Du manque de sages dans les entreprises


Le recul sur une vie plutôt riche de rencontres professionnelles et amicales m'incite à poser sur l'écran quelques réflexions et étonnements personnels pouvant être utiles aux jeunes entrepreneurs et aux moins jeunes aussi!

Une récente conférence d'une personne encore jeune mais expérimentée, m'amène à me remémorer des constats récents ou faits depuis de longues années, partagés avec cette conférencière, avec le désir de ne donner de leçons à personne, mais simplement de mettre le doigt sur des sujets récurrents et il me semble majeurs

Un dirigeant est souvent seul

Ce simple fait pose la question d'un management vu et pensé depuis longtemps comme solitaire, dans sa forme comme dans son fond, cette fonction évoluant maintenant vers plus de concertation, par conviction parfois et plus souvent par nécessité

On nous apprend à cacher notre copie depuis la prime enfance, et cela n'incite pas au partage!

L'image du patron solitaire (qui a dit Ghosn?) s'efface progressivement mais elle est encore très prisée par certains, entretenue par les proches zélateurs du même patron

Et pourtant quel besoin et quelle nécessité de partager pour mieux comprendre le monde qui nous entoure!

D'où l'idée (pas vraiment très novatrice) d'un Comité des Sages dans toute entreprise qui se développe

Il ne s'agit ni d'un CODIR , ni d'un COMEX , pas plus que d'un "advisory board"

le but n'est pas de prendre des décisions à court et moyen terme, les fonctions classiques de l'entreprise y pourvoient, mais comme l'a si bien cette intervenante avertie, de "lever la tête du guidon", voir plus loin, imaginer sinon préfigurer l'avenir, pour tout simplement anticiper

Sortir des urgences quotidiennes est une impérieuse nécessité. Cela me rappelle une maxime d'un patron de PME lyonnais qui me dit un jour "pour s'en sortir, il faut sortir!"

évident mais encore pas suffisamment pratiqué...

Trop de travail, trop de soucis, et donc un trop d'indifférence à l'environnement autre qu'immédiat...

Composer ce Comité des Sages est le premier obstacle à lever, et je vais maintenant plaider pour ma chapelle

On compose souvent tout comité par références et affinités (diplôme, secteur d'activité, carrière professionnelle, recommandations...), un certain souci d'élitisme aussi, mais où trouver celui qui ne verra pas comme vous, posera des questions basiques et parfois dérangeantes, verra autrement marché, produits, services, avenir, organisation...), sans qu'il y ait un enjeu de pouvoir dans l'entreprise, en bref, différent de vous et des membres du CODIR/COMEX ...

J'ai souvent observé ce phénomène et prendre la parole dans ce contexte s'avère parfois délicat, vous n'avez pas la légitimité!

J'ai encore en mémoire de savoureux moments vécus chez France Télécom puis Orange ou dans un grand groupe international américain (écoutez mieux et plus vos clients, faites les participer aux développement des produits et des services, parlez aussi avec vos concurrents...)

Toute question ou remarque émise par un non expert est suspecte, voire à l'époque sacrilège, a fortiori si c'est un communiquant!

Il se trouve qu'avec le recul ces observations se sont assez souvent avérées pertinentes et valides

La raison? Une vision et une expérience assez larges, le temps aidant, et très diversifiée des secteurs d'activité rencontrés et travaillés, une curiosité assez logique aidant

Simple bon sens aussi...

Je clos ce chapitre personnel pour revenir à d'autres points plus importants

Autre constat fait conjointement avec cette intervenante, la dépréciation de la fonction commerciale en France

Entre 10 et 15% des élèves sortant des grandes écoles de commerce (ESSEC, ESCP, EDHEC, EM Lyon...) vont dans la filière commerciale, le solde s'orientant vers la finance, le management, les RH plus "nobles" mieux valorisés et mieux rémunérés

Quand on voit le temps mis pour vendre TGV et Rafale, on comprend mieux...

Et pourtant chaque semaine on entend des chefs d'entreprise poser la question "vous ne connaîtriez pas un bon commercial?"

La balance commerciale de la France en atteste

Remplacer la défiance par la confiance

Dans la relation du monde des affaires, j'ai toujours été étonné par le niveau de défiance de certains interlocuteurs. Hormis qu'il peut révéler une éducation mal vécue et mal orientée, il révèle un niveau d'échange qui s'annonce d'emblée difficile, compliquant la compréhension mutuelle

En quoi l'empathie est-elle un problème dans le monde des affaires?

Le modèle du négociateur intraitable fait encore référence et suscite l'admiration, voire l'idolatrie

Et là, je ne comprends pas...

Certains contextes de négociation n'échappent pas à ce type de combat, c'est quasi culturel notamment dans l'agro-alimentaire que j'ai bien connu (ou dans l'automobile) , mais j'ai souvent constaté qu'on obtient souvent plus et mieux par l'écoute, la compréhension, le respect, le débat apaisé, même si parfois la tension monte

Et ça tombe bien, parce qu'on ne peut pas travailler avec tout le monde!

Alors, bien-sûr, on ne peut pas traiter toujours ses interlocuteurs sur ce mode-la, nous ne sommes pas dans le monde des bisounours

Choisir ses clients? Oui, si possible, travaillez avec les clients "compatibles", ceux qui ont une culture, des valeurs et une vision proches de la vôtre, et évitez les profiteurs, ceux que j'appelle les bandits, qui vont vous parasiter, vous stresser, ne pas vous respecter et vous paieront mal ou pas du tout

Le contexte politique actuel est un exemple exacerbé de non compréhension réciproque






Combien écoutent pour répondre et non pas pour comprendre?


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