De l'enseignement de l'Histoire (1)
Dans ce court article, je souhaite commencer à développer ma vision de ce qu'est l'enseignement de l'Histoire au secondaire. Pour les personnes qui ne connaissent pas le système français, le secondaire (collège et le lycée) prend en charge les enfants de 11 ans jusqu'à 16 ans. En France l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans, l'adolescent doit à ce moment choisir le parcours qui l'intéresse à savoir rentrer dans la vie active en cherchant un travail ou prolonger ses études.
- Du rôle de l'école
Durant sa scolarité l'élève va progressivement acquérir des savoir-faire et des savoir-être, cela passe notamment par l'apprentissage des compétences (habitude que l'on a acquise au cours d'une période donnée et que l'on doit-être capable de mobiliser à tout moment). Il s'agit ici du fameux socle commun de connaissances, de compétences et de culture que les élèves doivent acquérir dans les écoles françaises. À noter que la famille joue un rôle important dans l'acquisition de celle-ci, puisque l'école ne se substitue pas à la famille, mais accompagne les élèves.
- La passion de l'Histoire
L'enseignant selon moi est avant tout un professionnel de l'éducation, mais aussi un professionnel de la matière qu'il enseigne. Au sens professionnel j'entends une personne qui a les compétences pour le faire, donc qui connait les sujets qu'il aborde. Cepedant ces deux éléments ne suffisent pas, il faut ajouter la passion. Il s'agit d'un « état affectif intense » selon le dictionnaire Larousse, il s'agit d'aimer la matière en elle-même et de chercher à la faire aimer. Aimer l'Histoire c'est aimer ce que sont les Hommes, des êtres imparfaits qui cherchent leur place dans ce bas monde. L'Histoire « est une suite de destin rompu. » Elle est faite par les Hommes. Aimer l'Histoire, c'est aimer l'Homme, essayer de le comprendre. Les enseignants d'Histoire doivent apprendre à aimer l'Histoire, trouver ce qui les fait vibrer pour qu'à leur tour les élèves s'approprient leur passé. Il ne s'agit pas d'enseigner une Histoire romancée ou exagérée mais de rendre vivants ses cours. L'Historien est bien entendu un professionnel et sa matière s'inscrit dans les sciences humaines, il adopte une méthode historique et s'appuie sur des éléments tangibles. L'Historien doit demeurer objectif malgré cette passion qui le brûle, il ne doit pas laisser transparaître ses opinions personnelles et c'est là qu'est tout l'exercice d'équilibre difficile qu'il mène.
Mais qu'advient-il si l'enseignant perd sa flamme ?
- Enseigner sans passion
Avez-vous déjà entendu une personne qui vous dit : « Je suis enseignant, mais je n'aime pas mon métier ? », je plains les élèves qui auront ce professeur. Non pas que cet Homme soit « mauvais » bien entendu, mais il ne se réalise pas dans ce qu'il est, il risque de blaser des générations d'élèves. Avez-vous déjà calculé combien d'enfants voient un enseignant dans sa vie ? J'ai calculé, admettons que j'ai 25 élèves dans 3 classes pendant 30 ans, je vais toucher 2250 élèves. C'est un chiffre important sachant que je passerai plus de 108 heures par an avec ces élèves, si je les ai pendant plusieurs années (6e, 5e, 4e, 3e, 2de, 1re, ter) mon rôle est considérable auprès d'eux. L'enseignant doit donc garder la flamme et pour cela il doit se mettre à jour dans ses cours. Chose extrêmement longue et difficile pour un enseignant que de se remettre en question continuellement dans son travail. Il faut à la fois adapter ses cours aux élèves, mais aussi perfectionner ses cours, l'enseignement est chronophage. Dernier point que je souhaite souligner, l'Histoire ne doit pas perdre son âme en étant dépassionnée, un enseignement qui ne consisterait qu'à énumérer des faits, sans s'intéresser au contexte, à la vie des Hommes passés, risque de devenir une matière désincarnée. C'est là un autre défi de l'Historien, rendre l'Histoire accessible et compréhensible. Vaste débat...