Des principes de 1789 aux réalités de 2025 : adapter les Droits de l’Homme au monde de l’entreprise

Des principes de 1789 aux réalités de 2025 : adapter les Droits de l’Homme au monde de l’entreprise

En 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen établissait les fondements de la liberté, de l’égalité et de la souveraineté populaire. En 2025, ces principes universels interrogent profondément le fonctionnement du monde de l’entreprise. Comment transposer ces droits, initialement conçus pour les citoyens, dans des organisations façonnées par la compétition, l’innovation et la quête de rentabilité ?


Liberté : repenser l’autonomie dans un monde numérique

Dans son ouvrage “The Age of Surveillance Capitalism”, Shoshana Zuboff avertit :

La liberté individuelle est menacée lorsque la technologie n’est pas utilisée pour l’émancipation, mais pour le contrôle.

Dans le cadre de l’entreprise, cette liberté se traduit par :

• La liberté d’expression, qui doit protéger les lanceurs d’alerte face aux abus.

• Le droit à la déconnexion, essentiel pour préserver la frontière entre vie privée et vie professionnelle.

• La liberté syndicale, souvent réduite face aux contraintes organisationnelles.

Exemple : L’instauration du droit à la déconnexion en France en 2017 est un premier pas, mais les outils numériques rendent ce droit difficile à appliquer dans de nombreuses entreprises.


Égalité : au-delà des discours, agir

L’économiste Thomas Piketty, dans “Le Capital au XXIe siècle”, souligne que :

Les inégalités ne disparaissent jamais d’elles-mêmes : elles doivent être corrigées par des institutions.

Dans le monde du travail, ces inégalités prennent des formes multiples :

Écarts salariaux : selon l’INSEE, en 2023, les femmes gagnaient encore 15,8 % de moins que les hommes à poste égal.

Discriminations systémiques : un rapport de l’OIT (2021) rappelle que les personnes en situation de handicap ou issues de minorités ethniques restent sous-représentées dans les postes à responsabilité.

Solution : Des initiatives comme le label “Entreprise Égalité” poussent les organisations à mesurer et corriger ces inégalités. Cependant, ces démarches doivent devenir la norme et non l’exception.


Sûreté : protéger le salarié dans un environnement en mutation

La philosophe Cynthia Fleury, dans “Le soin est un humanisme”, écrit :

L’entreprise doit devenir un espace où la vulnérabilité humaine est reconnue et protégée.

Aujourd’hui, la sûreté ne se limite plus à la protection physique, mais inclut :

• La prévention du harcèlement moral et sexuel, avec des dispositifs comme le référent harcèlement obligatoire dans les entreprises de plus de 250 salariés.

• La santé mentale, particulièrement mise à l’épreuve après la crise du COVID-19.

• La lutte contre la précarité : selon une étude de l’Institut Montaigne (2022), 23 % des salariés français s’inquiètent de leur avenir professionnel face aux transformations technologiques.


Propriété et souveraineté : réconcilier salariés et gouvernance

Dans son analyse des nouveaux modèles d’entreprise, l’économiste Elinor Ostrom rappelle que :

Le succès d’une organisation repose sur la participation active et volontaire de ses membres.

Appliqué à l’entreprise, cela implique :

• La reconnaissance des salariés comme parties prenantes de la création de valeur, notamment via des mécanismes comme l’actionnariat salarié.

• Le droit de regard des salariés sur les choix stratégiques de l’entreprise.

Exemple : Certaines entreprises comme Danone ont intégré des représentants des salariés au sein de leur conseil d’administration, ouvrant la voie à une gouvernance plus collaborative.


Fraternité : reconstruire la culture d’entreprise sur l’entraide

Le sociologue Richard Sennett, dans “Ensemble : pour une éthique de la coopération”, soutient que “La solidarité est le ciment des organisations humaines.”

La fraternité dans l’entreprise moderne pourrait se traduire par :

• Le renforcement des pratiques collaboratives, où l’objectif collectif prime sur la performance individuelle.

• La création d’un climat bienveillant, où le bien-être des salariés devient une priorité stratégique.

Exemple : Des entreprises comme Michelin ou Decathlon ont mis en place des programmes de mentorat inversé, favorisant le transfert de compétences entre générations.


Réinventer 1789 pour 2025

Adapter les Droits de l’Homme et du Citoyen au monde de l’entreprise, c’est traduire des principes historiques en actions concrètes. L’entreprise ne peut plus être un simple lieu de production : elle doit devenir un espace où liberté, égalité, sûreté et fraternité sont vécues au quotidien.

Comme le rappelle l’historien Yuval Noah Harari :

Les sociétés qui prospèrent sont celles qui placent l’humain au centre de leurs priorités.

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