Du devoir de résistance

Le 28 mai 2017, Jean Lenormand, mon père, perdait pied sur une arrête facile d’un sommet du Massif de Belledonne.

Lui qui avait parcouru tant de montagne, c’était sa dernière ascension. 

Nous en avions parcouru un certain nombre, certaines très hautes, ensemble. 

J’écris cet article plus de 5 ans après sa disparition, et il m’a semblé nécessaire, en 2022, de rappeler une partie de son histoire, qui est aussi une partie de la mienne. 

Elle commence en 1979. Mon père était alors Ingénieur TPE en Creuse

Reprise en détail dans le document « historique » (quoique partial par endroit, comme vous le verrez) que vous retrouverez sur ce lien, elle raconte comment un fonctionnaire qui s’apposait aux « petits arrangements » entre les services de l’État et une entreprise (la Colas), fut l’objet de mutation d’office. 

Elle raconte comment un Ministre, Michel d’Ornano, procède à une mutation illégale, censément « disciplinaire », qui enverra mon père à 150 km de sa famille, alors que nous étions trois enfants de moins de 10 ans. 

Elle raconte comment un autre Ministre, André Chandernagor, s’est toujours opposé au retour de mon père en Creuse, département dont il avait été le député, le président du Conseil Général et du Conseil Régional lorsque mon père s’était « frotté » à la Colas, nous contraignant finalement à un « exil ».

Elle raconte comment, il y a 40 ans, avoir un « faible sens politique » , comme l’a dit le jugement, et montrer une allergie aux magouilles pouvait coûter cher.

Elle raconte une grève des personnels de l'équipement, suivie à 90% en Creuse, accompagnée d'une pétition signée par 2400 cadres de l'Equipement.

Est-ce que ça a vraiment changé ?

Il paraît que l’un des traits caractéristiques chez certains membres de ma famille, c’est une allergie viscérale à l’injustice…

Ce n’est pas pour raconter ma vie que j’installe ce document de 1982 sur Internet. 

C’est pour dire qu’hier comme (probablement) encore aujourd’hui, il se passe des choses qui ne devraient pas exister.

Et qu’il faut résister, quand nous le pouvons. 

Sur cette histoire, au moins, il y a eu jugement. 

En 2021, l’ancien ministre et député Chandernagor a fété ses 100 ans. Mon père aurait eu 75 ans. L’entreprise Colas existe toujours… 

Un système ne tient que par ceux qui se taisent.

Cliquez ici pour télécharger le document original de 1982