Des bons vivants ou des algorithmes ?

Des bons vivants ou des algorithmes ?

Pourquoi un restaurant étoilé du Morbihan a-t-il fait le choix de prendre ses réservations via une plateforme internet au risque de fragiliser sa relation avec son client ?

C’est la regrettable mésaventure que j’ai vécue pendant les congés de Pâques. Pourtant le choix de Côté Cuisine, bonne table de Carnac, une étoile au Guide Michelin, aiguisait les appétits pour un anniversaire en amoureux.

Injoignable par téléphone, sans possibilité de laisser un message sur répondeur, je me résigne à passer par leur moteur de réservation, administré par D-EDGE, prenant un peu d’avance. Une notification par mail m’informe que ma demande est en attente de confirmation.

Deux jours après, sans réponse et malgré plusieurs tentatives d'appel, j’envoie un message personnalisé et sélectionne un autre créneau indiqué également comme disponible sur la plateforme, précisant une souplesse de ma part sur la date et l'heure, prêt à en discuter de vive voix.

Réponses "mécaniques" par retour de mail : réservations non confirmées pour cause de restaurant complet. Choisir une autre date. Quelle opacité sur les critères de réservation ! Aurais-je dû me déplacer pour défendre ma candidature ? Je me permets un mail d’incompréhension pour faire remarquer l’inélégance du traitement et le regret de n’avoir eu personne pour ajuster, restant une simple data jusqu'au bout. Pas de réaction à ce jour. Tout est dit.

Sur un bouche-à-oreille, je contacte un autre restaurant que je ne connaissais pas : le Gavrinis, à Baden, étoilé également, joignable par téléphone même un dimanche matin... La date que je privilégie n’étant pas disponible, mon interlocuteur me propose un autre créneau que j’accepte bien volontiers. Nous serons enchantés de notre soirée gastronomique chez un chef qui a fait ses classes chez Pierre Gagnaire. Et sa communication à l'école de la vraie vie.

Que faut-il en conclure ? L’ubérisation de la restauration de gamme nous guette-t-elle au point de nous faire passer pour des numéros de réservation ? Est-ce le déficit de personnel lié à la conjoncture qui conduit des établissements à prendre le risque d’abîmer leur réputation relationnelle en ne répondant pas au téléphone ? Quand le numérique nous prive de ce qui fait de nous des bons vivants pour nous transformer en algorithmes, c'est pas Top Chef...

Hernan Poblete

Entrepreneur, large expérience dans le très grand événementiel.

1 ans

L'uberisation de beaucoup de choses est une énorme bêtise. C'est minable, un manque de respect du client. Et ils s'y mettent tous ! même les agences immobilières pour une simple visite. C'est triste... et c'est terrible.

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