Devons-nous nous former à l’IA ?
M’a rétorqué Philippe sur le coup des 19h30, à côté du grill. Deux choses m’ont étonné de sa part ; l’intensité de sa question et l’abréviation instantanée de l’une des actualités du moment - l’intelligence artificielle.
Honnêtement, je m’attendais plus à ce que ce bon type de 52 ans me demande la provenance du rosé que nous étions en train de descendre depuis bientôt deux heures. Mais non. Il m’a regardé droit dans les yeux, à travers la fumée des merguez, pour me poser cette question avec sérieux. Au moment de lâcher ces mots, j’ai senti Philippe concerné, presque inquiet. Et puis, qui suis-je pour lui répondre ?
« Mais t’es le marketing toi. Ça te fait pas peur pour ton boulot ? ». Oui et non, parce qu’aujourd’hui, dans le Canton de Vaud, les gens préfèrent (encore) avoir l’avis d’un Humain, plutôt que d’un robot, pour leurs investissements en communication et en événementiel. En effet, l’IA n’arrive pas encore à choisir entre deux vignerons après avoir goûté leur nectar. Elle est incapable de comprendre pourquoi les gens disent « adieu » en arrivant. Elle ne fait pas vraiment de différence entre les personnes qui habitent Assens et celles qui vivent à Cossonay.
Bref, l’IA n’est pas si cool que ça. Pour moi, l’intelligence artificielle, c’est un Parisien qui débarque sur une terrasse à Cully un dimanche : elle sait tout mais elle sait quand même rien… Néanmoins, elle me fait un peu plus peur que Mbappé à l’Euro. Dans le sens où si on lui donne les bons ballons, elle cadre à chaque fois, elle. C’est donc peut-être sur ça qu’il faut se former.
Peut-elle nous aider dans nos tâches du quotidien ? Comment va-t-elle nous faire gagner du temps, sans péjorer la qualité de notre travail ? Très sincèrement, je ne sais pas si nous devons nous former à l’IA mais nous devons nous y intéresser, fortement. Être curieux·ses, comme à chaque fois qu’une nouveauté arrive sur le marché. Actuellement, je ne m’intéresse pas plus à l’IA qu’à la crypto monnaie parce que j’ai l’impression que cela va me détacher encore plus du monde réel.
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Ainsi, je n’ai donné aucun conseil à Philippe. Je me suis plutôt demandé ce qui le tracassait, lui un excellent cadre du secteur tertiaire. Il doutait de ses compétences, sans doute. Il avait peur qu’un jour l’IA lui pique son job, peut-être. Pourtant, tout en sortant les brochettes, je lui ai demandé : « Est-ce que l’IA va aller manger avec tes clients à ta place ? Est-ce que l’IA va répondre au téléphone quand un fournisseur t’appelle pour une urgence ? Est-ce que l’IA va créer de la confiance et de la proximité avec tes équipes ? » - Ben non, m’a-t-il répondu soulagé.
En revanche, l’IA nous permet d’anticiper les besoins, de mieux comprendre les défis, d’organiser notre vie différemment, potentiellement. De toute manière, l’intelligence artificielle est déjà partout, sans que l’on s’en rende compte. Mais soyez tranquilles, tant qu’elle n’arrivera pas à sourire en serrant la main, nous resterons irremplaçables.
© Lucien Meylan | lucien@spurring.ch
Cheffe de projet RP/Sponsoring
6 moisToujours de bon ton 👌
J'adore ! Merci Lucien Meylan pour tes articles si bien rédigés, à la fois lumineux, drôles et touchants.