Deux villages, pour deux temps distincts, emboités l’un dans l’autre
Il y aura bien deux villages. Les permis de construire qui ont été déposés en juillet l’expriment on ne peut mieux. Pour chaque zone de ce qui sera le Village des athlètes avant de devenir Le Village, ce quartier singulier avec son histoire, à cheval sur Saint-Ouen-sur-Seine, Saint-Denis et L’Ile-Saint-Denis, identifié dans la durée à l’image de Paris2024, il y a bien deux permis de construire : celui du quartier définitif, et celui qui exprime les aménagements temporaires, pensés pour ne durer que le temps de la courte — et brillante — période olympique et paralympique.
Pour réussir le quartier de ville confortable à l’horizon et dans le climat de 2050, c’est bien sur lui qu’on s’est d’abord penché pour le concevoir. L’héritage a été conçu en priorité. Ce n’est qu’en réagissant au projet définitif, qu’on a pu imaginer les aménagements temporaires qui le rendraient agréables aux athlètes, visiteurs vedettes de 2024.
Pour les athlètes, le vrai goût de la ville à l’européenne
Quand, avides de performances et affutés, ils arrivent enfin du monde entier pour ces Jeux qui ont calibré et organisé tant d’années de leurs jeunes vies, les athlètes se retrouvent souvent dans une cité, quand ce n’est pas dans un seul bâtiment, où rien ne distingue leur hébergement d’un autre, si ce n’est son numéro. Ici, c’est une ville que nous allons leur offrir: des rues, un relief propre, des places avec des arbres, une île, les berges de son fleuve, quelques cathédrales industrielles, et l’immeuble unique qui sera le leur, avec son entrée marqué par la vision d’un artiste… Certes, ils ne viennent pas pour visiter Paris, mais nous avons la fierté de penser qu’ils ressentiront le bien-être que nous souhaitons leur apporter.
La journée du participant aux Jeux, concentrée autour des seuls actes essentiels, il la vivra au rythme de son sommeil, clé, comme le fait de pouvoir se restaurer à l’heure qu’il voudra, de repas conformes à son régime comme à sa culture et ses goûts, ou la proximité des bus qui le conduiront à ses entraînements et à ses compétitions, sans effort excessif.
L’attention aux paysages, la présence de la Seine, avec une végétation qui marque les espaces et change les angles de vue tout en rafraichissant l’atmosphère, une grande terrasse qui donne sur la vallée du fleuve… ce qui est supplément d’âme et donne envie d’être dehors sera d’autant plus apprécié qu’on l’a pensé pour ne pas dilapider des forces réservées à l’objectif unique qu’est la compétition !
Les appartements, à une, deux ou trois chambres seront vrais, prévus pour durer : personnels et chaleureux, avec des matériaux sensibles, du bois. Les athlètes y bénéficieront de vraies salles de bains dimensionnées au nombre d’occupants, comme pour les habitants qui suivront, et utilisables sans queue, autant qu’ils le voudront… Ils pourront rajouter les vues sur le Sacré Cœur, sur La Défense, ou sur la Seine à leur récit de Jeux bien particuliers.
Conçus pour faire ville, les immeubles sont dessinés par des architectes différents. Guidés par le même grand projet, ils ne veulent pas moins marquer le leur d’une personnalité et d’une ligne forte. Certains seront exceptionnels, comme l’immeuble proue et sa façade en bois aux balcons débordants, ou comme cet autre capable de démontrer l’ensemble du cycle de l’eau…
C’est la Cité du Cinéma qui deviendra cet immense restaurant permanent, aux mille menus spécifiques, beauté de l’architecture et ombre des terrasses en prime. Quelques espaces d’entraînement y sont aussi prévus.
Un site des cultes sera intégré au village, signe d’un espace urbain ouvert au monde qui accueille les différentes confessions de ses habitants, fussent-ils temporaires.
Abrité par les arbres de ce qui deviendra un parc en phase héritage, le Mall des transports déploiera un trafic extraordinaire puisque c’est de là que partiront les athlètes vers leurs sites d’entraînement ou de compétition. Quand ils ne seront pas à deux pas, comme le Stade de France, le mur d’escalade, l’espace de Tir, ou le magnifique Centre aquatique olympique.
Enfin le Village sera festif. C’est l’un des rôles de ses places et de ses berges que d’accueillir la tension des vainqueurs comme celle de tous les autres qui ont participé… Concentré d’émotions de ceux qui auront vécu leur plus beau jour comme de ceux dont la carrière se terminera sans médaille.
Tous cependant auront vécu pleinement ce temps des Jeux de Paris, dont ils auront feuilleté l’histoire au Grand Palais, à la Concorde, à Yves du Manoir ou à Versailles, et partagé en permanence cette vie urbaine si particulière.
Le temps de la transformation, et de la prouesse… des entreprises
Entre les deux phases des Jeux, le village sera l’objet de quelques petites évolutions pour accueillir 30% d’athlètes en moins, et grandir l’espace de chaque logement, au bénéfice de l’accessibilité pour tous.
Puis, l’ombre des derniers athlètes paralympiques à peine effacée, le village sera à nouveau le théâtre de prouesses, celles des entreprises qui viendront minutieusement défaire le provisoire pour produire les espaces définitifs des futurs locataires et propriétaires du nouveau quartier.
Il restera en effet tout un ballet de détails à revoir. Des cloisons, identifiées comme sécables, à retirer, des reprises d’électricité ou de finitions à faire, de la peinture, des cuisines à installer, bien entendu, dont les mobiliers n’avaient pas été posés pour les athlètes, d’autres espaces à transformer plus profondément pour laisser la place aux commerces comme aux bureaux. A l’extérieur, la principale évolution sera celle de la création du parc à la place du Mall de transport et de la plantation d’espèces complémentaires entre les arbres existants. La Cité du Cinéma reprendra, elle, ses anciennes fonctions.
Car tout, dans le quartier qui ouvrira ses portes un an tout juste après la clôture des Jeux, sera opérationnel au même moment : commerces, écoles, appartements, services… Et tout aura été déjà testé en vraie grandeur le temps des Jeux !
L’anticipation, gage de la réussite
Si tout est minuté pour les mois à venir, le village, ou plutôt les sites qui l’accueilleront, ne sont encore que des lieux en déconstruction. On y termine le remodelage des terrains et l’assainissement, afin de rendre figure urbaine à ce que la phase industrielle du siècle dernier avait aplani et bétoné. On y charrie ainsi jusqu’à 1200 tonnes de déblais par jour, remplissant chaque jour une barge et demie, soit l’équivalent de 70 camions !
Terrassiers, bancheurs, charpentiers, plâtriers, électriciens … les métiers vont se succéder. Avec plus de 4 000 ouvriers simultanément sur l’un des plus grands chantiers de France, aux moments de pics, pour 12 maîtres d’ouvrages différents.
D’autres types d’entreprises viendront apporter leurs innovations, et sont en ce moment consultées en ce sens pour proposer des solutions inédites pour le bien-être des habitants, des améliorations de l’expérience des athlètes. Brumisation des espaces extérieurs, mobiliers inclusifs, gestion des ilots de chaleur… nous attendons d’elles qu’elles défrichent avec nous comment aller encore plus loin en termes de biodiversité.
Tout est prévu, au point qu’il reste de la place pour ouvrir le champ des possibles !
Bienvenue aux Villages…
Directeur du Programme Aval du Futur - membre du Comex- ORANO
4 ansUn temps si court ! Déconstruction, assainissement des terrains : novembre 2019 / septembre 2021 Dépôt des permis de construire : juillet 2020 Début des travaux de construction : mars 2021 Livraison du village olympique : février 2024, Petits aménagements entre les deux phases des Jeux : août-sept 2024, Livraison de l’héritage : été 2025.