Devons-nous croire que l'intelligence artificielle remplacera l'intelligence du pilote d'hélicoptère ?
Bertrand Vallette d'Osia
Officier général en 2e section, ancien commandant de l'ALAT, président de l'entraide ALAT, correspondant de l'Académie de l'Air et de l'Espace
Autrement dit, pensons-nous que l'IA permettra de robotiser le combat aéromobile ?
Répondons d'abord à la question « qu'est-ce qu'un pilote de combat ? ».
Si ce n'est qu'un singe habile, disposant d'une bonne dissociation d'attention, alors oui, l'IA remplacera l'intelligence du pilote et donc l'hélicoptère du futur sera un drone. Mais si nous pensons que le combat ne se borne pas à répliquer une situation, que la situation tactique s'analyse, se comprend et permet de prendre des décisions adaptées aussi bien le domaine du vol que de la tactique, alors les hélicoptères de combat pilotés ne sont pas près d'être remplacés.
La réalité du combat est que malgré la meilleure préparation, le chef tactique ne rencontre que très rarement la situation attendue et doit décider en mesurant des risques et en prenant sans cesse des initiatives. Dans le brouillard de la guerre, les surprises se dévoilent tardivement, mais elles sont inévitables : l'erreur d'orientation d'un ennemi qui le place sur un itinéraire d'infiltration, la présence de personnel civil, etc... Pour des raisons tactiques et morales, c'est l'homme et pas la machine qui sait décider à bon escient de la conduite des feux.
Et comme dans un contexte de présence accrue de la guerre électronique, la formation d'hélicoptères sera privée de la liaison permanente avec l'arrière, on devra encore pendant longtemps faire confiance à l'intelligence humaine au plus proche de l'action.
L’intelligence artificielle allégera probablement la charge cognitive du pilote mais ne s'y substituera pas.
« Nous développons des aides de ciblage, mais l'algorithme ne remplacera jamais l'humain », affirme Bertrand Rondepierre, directeur de la toute nouvelle agence ministérielle pour l'intelligence artificielle de défense (AMIAD) *.
En toute logique, nous avons donc la réponse à la question : faut-il remplacer les hélicoptères de combat par des drones ?
*interview de Laura Maï-Gaveriaux, Le Parisien , 14 mars 2024
Dirigeant d'entreprises
8 moisJ'avoue être quand même inquiet aujourd'hui quant aux risques d'intégration de IA dans les systèmes de combats. L'aide de cette dernière va, certes, permettre d'accroître les performances des systèmes mais est-ce à terme une intégration totale ne nous mettrait pas face un/de nouvel/nouveaux enemi?
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8 moisBen oui et tant mieux. 😅