" De plus en plus, le sport apparaît comme un lien d'entente universelle"...

Extrait de l'article intitulé "La Renaissance de l'Olympisme" de Jean de PIERREFEU - Magazine L'Illustration - 5 juillet 1924 - n° 4244

"Je suis allé voir ces jours-ci M. Pierre de Coubertin, mû par une curiosité sympathique que vous comprendrez, sans doute. J'ai trouvé un petit homme correct, aux yeux vifs sous des sourcils restés noirs ; je l'ai vu serré dans une jaquette derrière un bureau bien rangé, semblable à quelque bureaucrate méticuleux et propret. Jamais apôtre ne mit moins d'emphase à parler de son œuvre ; il est bien l'homme du vingtième siècle, créateur de réalités"...

"... Pierre de Coubertin, sans fracas, avec une patience de fourmi, n'a-t-il pas tout simplement donné, dès 1894, la maquette de la Société des Nations ? "... "Sans doute, Pierre de Coubertin avait-il deviné les lois mystérieuses de la psychologie internationale quand il imagina le Comité olympique"...

"Le sport non seulement a synthétisé les jeux pour la patrie... mais encore il a témoigné d'une sorte de religion de la vie où se reflétaient certains courants philosophiques modernes exaltant la joie de vivre, l'orgueil de la volonté et de la conquête du bonheur"...

"Aujourd'hui, il n'est pas un pays civilisé qui ne compte de nombreuses associations sportives. Le public, blasé sur ces choses qu'il était impossible de prévoir il y a cinquante ans, ne prête qu'une attention négligente au spectacle admirable que lui offre la France juvénile des sports qui s'est organisée sur tout le territoire avec un sens merveilleux de l'agrément et de l'utilité. Il n'est peut-être pas une bourgade qui n'ait son équipe de football, ou sa société cycliste, ou son groupe d'athlètes ; pas une ville qui ne possède ses courts de tennis, son cercle d'escrime ; les sociétés de tir, d'aviron, les salles de culture physique abondent. Et je ne parle pas des gymnastes qui sont légion. Une fièvre d'émulation anime tous ces clubs, véritables foyers de sa vie collective et d'éducation sociale. On ne se figure point quels efforts de diplomatie, quel don de persuasion, quelle énergie sont nécessaires aux dirigeants de ces associations, obligés, le plus souvent avec de faibles ressources, à faire face aux problèmes administratifs et financiers qui se posent journellement". 

"En fait, la politique a été rigoureusement bannie de ces clubs et le sport s'est trouvé être une agent de paix sociale très efficace. Les aspirations démocratiques se concilient à merveille avec l'esprit sportif qui, en principe, n'admet d'autres différences entre les individus que celle de la classe sportive. Toutefois, la nécessité pratique s'est fait sentir pour la population ouvrière d'organiser ses propres associations de jeux : à l'heure actuelle, l'Union internationale ouvrière du sport, fondée en 1914 à Bruxelles, compte plus de 900 000 membres"... " De plus en plus, le sport apparaît comme un lien d'entente universelle"...

"Un mouvement aussi formidable ne va pas sans favoriser les échanges intellectuels de peuple à peuple"... "Les Jeux olympiques quadriennaux, en fournissant l'occasion de rencontres éclatantes entre les athlètes de toutes les nations, a intéressé l'amour-propre national au développement des sports. Comme tel, il a plus que personne contribué à la diffusion de l'idée sportive, laquelle, on ne saurait le nier, est un ferment efficace de civilisation. 

"En effet, sous la forme que lui donnèrent les Grecs, l'athlétisme n'est-il pas, au premier chef, une exaltation de la personne humaine, une glorification de la volonté et de l'énergie dans un but, non plus pratique, mais parfaitement désintéressé ? ... "La lutte pour la conquête du laurier olympique s'accompagnait, en outre des sentiments les plus nobles : une loyauté à toute épreuve, un désintéressement absolu, l'absence de colère et de haine chez le vaincu, et chez la vainqueur, une joie pure de toute vanité"...

"En maintes occasions, le Comité international a tenu à affirmer ses directives spirituelles et à définir le sens qu'il attache à l'idée olympique. A la session de 1923, tenue au Capitole de Rome, son président s'exprimait ainsi : "L'olympisme tel que nous l'avons conçu et cherchons à l'organiser n'est autre chose qu'un jardin pour la culture de la volonté." ..."La conférence attirait l'attention de ses auditeurs sur une mesure prise par Théodore Roosevelt à New York, au temps où il y dirigeait la police, à savoir : "l'ouverture dans les quartiers malfamés de salles de boxe gratuites ou presque, ouverture qui fut suivie d'un immédiat et considérable abaissement du nombre de rixes".

"Le Congrès de Lausanne de 1923, consacré à l'examen des questions de psychologie et de physiologie sportives, soumettait aux méditations du monde savant des problèmes du plus haut intérêt, tels que l'atavisme sportif, -- quelles sont les qualités intellectuelles ou morales développées ou utilisables par chaque sport ? -- l'entraînement et ses excès, -- les records, leur influence, -- et ce problème dont on voit l'importance sociale : l'activité sportive ne contient-elle pas le germe d'une philosophie pratique de la vie ? Une chose, enfin, montre la volonté constante du Comité de conserver au sport son caractère de culture de la personne humaine. C'est le fait que, dès 1906, il confiait à la conférence de Paris, tenue à la Sorbonne, le soin de rechercher "dans quelle mesure et dans quelle forme les arts et les lettres pourraient participer à la célébration des Olympiades modernes et, en général, s'associer à la pratique des sports pour en bénéficier et les ennoblir". Le projet a été réalisé depuis lors. Les Jeux olympiques instituent des concours d'architecture, de peinture et de musique dont le thème indiqué à trait à la glorification de l'idée sportive et à la représentation de son activité"....

"Livré à lui-même, le sport contient des germes de corruption capables de ruiner son rôle social et sa vertu éducative"... "Faire du sport, comme certains le prétendent, un évangile de dureté, le donner comme une variété de l'instinct de domination et un stimulant à la passion guerrière, c'est singulièrement méconnaître son rôle de régulateur des bas instincts, sa générosité et son idéal de désintéressement"...

"Ce n'est qu'en maintenant le sport dans la noble tradition olympique que la vaillante jeunesse qui s'y livre avec ardeur travaillera à sa propre perfection et au progrès de l'humanité."

Je suis particulièrement heureuse d'avoir posé le regard sur ce formidable article d'un passé tellement présent écrit par Jean de PIERREFEU (1881 - 1940 Ecrivain et journaliste), dont je vous livre avec bonheur plusieurs extraits. Je ne peux qu'être reconnaissante aux générations précédentes pour la transmission de ces précieux trésors en livres et en volumes.

Benoit PERREAU ✅🎤👏

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4 ans

Merci pour ce partage Patricia Si l'idée est belle, si les années passées ont donner de magnifiques résultats, il reste qu'aujourd'hui l'Esprit Olympique, toujours présent chez les athlètes et leur staff, s'étiole au profit .... du profit, de l'image des sponsors qui se dédouanent de l'axe emprunt de générosité et de solidarité que prônait Pierre de Coubertin Nous avons à nous rappeler l'essence des jeux et cet article ravive justement les fondements, les origines Espérons que cela porte et se rappelle à ceux qui peuvent, qui ont la possibilité de permettre les développements au plus large sans retour d'image, sans forcément de ROI attenant Le lien social généré par le sport, la qualité de développement personnel induit est un investissement en soir comme l'avait bine compris Théodore ROOSEVELT Covid ou pas, s'entretenir, se rencontrer, s'entraider, se motiver en groupe est un cadeau à s'offrir ... qui coute de plus en plus cher tant les associations ont perdus de sponsors par manque d'intérêt financier ... La RSE pourtant pourrait être ce tremplin, il l'est trop peu On peut constater les effets de la suppression de l'ISF sur les budgets des associations, uen réflexion est à mener ...

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