Demain, l'innovation ? : « Les nouvelles stratégies d’innovation 2018-2020 - Vision prospective 2030 - Marc Giget »
Le présent article est directement issu de la lecture du livre de Marc Giget : « Les nouvelles stratégies d’innovation 2018-2020 - Vision prospective 2030 ».
Sur la forme, il s’agit d’une analyse méthodique, quantifiée et fouillée de l’innovation, de ce qu’elle est, de son rôle et de ce qu’elle représente pour l’entreprise confrontée aux réalités d’un monde en perpétuelle évolution, ainsi que des tendances portées par l’évolution des sociétés et qui doivent nourrir des stratégies entrepreneuriales tournées vers un progrès pour l’humanité. Un travail immense, de qualité, très documenté, et nourri de nombreux exemples concrets.
Sur le fond, les quelques lignes ci-après ont l’audace de vouloir en ébaucher la teneur. Mais elles n’en constituent ni un résumé, ni une synthèse, et la rédaction n’engage que son auteur. En d’autres termes, l’accès à l’étendue des connaissances et à la richesse du travail que présentent ce livre ne sauraient faire l’économie de sa lecture.
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L’évolution de l’économie mondiale est contrecarrée par les réactions des populations aux effets négatifs de la mondialisation, par la complexité des problèmes rencontrés du fait de l’explosion de la population (notamment Afrique, Asie) et de la densification de population dans les métropoles (transport, logement, pollution), par le réchauffement climatique et la décroissance des ressources fossiles, et par les conséquences immédiates sur l’emploi des nouvelles technologies du fait de la latence d’emploi induite par les « destructions créatrices ».
Le monde est en proie à des transitions profondes, écologique, énergétique, digitale, économique avec la stagnation des pouvoirs d’achat d’une classe moyenne grossissante, et enfin l’aspiration à une transition « humaniste » avec les limites de l’action politique (populisme, vague d’insatisfaction, …) et la gadgétisation d’une innovation encore très « techno-centrée ».
Simultanément le présent du monde demeure dangereux, avec des risques omniprésents au niveau géopolitique, financier, cybercriminalité, terrorisme, impact incontrôlé du réchauffement climatique, …
L’innovation repose au moins en partie sur la R&D dont la croissance est continue dans le monde avec deux caractéristiques : d’une part le peu d’investissement industriel induit par la transition digitale, et d’autre part, l’évolution du positionnement de plus grande responsabilité des équipementiers vis-à-vis du maître d’œuvre. Simultanément la technologie est devenue une valeur industrielle qui trouve son essor au terme d’un processus de R&T garantissant efficacité et maîtrise des risques dans son débouché sur l’innovation.
Les effets bénéfiques du progrès sur la répartition des richesses, via la croissance de la productivité, la rémunération du capital et l’augmentation des revenus individuels, ont commencé à décroitre dès le début 1970, emportant avec eux le souvenir mythique de « la belle époque ». Puis l’idée d’une amélioration de la vie par le progrès s’est fragilisée. L’innovation est apparue mal maîtrisée, parce qu’elle ne répond pas aux attentes des utilisateurs, et menace l’emploi (IA, robot et algorithme) jusqu’à obérer l’avenir.
Cette situation a fait naître dans la société une exigence à l’égard de l’entreprise quant à sa participation à l’amélioration de la vie des citoyens qui doit être au cœur de sa « raison d’être ». L’entreprise doit être le vecteur d’une innovation porteuse d’un progrès humain, dans une société accordant une juste place aux sciences humaines, en favorisant ce qui donne sens à la vie face à une finalité en passe de devenir seulement technologique.
La position de la France sur le marché mondial est en repli depuis une vingtaine d’année, alors que l’innovation a besoin de l’exportation de ses produits pour amortir l’investissement qu’elle nécessite. Dans le même temps on a assisté à une désindustrialisation, et à un repli de la compétitivité industrielle, tandis que le potentiel scientifique et technique est demeuré à un haut niveau.
Après un mouvement qui s’est développé outre atlantique, en Europe et en France de survalorisation des startups et de dévoiement de leur statut, on assiste à un repli vers une recherche de qualité des produits répondant à des besoins réels et de la solidité entrepreneuriale propres à garantir la forte croissance effective qui fait le statut de la startup. Alors les grands groupes trouvent matière à investir dans des startups ou PME à fort potentiel en lieu et place d’investissement en R&D interne.
Aujourd’hui, en France, l’innovation se tourne vers l’utilité sociale et la contribution sociétale au bien-être de la population, que ce soit au travers des stratégies des entreprises, ou au travers des ambitions et passions des jeunes diplômés à mettre la technologie au service d’un progrès humain.
L’innovation est donc au cœur de la démarche entrepreneuriale, comme de la communication institutionnelle, et la capacité à innover constitue le fondement d’un développement à l’international, en même temps que le facteur essentiel de valorisation de l’entreprise.
La voie de l’innovation pour l’entreprise c’est d’abord la mise en place d’une nouvelle gouvernance et le développement d’une culture qui accorde à chaque acteur la possibilité d’épanouir son potentiel créatif. Innover n’est pas affaire de méthode mais d’engagement individuel dans un contexte respectueux des valeurs humaines, de confiance, d’empathie, de reconnaissance, d’écoute, de sérénité, … qui fait du travail en équipe et de la codépendance un tremplin vers ce sentiment d’utilité qui nourrit la passion.
L’entreprise se tourne résolument vers une « approche humaniste » de l’innovation, visant à l’amélioration des conditions de vie des usagers, dans l’optique née de la Renaissance de placer l’Homme au centre des préoccupations. C’est ce vers quoi se tourne la communication des grands groupes qui cherchent à se départir d’une innovation trop techno-centrée, à toucher le plus grand nombre, et à s’inscrire dans une évolution durable.
Malgré les difficultés qu’elle engendre, la transition digitale offre de nouveaux axes de développement d’activité en favorisant l’indispensable ouverture pour suivre et s’adapter aux changements qui s’opèrent dans la société et dans le monde. Alors le processus d’innovation peut aller jusqu’à impliquer le futur usager pour s’assurer de la pertinence des produits qui lui sont destinés.
Fernand Maillet