Durabilité : mesurer la connaissance pour mieux piloter la transition

À l'heure où certains médias propagent de fausses informations et où des rumeurs se répandent sur les réseaux sociaux, il devient crucial de garantir que tous les décideurs (ou futurs décideurs, incluant notamment les étudiants de l'enseignement supérieur) aient une compréhension minimale des enjeux globaux auxquels l'humanité doit faire face 

Il y a dix ans nous lancions le mouvement Sulitest, avec comme mission de faire évoluer ce que nos amis anglophones appellent la « Sustainability Literacy », c’est-à-dire les connaissances, les compétences et les états d’esprit nécessaires à une prise de décision la plus éclairée possible. 

" Bien entendu, la connaissance n'est en aucun cas suffisante. Cependant, le partage d'une base commune de connaissance est crucial pour permettre une action transformative et déclencher un changement systémique".

Au printemps dernier nous lancions la première mesure robuste, pertinente et comparable de la connaissance sur la durabilité. En l'espace de quelques mois 4 500 personnes ont passé TASK™ (The Assessment of Sustainability Knowledge) et les tendances, à prendre avec toutes les précautions d’usage, nous donnent un premier état des lieux, et nous permettent d’entrevoir les challenges et les actions possibles pour faire de la durabilité un langage commun.

• Si la note médiane est de 51 (avec une distribution équilibrée), 11 % des candidats montre une meilleure compréhension avec un score de 70 ou plus. Certaines bases sont là, mais nous sommes encore loin d'une compréhension partagée des enjeux permettant à un manager, un ingénieur, un architecte ou un avocat d'échanger pour co-constuire un monde durable.
•  Si les 3 cadres de référence de la matrice de TASK™ sont équilibrés en termes de score, on note de grandes disparités en fonction des sujets : dans le « système terre », le climat est mieux connu par exemple que le cycle de l’eau, dans les fondements sociaux du « bien être humain », l’égalité entre les hommes et les femmes est mieux intégrée que équité sociale, quant aux « leviers d’action », il semble que la gestion des ressources naturelles soit mieux appréhendée que les lois et les cadres institutionnels
•  On constate aussi une meilleure compréhension des liens entre les limites planétaires et les fondements sociaux qu’avec les leviers d’action. Comprendre ce qui est en train de se passer est une chose, savoir comment agir est encore aujourd’hui une connaissance spécifique.
• La « matrice des corrélations » montre des relations entre certains sujets. Ceci pourrait inspirer des stratégies pédagogiques qui combinent ces sujets (c’est notamment le cas entre le système terre et les fondements sociaux)
• On s’aperçoit par ailleurs qu’il n’y a pas de différence notoire du niveau de connaissance entre les hommes et les femmes.
•  Les populations plus jeunes semblent avoir une meilleure connaissance des grands enjeux que leurs ainés.
• Enfin, autre interprétation que l’on va poursuivre avec intérêt, le niveau d’expertise perçu par les candidats à un impact négatif (ou non significatif) sur leur score ! En un mot, certains experts de longue date (et probablement reconnus comme tels) semblent ne l’être que sur 1 sujet (le climat ou la pauvreté par exemple) et n’ont que rarement une vision complète du système. D’autres subissent probablement l’effet "Dunning-Kruger". Plus récemment convaincus, ils peuvent avoir la perception que les quelques livres et conférences dans lesquels ils se sont plongés avec passion, leur donnent une expertise à la hauteur du changement de leur perception du monde.

Dans les semaines à venir, nos premières universités et écoles "Change Leaders" vont inviter leurs étudiants à passer TASK™. Grâce aux data récoltées sur le niveau de connaissance de leurs étudiants à differents moments de leur scolarité (à l'entrée et à la sortie par exemple), elles pourront mieux piloter, diffuser leurs actions pour améliorer la "sustainability literacy". En outre, les résultats détaillés et agrégés au niveau des cohortes d'étudiants vont leur permettre d'apporter des éléments de preuve aux accréditeurs, aux classements et aux diverses parties prenantes. Les indicateurs et métriques compilés à l'échelle planétaire vont quand à eux informer la communauté académique des évolutions et l’impact des différentes approches pédagogiques.

"Les données générées par TASK™ nous permettent déjà d'identifier des tendances éclairantes qui contribueront à l'évolution de l'approche de la durabilité dans l'enseignement supérieur et à l'adoption généralisée de ce langage commun. "

Pour plus de détails sur ces tendances (ainsi que sur le domaine de connaissance), n’hésitez pas à consulter notre rapport présenté lors du dernier forum politique de haut niveau de l’ONU en juillet dernier

Pour mémoire, les Change Leaders, sont des établissements d'enseignement supérieur qui s'engagent à intégrer les connaissances sur la durabilité dans tous les programmes, et a certifier la majorité de leurs étudiants avec TASK™ (objectif 75 % de leurs étudiants diplômés d'ici 3 ans)

The American University in Cairo (School of Business), University of Cergy-Pontoise, ECE. Ecole d'ingénieurs. Engineering School., École des Ponts ParisTech, EM Normandie Business School, Ecole nationale supérieure de l'Electronique et de ses Applications, École normale supérieure de Lyon, Ecole nationale des Sciences géographiques, Ecole nationale des Travaux publics de l'Etat, ESCP Business School , ESCE International Business School, ESME, ESSEC Business School, Excelia, Grenoble Ecole de Management, HEC Montréal, IÉSEG School of Management, Institut Mines-Télécom Business School, KEDGE Business School, TBS Education, Université Paris-Saclay, SUP de V, UniLaSalle, YNOV Campus, Y SCHOOLS

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