DECROISSANCE OU CROISSANCE DURABLE?
Je trouve le débat actuel sur la croissance, ou sur la décroissance, très touffu , peu clair, et pour tout dire, parfois trop idéologique, au sens où ce sont les biais cognitifs qui l'emportent sur la vérité factuelle.
Bien entendu, il est des auteurs qui souhaitent la décroissance, leur point de vue est souvent très argumenté et tout à fait respectable. Ils en tirent les conclusions: on peut vivre avec moins. C'est vrai pour les "encore" classes moyennes, mais je ne vois pas comment les 10 millions de français pauvres peuvent vivre avec moins. Je caricature volontairement, car derrière cette théorie, apparaît la question du partage: gagner moins pour ceux qui gagnent "trop" et vivre avec moins de besoins pour l'ensemble de la société.
Il s'agit d'un vrai débat, profond et nécessaire. Mais la confusion que je perçois naît sur l'emploi et la signification du mot croissance, et donc, de son apparent contraire: la décroissance.
Qu'est ce que la croissance, ou, plus précisément, comment est elle calculée, en apparaissant comme un des indicateurs clés de la performance des pays? La croissance correspond à la somme des valeurs ajoutées d'un pays. Et la valeur ajoutée est la somme des facteurs: impôts, rémunérations du travail, et rémunération du capital. Faire décroître cet ensemble, c'est donc faire décroître chacun de ses facteurs. Va pour les impôts, ils sont toujours trop élevés! Va pour le capital, il est toujours très éloigné et anonyme! Mais va aussi pour le travail, qui représente souvent plus de la moitié de la valeur ajoutée?
On voit très vite que le raisonnement basé sur ce seul indicateur de croissance, assimilé aux inégalités, aux émissions de CO2, et aux atteintes à l'environnement naturel et humain n'est pas le bon, et que, le faire décroître n'est aussi pas le bon, par parallélisme.
En revanche, et sans remettre en cause les idées d'enrichissement et de progrés, introduire les critères de durabilité, par le biais des impôts, des allocations de ressources, des choix des consommateurs ( signal prix), me paraît être la seule voie susceptible de croire encore à un avenir qui ne soit pas l'effondrement, la stagnation ou la récession.