Des perles ...

L’actuelle exposition « Perles et atours » présentée à Pôle Bijou Galerie est née de l’idée de rendre hommage à un patrimoine local qui a fait les belles heures d’une petite vallée, celle de la Vologne. La légende veut que Vénus, lors d’un voyage dans les Vosges, trouvant le pays si joli et la rivière si douce lui offrit un cadeau en remerciement (un petit reportage FR3).

Et en effet, cette rivière abritait un mollusque « aux œufs d’or » : la Mulette allongée … et ce bivalve produisait des perles. Durant près de 4 siècles, le seigneur qui possédait la rivière a organisé des pêches (de 2 par an à une tous les 2 ans) en vue de ramasser ces perles et de les écouler auprès des bijoutiers des environs qui en ont fait nombre parures.

A l’exemple des Vosges, le monde entier recèlent de légendes et de mythes sur les origines des perles … âmes des huîtres, larmes des ancêtres ou des anges, gouttes de pluie cachées dans un coquillage par Aphrodite, elles sont partout gage de pureté, de perfection, de chance et d’amour !

 Mulette perlière européenne - Crédit MNHN - Denis Finnin/AMNH

Mais au fond que savez-vous des perles ?

Une perle est une concrétion calcaire fabriquée par certains mollusques bivalves (les plus connus étant les huîtres perlières). La fabrication de la perle permet à l’animal de se protéger lorsque quelque chose d’irritant, un corps étranger, passe à l'intérieur de sa coquille. Il agit en entourant l'intrus d'une couche de nacre (ou carbonate de calcium) ce qui lui permet de l’isoler. On parle d’un processus de « biosynthèse » ou « bio-minéralisation », puisque du vivant va produire du minéral. Ce même type de processus va permettre aux mollusques de produire leurs coquilles, aux coraux de produire leurs exosquelettes …

Frédéric Lardier -L'Atelier - Galet de basalte et perle d'eau douce

Les « perles naturelles» ou « perles fines »

Ce terme est réservé aux perles produites par les mollusques sans intervention humaine. Ces perles sont bien antérieures à l’Homme puisqu’on en a trouvé des traces fossiles vieilles de 50 à 200 millions d’années. Mais l’Homme les découvrent dés la Préhistoire, comme la très belle perle découverte dans le sanctuaire d'Oum al Qaïwaïn aux Émirats arabes unis et qu’on pense avoir été utilisée en 5500 av. J.-C.

Elles sont certes produites par les huîtres des mers chaudes, mais il existe aussi des perles issues d’autres coquillages : l’abalone ou ormeau, le lambi, le bénitier, le nautile et plus rarement le clam pour les eaux de mer mais aussi diverses variétés de moules pour les eaux douces … on dénombre environ 80 espèces d’animaux en capacité de produire des perles d’une qualité adaptée à la bijouterie joaillerie.

Frédéric Lardier - L'atelier - Galet de basalte, perle de Tahiti et argent rhodié

Ces perles, trouvées par hasard, vont de tous temps fasciner les hommes et faire naître désir et convoitise, certaines pièces se vendant à des prix exorbitants… et bien sûr depuis longtemps les hommes ont tenté de percer le secret de leur fabrication pour réussir à en produire à l’envi et combler ainsi les frustrations liées à leur rareté. 

Imaginez, la probabilité de trouver une perle fine est d’une pour 10 000 mollusques environ …

Les « perles de culture »

Dés le 13ème siècle, les chinois vont développer une technique permettant d’obtenir des plaquettes nacrées en introduisant contre la coquille interne de moules d’eau douce de petites plaques de métal qu’ils retiraient lorsque l’animal les avaient recouvertes de nacre.

Blister de Bouddha - Crédit MNHN - Meg Calough/ AMNH

Mais les perles ont résisté à toutes tentatives de culture jusqu’au début du 20ème siècle.  Ce sont les japonais qui vont mettre au point la technique encore utilisée aujourd’hui. Le procédé consiste à introduire une bille de nacre provenant de la coquille d’un autre bivalve, le noyau ou nucléus, accompagné d’un fragment du manteau d’une autre huître, le greffon. Cette matière vivante va déclencher la sécrétion de la matière perlière autour du noyau. Les perles sont récoltées au bout de 3 ans, 4 au maximum. Leur grosseur dépend de celle du noyau, de l’âge et de la taille de l’huître. Depuis, le secret technique s'est répandu et la Polynésie française est devenue le principal producteur.

Les perles de culture d’eau douce sont produites par des moules. Chaque animal peut produire jusqu'à 30 perles en même temps et les premières peuvent être récoltées dés 6 mois après l’implantation ce qui explique le faible coût de ces perles. Le nucleus est constitué de minuscules morceaux de coquillage, ce qui produit des perles de nacre pure ou à partir de l’introduction d’un fragment de chair du coquillage lui-même.  Elles se caractérisent par des couleurs et des formes très variées.

Corinne Laureau - Magie Italienne - Perles d'eau douce de chine, agates teintées, perles Miyuki, toupies de cristal

Les perles « Keshi »

Il s’agit de perles atypiques puisque ce sont des perles fines produites accidentellement dans un processus de culture de perle. Le phénomène existe en eau de mer et en eau douce. Ces perles sont généralement de forme irrégulière, et d'un lustre très important. Malheureusement, le progrès de la maîtrise de la perliculture les ont rendues très rares.

 Patricia Lemaire - Bagues – Argent, or 750, perles Keshi

Les « perles d’imitation »

En 1680, un fabricant de chapelet, Jacquin, remarqua, alors que sa servante écaillait des ablettes dans une bassine, les reflets nacrés de l’eau. En filtrant cette eau, et en la mélangeant à un vernis de sa composition, il mit au point l’essence d’orient. Le procédé fut amélioré, d’autres variétés de poissons, le hareng et certains salmonidés, entrèrent dans la composition de cette essence. L’application de plusieurs couches sur une bille de verre donne une perle nacrée acceptable. L‘île de Majorque, aux Baléares, s’est spécialisée dans leur fabrication sous plusieurs marques connues, authentifiant par certificat leur qualité de fausses perles ou perles d’imitation.

 Élisabeth Hans - Bagues Coriolis - Perles d'eau douce et argent rhodié

Avec l’aimable collaboration de Geneviève Cailleteau, enfileuse de perles et formatrice en initiation et perfectionnement en enfilage de perles sur fil de soie au sein de l’association Pôle Bijou Métiers d’Art – Compétences et formation

POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LE SITE “PERLES, UNE HISTOIRE NATURELLE” qui retrace une exposition de l'American Museum of Natural History, New-York en collaboration avec le Field Museum, Chicago, et qui fut adaptée par Le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris qui la présenta au public du 25 octobre 2007 au 10 mars 2008