De l’Art de vivre à l’Art de s’indigner
Je suis d’un autre siècle, et quelque part en suis heureux.
Bercé dans l’art de vivre, j’ai appris la politesse, la courtoisie, le respect des aînés, l’élégance d’esprit et celle des habits, et plein de belles choses...
L’amour des Artistes, l’estime des enseignants, la considération distinguée des commerçants, l’admiration des soignants, le plaisir des restaurants, la grandeur de la musique...
J’ai appris à ne pas envier les « ostentatoires », à respecter les forces de l’ordre, à remercier sincèrement, à faire preuve de tact, le plus souvent possible.
Aujourd’hui dépassé, « anachronisé », je vois autour de moi et entends la suprématie de l’indignation.
Quelques petites célébrités surfent comme l’on dit à présent sur cette vague catégorique et balayant tout art de vivre sur son passage.
L’art de vivre en société, l’at de vivre en bonne intelligence, l’art de vivre en famille, les plaisirs distingués, le charme à présent désuet d’une discussion pacifique, sereine, élogieuse de l’entourage...
Il faut à présent s’indigner, des transports, des vitesses, du luxe et de la pauvreté, des bonheurs et des malheurs, du travail et du chômage, des impôts et des aides sociales, des Chinois et des Américains, de la police et de la délinquance, du machisme et du féminisme, du racisme et de l’immigration, du terrorisme et de la répression policière, de la désindustrialisation et des importations, du patronat et du syndicalisme, des voisins et de l’isolement, du télétravail et du présentéisme, de l’ingérence d’un virus dans nos vies sociales et professionnelles, des cons des uns et des cons des autres...
L’art de s’indigner est beaucoup plus puissant que l’art de vivre, demande moins d’efforts, de retenue et de tact, mais surtout moins d’intelligence et d’humanité quoi qu’en pensent les ténors de l’indignation.
L’art de vivre est une philosophie, l’art de s’indigner tient du prosaïsme.
Le jogging et le jeans remplacent l’habit, les baskets remplacent les chaussures, les cravates servent à fermer les sacs poubelles, la consommation remplace la modération, et la sexualité ringardise l’amour.
Après ces quelques mots, je mérite sûrement l’élévation au rang de vieux C, et ne puis que sourire en pensant à Talleyrand disant que ceux qui n’ont pas connu la France avant 1789 ne peuvent savoir ce qu’était l’Art de vivre.
Quand l’élégance fuit, la balourdise s’impose.
Bien cordialement,
Gérard D Carton
Bravo,
Retired
4 ansMes félicitations pour ce texte très juste. Il me semble que cette primauté accordée à l'indignation par l'époque récente constitue un cas plus général de l'avantage accordé à l'émotion immédiate sur la réflexion posée. Je crois que le comble fut temporairement atteint dans ce domaine quand le Ministre de l'Intérieur déclara en juin: « L’émotion dépasse les règles juridiques ».
Littérature adulte et jeunesse- Young Adult illustratrice📚🎨
4 ansL’art de s’indigner n'exige aucune élégance, aucune intelligence à l'exception de puissantes cordes vocales qui transforment les élégantes penseuses en Castafiores et leurs homologues masculins en de vulgaires Tartarins de Tarascon. Même les plus déviants n'ont pas l'élégance du Vicomte de Valmont , normal ! Houllebecq est passé par là ...bref nous sommes nombreux à faire partie d'un autre siècle , Soyez Gérard, assurés de notre soutien !! désolée pour les inconditionnels de Houllebecq( un peu too much pour moi)
Réserviste citoyenne de défense et de sécurité
4 ansBravo, j’adhère
Formatrice senior, Expert international ,Coach mentor certifiée. Psychothérapeute. Mes posts n'engagent que moi .
4 ansOui tout s'en va