TELESCOPAGES

M Le Monde ce lundi entre les mains (enfin sous les yeux, en version numérique)

Une chose me frappe: le voisinage entre des articles de fond traitant de l'immigration, de la crise sociale au Venezuela, et des publicités pour des marques de luxe où des post-ados déprimés aux poses lascives vous regardent avec indifférence

Ce télescopage entre réalité toute crue et représentation distanciée d'un monde qui m'est étranger me met mal à l'aise

Je n'arrive pas à me concentrer sur l'essentiel, ces images léchées me gênent et viennent se superposer à ma réflexion sur un sujet de société et la parasitent

Je me pose la question : jusqu'où peut-on aller dans le cynisme qui fait voisiner malheur et luxe insolent? Quelle est la crédibilité de ces images "cuisinées" dans les officines des meilleures agences parisiennes? Que disent-elles de notre relation à la réalité de la société?

N'étant ni Bourdieu ni Morin, je me contente de réfléchir sur ce qui me semble être une dérive vers l'insignifiant de ces pubs sans mots, dont le pouvoir de "marquage" me semble discutable, mais dont la proximité avec la réalité du monde me fait les recevoir comme insultantes et hors-sujet

Ces personnages indifférents et désincarnés (c'est du moins ma perception) ne me disent rien de l'espoir pour l'avenir de l'humain, de la joie inhérente à la jeunesse, de la dureté aussi d'un monde maltraitant chaque jour des êtres chahutés par l'intolérance et le rejet de l'autre

Ce voisinage entre luxe , drame social et vie des "nantis", illustre bien le fossé qui se creuse chaque jour entre ultra-riches et le reste de la population : chaque chose à sa place, les problèmes sociaux pages de gauche (tiens, une signification politique?) et les pubs de luxe pages de droite (même remarque)

Drôle de Monde, non?

Alain