De l'urgence de philosopher

De l'urgence de philosopher

Ces quelques lignes du philosophe Épicure traitent de la philosophie et plus précisément de l’urgence qu’il y a, selon lui, à philosopher. En effet d’après Épicure, la philosophie, la recherche de la sagesse, ne peut attendre. Mais la thèse principale qu’il défend ici ne se réduit pas à affirmer qu’il n’y a pas d’âge pour philosopher (et en cela il s’oppose à Platon pour qui la philosophie est l’aboutissement d’une longue préparation, d’une propédeutique dans laquelle les mathématiques jouent un rôle déterminant), mais consiste également à défendre une certaine conception de la philosophie. La philosophie est en effet, pour Épi- cure, ce qui rend heureux, ce qui procure la félicité. On peut d’ailleurs se risquer à une comparaison entre cette thèse et la conception platonicienne de la philosophie et de son enseignement. Alors que chez Platon la visée est essentiellement politique, il s’agit de for- mer les futurs dirigeants de la cité, la visée d’Épicure est essentiellement d’ordre éthique, voire, pour employer un vocabulaire qui peut sembler anachronique, existentielle. Il s’agit d’accéder pour soi, que l’on soit jeune ou vieux, au bonheur et à la félicité. La sagesse que désire l’épicurien n’est donc pas plus la science pour elle-même, que la connaissance en vue du bien de la cité, mais celle qui aide à vivre et qui permet d’atteindre la vie bonne pour l’individu. C’est donc bien le statut de la philosophie qui est ici en jeu : dans quel but faut-il rechercher la sagesse ? Et s’il faut philosopher en vue d’atteindre le bonheur, en quoi la philosophie nous permet-elle de mieux vivre ? Suffit-il, en effet, de savoir ce qui est bon pour le faire, pour agir et se comporter en conséquence ? Épicure va d’ailleurs plus loin que l’affirmation d’un rapport de cause à conséquence entre la connaissance et l’action puisqu’il affirme que la recherche du savoir en elle-même rend heureux, que la recherche de ce qui est bon contribue au progrès vers la vie bonne. Ainsi, contrairement à ce qu’affirme un célèbre vers d’Ovide qui dit que l’on peut voir le meilleur et faire le pire, la connaissance du bien se traduirait dans nos actes. C’est d’ailleurs ce rapport entre la connaissance et l’action, entre la pensée et la vie, qui est ici en question et que nous allons tenter d’éclairer en expliquant ce texte.

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Sans aucune polémique, mais au contraire, dialogue philosophique, si "... contrairement à ce qu’affirme un célèbre vers d’Ovide qui dit que l’on peut voir le meilleur et faire le pire, la connaissance du bien se traduirait dans nos actes", cela voudrait dire que ceux qui font le pire ne connaissent pas le bien ? Appliqué aux gestionnaires d'entreprises et même, pourquoi pas, aux gestionnaires politiques, des personnes généralement instruites et diplômées : méconnaissent-elles souvent de le bien ? Ou alors, en bonne rhétorique argumentative, il faut se demander ce qu'est le "bien". Exemple d'actualité : qu'est-ce que le "bien" pour les retraites ?... Qui connait quoi ? Ou encore, serait-ce le temps (avenir inconnu et imprévisible) qui nous empêche de connaitre le bien, et donc parfois de faire le pire à notre corps défendant ? Je vote quand même pour Ovide parce qu'il me semble que la connaissance n'est pas tout, ne peut pas tout. La conscience, celle qui est "avec" et même précède la connaissance, n'a pas besoin de connaitre, au sens intellectuel (raisonnement / mémoire). Elle voit le bien, avant ou après, et voit l'indéterminé fondamental de l'être humain, ses failles et faiblesses et aveuglements qui parfois nous égarent.

Alexandre MARTIN

Autodidacte & Polymathe ¬ Chargé d'intelligence économique ¬ AI hobbyist ethicist - ISO42001 ¬ Éditorialiste & Veille stratégique - Muse™ & Times of AI ¬ Techno humaniste & Techno optimiste ¬

1 ans
Hélène R.

Ingénieure qualité - Assistante de prévention

1 ans

Pour ma part la philo, la lecture, nourrissent ma pensée dans la mise à leur juste place des événements & co. Je pense y avoir trouvé le mode opératoire de cet objectif trop abstrait à mon goût : « prendre du recul ».

Hélène R.

Ingénieure qualité - Assistante de prévention

1 ans

Spinoza aussi voit un lien direct entre affects et actions, et vice-versa, non ?

Hana Mahjoub

accompagnement, formation, inclusion, animation

1 ans

C'est une question de santé mentale 😊

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