Le séparatisme, c'est notre projet
Derrière ce titre accrocheur, je souhaite par ce modeste billet revenir sur les 5 axes avancés par le président pour lutter contre les "séparatismes". Avant toute chose, voici un petit rappel des 5 principaux points de la future loi proposée le 9 décembre prochain (anniversaire du vote de la loi de 1905 soit 115 ans) que le président a abordé dans son discours contre les "séparatismes" :
- Règles de neutralité du service public étendues.
- Surveiller les associations.
- Rebâtir l'école creuset de la République.
- Bâtir un islam de France.
- Faire aimer la République en ne lâchant rien sur le terrain.
Je vais revenir sur ces différents points en réalisant un petit commentaire sur chacun, bien entendu je serai un peu plus long sur "mon domaine", l'école.
Vous pouvez retrouver le discours en entier en suivant ce lien : https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-16114-fr.pdf
- Les règles de neutralité du service public.
Dans ce premier axe le président souhaite se montrer ferme face aux signaux faibles manifestants l'avancées de l'islamisme sur notre territoire comme dans cet exemple cité "des femmes ont revendiqué des horaires d'accès distincts des hommes à la piscine". Le président souhaite donc obliger les maires à refuser ce genre de revendication par exemple sous peine de se voir relever de leurs fonctions par le préfet. C'est une mesure qui me semble bonne, néanmoins elle arrive avec 40 ans de retard. A voir comment elle sera accueillie sur le terrain.
- Surveiller les associations.
Le président souhaite surveiller le financement des associations islamistes en demandant à l'ensemble des associations qui veulent des financements de l'État de signer un "contrat de respect des valeurs de la République" sous peine de devoir rembourser l'argent donné. Une fois de plus une bonne mesure mais qui semble arriver avec des années de retards.
- Rebâtir l'école creuset de la République.
J'en arrive à la mesure qui va faire parler longuement dans l'année qui s'écoule, "l'école sera rendue obligatoire pour tous les enfants dès 3 ans". Le président souhaite inciter les 50 000 enfants qui font l'école à la maison à renouer avec l'école de la République et ses valeurs. Ainsi un enfant qui ne suivrait pas des cours à l'école aurait plus de risque qu'un autre de dériver vers l'islamisme si on en croit M. Macron ? Pourtant Mohammed Merah qui a assassiné des enfants juifs est passé par l'école républicaine. Arracher l'enfant aux déterminismes de la famille serait la solution ? Pourtant c'est bien la famille qui a autorité sur son enfant et qui la délègue à l'école et non l'inverse.
Les enfants n'appartiennent pas à l'État mais aux parents. Il est vrai que les enfants passent plus de temps à l'école que chez leurs parents mais cela n'empêche que les parents font confiance aux enseignants et vice et versa.
Comment les parents vont-ils voir l'école de la République si celle-ci l'oblige à donner son enfant à la République ? M. Macron se réfère sans cesse à l'école comme pilier de la République mais il oublie que les élèves doivent aimer l'école et non être forcés. Que l'école de la République à ses débuts possédaient des énergies vives, "les hussards noirs de la République", que l'éducation était tout autre que celle d'aujourd'hui etc. En effet, aujourd'hui ce sont plus les parents et les enfants qui tyrannisent les enseignants que l'inverse. Par ailleurs, il y a de moins en moins de personne qui souhaite exercer ce métier pour différentes raisons (salaires, conditions de travail, niveau d'étude ...).
- Bâtir un islam de France
Un projet qui parait bien ambitieux lorsque l'on sait que notre ancien président Nicolas Sarkozy a déjà essayé. En effet, depuis 2007 a été créé le Conseil Français du Culte Musulman, une association de loi 1901 qui devient l'interlocuteur privilégié de l'État pour parler des questions sur l'islam. L'idée est de courcircuiter l'influence des pays étrangers en passant par cette instance qui doit alors représenter l'ensemble des musulmans de notre pays. Ainsi le président veut réussir là où M. Sarkozy a échoué, il souhaite créer un islam de France qui serait alors concurrent des autres courants influencés par des pays étrangers. Le premier problème est que cet organisme risque d'être une énième coquille vide dont les représentants ne représentent qu'eux-mêmes. En attendant, cet organisme sera chargé de certifier la bonne adhésion des imams en France aux "idées de la République" en formant "une génération d'intellectuels qui défendent un islam pleinement compatible avec les valeurs de la République". Cette mesure ne risque-t-elle pas de contrevenir à la loi de 1905 ? " Cf. article 2 "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte". C'est une mission bien difficile à laquelle souhaite s'attaquer le chef de l'État, contrôler l'islam politique sans contrevenir à la laïcité, d'autant plus que l'on ne parle pas directement de l'islam politique mais des "séparatismes". Faire une loi sur la seule religion musulmane serait discriminant, ainsi l'État ne serait-il pas bloqué par nos institutions ?
- Faire aimer la République en ne lâchant rien sur le terrain.
Sur ce dernier point il n'y a rien à ajouter, le président a simplement remercier les différents acteurs sur le terrain et à appeler à la vigilance de tous afin de continuer la lutte contre les séparatismes.
Les cinq grands axes présents dans le futur projet de loi sur les séparatismes sont ambitieux mais semblent pour la plupart difficile à mettre en place dans les faits. Il faudra voir si les débats à l'Assemblée Nationale et au Sénat permettront de faire sortir un texte qui permet de lutter efficacement contre les séparatismes. Le discours du président était attendu depuis plusieurs mois, dommage qu'il n'est pas renoué totalement avec les trois piliers de la République au XIXème siècle à savoir : l'école, l'armée et la mairie.
Peut-être, faudrait-il se tourner vers le passé pour trouver une solution à ce défi actuel ?