Education: innover ou mourir

Education: innover ou mourir

En regardant l’enseignement supérieur avec objectivité, force est de constater une dysharmonie asynchrone de plus en plus flagrante entre ses acteurs : les étudiants sont de leur temps, (des apprenants connectés du 21ème siècle), leurs enseignants et la pédagogie sont du siècle passé (posture encore trop souvent centrée sur l’enseignant plutôt que sur l’apprenant) et les institutions universitaires datent souvent du 19ème siècle voire plus anciennement encore pour certaines (auditoires désuets et espaces d’apprentissage obsolètes) …

Avec l’externalisation des savoirs sur la toile, les étudiants ont accès à tout et en tout temps, pour faire la différence dans le monde professionnel d’aujourd’hui, ils vont devoir prouver qu’ils ont plus de valeur que Google et qu’ils sont capables de bien plus que de simplement régurgiter des connaissances. Le monde ne vous valorise plus pour ce que vous savez mais pour ce que vous êtes capables de faire avec ce que vous savez ! (Andreas Schleicher[i]) Dès lors, et on le sait maintenant depuis plus d’une décennie, la posture académique transmissive est devenue caduque. Selon moi, et je ne suis pas la seule à le penser, le cours purement ex-cathedra est voué à mourir ! Et vite !

Oui, mais alors que faire et comment innover ?

·      Etudiants : leur donner la responsabilité de leur développement intellectuel, adopter une approche centrée sur leur expérience d’apprentissage, les mettre aux commandes de leur propre d’apprentissage à leur rythme. Selon la métaphore du tandem, c’est l’étudiant qui pédale à l’avant et son professeur à l’arrière. Les apprenants ont besoin de voir par eux-mêmes la pertinence et l’intérêt de tout apprentissage.

·      Enseignants : leur donner de la formation tout au long de leur carrière, valoriser leurs pratiques éprouvées, leur offrir des respirations pour qu’ils puissent voir ailleurs et s’inspirer de pratiques enseignantes différentes, leur offrir une reconnaissance et un statut valorisant.

·      Pédagogie : s’inspirer de la pédagogie active, de l’instruction par les pairs pour orchestrer un enseignement qui fasse sens et qui mobilise les fonctions cognitives subtiles, complexes et profondément humaines difficilement accessibles (voire impossibles) à l’intelligence artificielle : curiosité, imagination, créativité, bienveillance, esprit collaboratif. Ce sont elles qui feront la différence dans le monde professionnel !

·      Institutions : repenser les espaces d’apprentissage, arrêter de mettre aux commandes de la rénovation ou de la construction d’écoles des architectes ou des décideurs qui ont une conception de l’enseignement dépassée et inadéquate. Repenser les espaces en termes de collaboration, de connectivité, de lieux propices à des pauses réflexives.

Puisque tout est désormais accessible à portée de clics, il faut avoir le courage d’enseigner moins de choses, mais mieux et avec plus de profondeur. En cette période de pause estivale, il y a une elle opportunité de repenser sa philosophie d'enseignement et de s'inspirer de celle-ci: Teach less better but expect more !

[i] Andreas Schleicher est Directeur de la Direction de l’éducation et des compétences, et conseiller spécial du Secrétaire général, chargé de la politique de l’éducation, au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris.

 




Avez-vous un lien à partager concernant votre groupe de projets en pédagogie active? Je serais intéressée à en savoir plus Vincent Bonniol

Vincent Bonniol

Medical Doctor, Phd, Assistant Professor for education sciences at AMU

6 ans

Très belle proposition : elle converge bien avec le groupe « projets en Pédagogies Alternatives » que j’ouvre dans le Master 2 Sciences de l’éducation, en septembre prochain, à Aix-Marseille Université !! 🧐👋😆

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets