publics larges. Et pour ce qui est de la presse ‘pro’ très franchement, elle n’intéresse que l’ego de ceux qui s’y trouvent (et ceux que toute tentative de style littéraire laissent de marbre). Mais au moins l’épisode m’a fait sourire, et plus encore quand je songe au naufrage en direct bilatéral irrattrapable que cette petite histoire aurait pu créer…