Design d’expérience #2 : on ne peut pas dire non à une fleur
Crédits : Thomas Coex, AFP

Design d’expérience #2 : on ne peut pas dire non à une fleur

Lors d’une campagne pour un référendum sur les droits des minorités LGBTQ+, Nika Kovac et l’Institut du 8 mars distribuent une fleur à chaque personne qu’ils essaient de convaincre dans la rue. Résultat : les gens ont dit oui à la fleur et oui au référendum. 


Ce que nous aimons dans cette pratique :

  • commencer une rencontre par un premier “oui” et mettre son interlocuteur dans de bonnes dispositions avant de poser les questions plus délicates
  • faire tenir une intention dans un geste. Il y a quelque chose de zen, de minimaliste et de si bien pensé, comme un projet de design quand c’est réussi
  • se rencontrer en faisant un cadeau
  • recourir à des ressorts comportementaux, voire émotionnels, plutôt que de se limiter au champ cognitif. Pour nous, c’est une forme de design d’expérience
  • interpeller et rassurer, à rebours des attributs de type carnet / stylo / uniforme des ONG qui cherchent des donateurs ou des signataires pour des pétitions qui ont plutôt tendance à faire fuir 
  • la fleur agit comme une sorte de reminder une fois mise dans un vase à la maison : on se souvient qu’il faut aller voter. 
  • la ferveur de la lutte et la poésie de la fleur ne sont pas antinomiques mais se renforcent mutuellement 
  • la fleur est ici pensée comme un élément de tactique précise orientée vers l’efficacité, et pas seulement une philosophie plus générale autour de la non-violence (Flower Power)


Ce que nous pourrions imaginer : 

  • toujours commencer par donner avant de prendre : du temps, de l’argent, un contact… “donner, donner, recevoir” était notre mantra chez Ouishare
  • trouver d’autres tactiques comportementales pour déclencher un “oui” : proposer de marcher à côté du passant tout en rechargeant son téléphone, lui tendre un parapluie, une capote, un brumisateur, du gel hydroalcoolique, une pomme, une paire de chaussettes, en lui récitant un poème, en diffusant une bulle de silence autour de lui (c’est techniquement faisable), 
  • se placer d’un côté d’un trottoir avec 35 personnes âgées et leur faire traverser le trottoir à l’aide de passants, un à un, chaque personne âgée s’avérant avoir un message politique interpellant. On peut imaginer la même chose avec une poussette en bas de marches dans le métro. et sur la poussette serait écrit un message impactant, ou l’enfant pourrait prononce une phrase incongrue comme “si mes deux mamans n’avaient pas pu procéder à de la PMA, je n’existerais pas”
  • imaginer un jeu de relai collaboratif : offrir un brumisateur, sans marque mais avec une consigne qui dirait de l’offrir à quelqu’un d’autre qui ….(au choix : “vous intrigue”, “n’est probablement pas du même bord politique que vous”, “a un joli nez”, “marche de manière amusante”, “ressemble à un membre de votre famille”..). La phrase a trou pourrait être à compléter (le brumisateur serait livré avec un feutre)
  • donner une fleur à un prospect avant chaque rdv avec un partenaire potentiel pour un nouveau projet
  • marcher côte à côte plutôt que se tenir face à face 
  • une tactique différente pour Lime qui s’est fait épinglé pour avoir acheté des votes dans le cadre du référendum sur les trottinettes à Paris


Qu’avez-vous déjà expérimenté d’inspirant et d’efficace dans le registre du geste performatif ?

Quelles expériences pouvez-vous partager avec nous ?

Quelles autres applications pourrions-nous envisager ?


Brice de Margerie et Samuel Roumeau

Bravo pour ce chouette article plein d’exemples inspirants. Je veux jouer au jeu du Brumisateur !!!

Stacy Algrain

Journaliste, conférencière et apprentie botaniste | Linkedin Top Voice | Co-fondatrice de La Corneille et Bien Baré🌿

1 ans

Merci pour ton soutien Samuel Roumeau, en prime j’ajoute une fleur à ce commentaire 🥲🌷

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