Des territoires plus connectés

Quel plus grand accomplissement que la réussite d'un projet collectif, particulièrement lorsque sa réalisation est à la hauteur de l’ambition initiale et contribue à réduire les inégalités territoriales, au service de la cohésion sociale et de l’économie ?

Le Très Haut Débit est l’un de ces succès, qui nous semble presque banal tant il s’est rapidement invité dans notre quotidien, mais qui transforme nos territoires et l’économie.

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance car l’objectif du Plan France Très Haut Débit, lancé en 2013, paraissait très ambitieux : fournir un accès internet ultra rapide, notamment via la fibre optique, à tous les Français, désenclavant ainsi les territoires et réduisant la fracture numérique..

La Caisse des Dépôts, riche de son expérience bicentenaire dans la construction des réseaux ferroviaires, électriques et hydrauliques du pays, et la Banque des Territoires, ont été étroitement associées au pilotage de ce grand projet dès son origine. Et nous nous sommes engagés sur un temps de déploiement qui n’avait jamais été aussi resserré !

Nous voici désormais dans la dernière ligne droite. Fin 2025, plus de 19 millions de foyers et d’entreprises en zone rurale seront raccordables (dont près de 80% grâce à des financements de la Banque des Territoires) et près de 99% de nos concitoyens auront accès à la fibre  ! La France se positionne ainsi comme le leader européen en termes d’abonnés au très haut débit et au septième rang mondial, devant des pays bien plus peuplés. Cette performance mérite d’être saluée.

Au-delà de ce résultat, il faut souligner que le Très Haut Débit (THD), si j’utilise un anglicisme, est un véritable « game changer ». Il y a un « avant » et un « après », et des bénéfices tangibles de ce progrès technologique.

Pour les Français, il facilite le télétravail, l'éducation à distance, ainsi que l'accès aux services publics, à la culture, au streaming et aux jeux vidéo en ligne. Il apporte également une solution aux déserts médicaux en permettant le déploiement de la télémédecine qui requiert des débits ultra rapides et stables.

Un principe énoncé par Aristote auquel je souscris pleinement : « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous ». Ainsi, aucune catégorie de population n’est laissée de côté, grâce à la mobilisation exemplaire des acteurs de terrain. Les Maisons et Bus France Services, les 4000 Conseillers numériques et des associations comme Emmaüs Connect œuvrent pour former, assister et lutter contre l’illectronisme.

Pour les territoires, le Très Haut Débit est un véritable catalyseur de développement économique et social. Il constitue un préalable indispensable à la création et à la croissance des entreprises et industries et leur offre les infrastructures nécessaires pour innover et se connecter au marché mondial.  La visioconférence, la mobilité, le e-commerce, l’intelligence artificielle, les machines connectées de l’industrie 4.0, et les solutions métiers dont les données sont hébergées au sein de datacenters, ont en effet fait exploser les besoins en bande passante et en réduction du temps de latence.

Le pari est donc en passe d’être gagné et c’est sans nul doute grâce au « modèle français » auquel je suis très attaché. Collaboratif, il repose sur des fondations solides : un cadre réglementaire adapté, un partenariat public-privé pour le financement, un plan d’investissements massif mobilisant les acteurs publics, les collectivités territoriales - essentiellement avec des fonds européens - et les opérateurs privés. À cela s’ajoute une flexibilité technologique priorisant la fibre optique tout en permettant l’usage de technologies alternatives comme les satellites, le THD Radio et la 4G fixe dans des contextes spécifiques.

Aux côtés de l’ARCEP et des opérateurs, la Banque des Territoires a tenu toute sa place dans ce plan, avec passion et détermination, œuvrant pour rendre les territoires plus connectés. Favorisant le dialogue et la coopération entre tous les acteurs, nos équipes ont accompagné les collectivités en leur octroyant des prêts ou en investissant en fonds propres dans les Réseaux d'Initiative Publique pour couvrir les zones les moins denses et les plus éloignées des zones urbaines. Nous y avons consacré plus de 1,9 milliard d’euros.

Tout en réalisant cela, j’avais bien évidemment conscience que l’avenir, s’il est numérique, doit aussi être écologique.

Ces deux défis sont étroitement liés. Le numérique, souvent gros consommateur d’énergie, nécessite de travailler en parallèle sur l’efficacité énergétique et la décarbonation. En retour, il facilite le déploiement des smart grids, ces réseaux électriques intelligents ajustant les flux d’énergie en temps réel. Il s’avère aussi indispensable pour déployer les outils technologiques nécessaires à l’adaptation climatique des territoires.

Le rendez-vous du THD était donc crucial. Le défi a été relevé par tous les acteurs du Plan Très Haut Débit. Nous pouvons en être fiers collectivement.