Devenir Président d’EPIGO
Novembre 2015. De retour de 3 mois de voyage, je commence à passer du temps à EPIGO, un échange de pratique : je travaille sur le projet de lancement de F.A.I.R.E, le modèle imaginé à partir du livre “Votre Profil d’Entrepreneur” et en retour, je profite des locaux et des formations. Je n’ai pas de projet précis, le CDD à EPIGO doit me permettre de toucher le chômage ensuite pour lancer quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas.
Quelques jours plus tard, Marie et Daniel me proposent de les accompagner sur une journée d’animation pour un gros client. Il s’agit d’aider un groupe de jeunes salariés à imaginer des business models innovants. Je me retrouve dans un ChateauForm, dans le VIIIème arrondissement. Je ne sais pas trop ce que je fais là, ce qu’on attend de moi. C’est flou, mais je perçois quelque chose : ces grands panneaux affichés au mur avec les cases du Business Model Canvas imprimées, des post-its, des rires, la façon qu’ont les gens de se mouvoir… on sent que c’est un moment à part, que les règles habituelles de l’organisation sont mises entre parenthèse. L’émulation est tangible. C’est peut-être flou, mais ils croient dans ce qu’ils font !
J’étais arrivé au pays de la facilitation. Je n’en suis pas reparti depuis.
Février 2023. Sept ans après mes débuts, je reprends aujourd’hui le rôle de mandataire social d’EPIGO et succède donc à Daniel, qui a fondé le cabinet. Dans une forme de prolongement assez logique, je deviens Président (une drôle d’idée si vous m’en aviez parlé en 2015 !) et, avec mes nouvelles associées (Christina, Isabel et Anne-laure) et l’ensemble de l’équipe (Clément, Samantha, Joy), nous allons prolonger l’histoire de cette boîte un peu particulière.
Si je devais résumer l’intention, ça serait celle-ci : continuer, dans la lignée de ce qu’ont conçu Marie et Daniel, à faire vivre notre façon singulière d’être au monde, tout en apportant, par touches et dans le temps, quelques changements. Continuité et modification, il parait que c’est comme ça que se dit “transformation” en chinois…
Continuer.
EPIGO est né en 1987. Daniel a créé ce qui s’appelait alors Infogestion (ahh, le charme des années 80 ! La France qui gagne, Bernard Tapie, le minitel…) avec comme programme d’être le bras droit des créateurs d’entreprise : tout maîtriser pour conseiller, aiguiller, aider, celles et ceux qui se lancent dans l’aventure. Quelques années plus tard, Marie l’a rejoint pour ajouter une corde à l’arc EPIGO : comment aider les entrepreneurs sur les questions relationnelles et de rapport à soi ? A l’époque, le positionnement, c’était “business + humain”.
Le cabinet a eu beaucoup de vies en 35 ans. Des hauts, des bas. A travers les années, quelque chose se dégage de l’identité de cette boîte et ce qu’elle apporte au monde. C’est cela, que l’on voudrait continuer. Tentative de description du “modèle EPIGO” :
La liberté. Le mot est galvaudé, pourtant, c’est, je crois, le cœur du projet EPIGO : vivre libre, à côté du système. Daniel et Marie avaient un besoin profond de liberté, de pouvoir fonctionner sans chef, sans cadre contraignant. Ils ont donc inventé EPIGO comme une possibilité de vivre différemment. De faire entreprise, sans en respecter les codes. Avec, chevillé au cœur, une mission : aider les autres à connecter avec cette liberté. Le salarié qui hésite à créer sa boîte, la manager qui se sent pris en étau, celle qui ne voit plus comment faire, celle qui s’ennuie. Montrer que, si on décale le regard, il existe toujours des marges de liberté, non pas cet absolu écrit sur le fronton des mairies, mais des possibilités concrètes pour agir, retrouver de la capacité, se donner du souffle et s’autoriser à sortir du cadre. Cette liberté, j’en ai largement bénéficié à mon arrivée, c’est grâce à elle que j’ai pu expérimenter, rêver et concevoir mon métier. Celui que je fais aujourd’hui.
EPIGO est pour moi une île, refuge de pirates, où on peut vivre libre.
La méthode. Ce que j’ai découvert, à EPIGO, c’est l’importance de la méthode. Une méthode, c’est une idée qu’on peut utiliser. Mode d’emploi, parfois, carte pour l’inconnu, souvent. Une méthode, c’est ouverture des possibles, une invitation à faire les choses différemment. Se lancer dans l’entrepreneuriat : une affaire (notamment) de méthodes. Permettre à un groupe de coopérer efficacement dans la joie : un problème (entre autre) de méthode. Chez EPIGO, nos méthodes sont ce qui nous permet d’aider nos clients à quitter le connu, à ouvrir, à démarrer. Lean startup, Creative Problem Solving, Techniques de créativité… autant de boussoles pour l’exploration collective. Un mot d’ordre, quand ça secoue, quand on doute face à l’incertitude du moment et qu’on se décourage : trust the process !
EPIGO est pour moi une boîte à outil pour le monde d’aujourd’hui.
La posture. Deuxième révélation, synchrone avec l’existence des méthodes, la nécessité, au cœur de nos métiers, de se poser la question de comment on s’utilise. Long combat du cabinet, la posture basse de l’accompagnateur.trice : nous ne sommes pas là pour donner des leçons à celles et ceux qui entreprennent ! De même lorsqu’on facilite, il est nécessaire, avant tout, d’être neutre, de purger ses a priori, pour être vraiment présent au groupe. Commencer à travailler chez EPIGO a donc été d’abord un désapprentissage. Au fur et à mesure que je lisais tout ce que je trouvais sur le lean startup, j’ai compris qu’il allait falloir mettre de côté mon désir de toujours bien faire et mon désir de solutions, pour pouvoir réellement aider des gens. Un pas plus loin, nous croyons fortement, au sein du cabinet dans la nécessité de promouvoir la douceur comme modalité des interactions au sein des entreprises. Nous croyons même que cela représente une proposition assez radicale.
EPIGO est pour moi une proposition sérieuse de tendresse dans les rapports humains.
Le temps long. C’est moins une conviction active portée par le cabinet qu’un fait : EPIGO se conjugue au long terme. J’y suis depuis 7 ans. Le cabinet existe depuis 35 ans. L’ancienneté est variable dans l’équipe, mais, chose étrange, j’ai ce sentiment qu’on entre chez EPIGO pour y rester. De même, nos relations commerciales sont des relations au long cours (je me rappelle du conseil commercial de Marie : je ne prospecte pas, j’aide les gens, peu importe le moment de leur carrière et parfois ils me rappellent quand ça marche bien pour eux). Voir cela permet de considérer finement le fonctionnement d’une boîte. Les projets, imaginés un jour, finissent par naître…. 3 ans plus tard. Je crois qu’on ne peut percevoir les évolutions d’une boîte que sur une échelle annuelle. Idem chez les clients, c’est un ou deux ans après qu’on perçoit si nos accompagnements ont eu du sens. En tant qu’ex-jeune diplômé, sortir du jeu de “combien je vaux sur le marché et est-ce que je ne serais pas mieux ailleurs, vu que je ne suis pas passé senior” est un grand soulagement. Le temps long amène à une appréciable modestie : ce sont les choses qui changent, et non nous qui changeons les choses. Devenons jardiniers, plutôt que de tirer sur les plantes pour qu’elles poussent plus vite.
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EPIGO est pour moi un arbre, aux racines profondes et qui va encore beaucoup se développer, avec, toujours, au cœur, notre raison d’être, qui résume les points précédents :
Modifications.
Aujourd’hui, Marie et Daniel passent à mi-temps. Ils nous laissent la main, le champ libre. Que va-t-on en faire ? Continuer ce qui marche, ce qu’on a construit ensemble, ce qui nous tient à cœur, ce qui fait qu’on est là. La EPIGO’s touch.
Cependant, nous sommes une nouvelle génération. Nous avons une autre histoire et nous vivons dans une autre époque. Peut-être moins insouciante. Les années Jospin et le 12 juillet 1998 me semblent loin. Notre question, aujourd’hui, est la suivante : comment se rendre utile à ce monde qui bascule ? Faire vivre EPIGO comme un contre-modèle au bénéfice de ses salariés et de nos clients actuels est merveilleux, mais ne suffit plus. Il s’agit de s’engager.
Que faire ?
Une piste de réponse : nous pensons avoir quelque chose à apporter aux sujets de transition. S’il est nécessaire de questionner la trajectoire de notre société et des organisations qui la composent et de bien comprendre les différentes menaces qui pèsent sur nous (climatiques, sociales, géopolitiques, liées à la biodiversité - j’en oublie ?), la question du passage à l’action dans les organisations me semble être encore un champ d’exploration. Notre approche, nos compétences, notre expérience nous permettent d’accompagner efficacement des collectifs dans des prises de décisions et l’initiation de projets, dans un contexte incertain et avec des risques forts.
Cette orientation vers les sujets de transition est déjà à l’œuvre au sein du cabinet. Nous avons récemment accompagné un grand acteur de la mobilité alternative sur sa stratégie bas-carbone, nous accompagnons des CODIRs dans leurs réflexions stratégiques sur le sujet, nous intervenons dans le master Strategy & Design pour l’anthropocène de Strate à Lyon. Par ailleurs, afin de nous aligner, nous finalisons actuellement notre bilan carbone avec Openlande.
C’est un monde qui bascule, une normalité qui décroche, la fin d’une ère. Il est temps de dire au revoir à l’holocène et au XXème siècle. L’avenir sera fait de chocs et d’incertitudes, de coups durs et de privations. Mais aussi, je le sais, de joies puissantes et de moments de grande beauté. Une certitude : face à ce nouveau présent, c’est la capacité à coopérer dans la complexité qui nous sauvera.
Et moi ?
J’avoue, j’ai peur. Je me représente le rôle de dirigeant d’une TPE comme celui de la dernière personne à partir en cas d’incendie, celui ou celle qui ne lâche pas les sujets, même les plus pénibles. Une charge quoi !
Donc ok, nous avons un rôle à jouer pour aider la nécessaire transition de nos sociétés… Mais nous devons aussi faire du chiffre d’affaires ! Payer les salaires, chaque mois. Je dois aussi rembourser mon emprunt. En turc, il y a une expression pour parler d’engagement. On dit : “mettre sa main sous la pierre”.
En réalité, je crois que c’est justement ce qui me plait. Je suis un piètre théoricien. J’ai besoin du concret, du terrain. EPIGO m’a donné le champ libre, m’a offert une place. Il s’agit maintenant de jouer pour de bon : peut-on changer le monde, s’amuser et gagner correctement sa vie ? Aucune certitude, mais je crois que ça vaut le coup d’essayer. Cette pierre là est la bonne.
Donc, merci Marie et Daniel pour votre confiance, vos apports et pour tout le reste. Big up à mes associées, je suis touché et rassuré que vous sautiez avec moi dans l’inconnu. Je suis enthousiaste à l’idée de le faire avec cette équipe au top. On va bien s’amuser !
Il est temps : GO !
J'accompagne au développement de la coopération dans votre organisation / Intelligence collective / Coach professionnel 🌺
10 moisBravo Antoine ! Tout mon soutien à votre entreprise et raison d'être,
Praticienne en innovation manageriale_facilitatrice_formatrice
1 ansQue ton chemin de ton résident soit semé de belles rencontres, de joies partagées et de projets passionnants 😊
Responsable marketing multicanal & diversification
1 ansBravo Antoine ! Très contente pour toi.
Responsable administratif et financier chez Trinnov Audio
1 ansBravo Président!
Co-fondatrice de l'Université du Nous, co-présidente du fond'action UDN
1 ans👏 et quel président !!! ;) bravo à toi ! à vous ! vive EPiGO !