Emmanuel Macron, entrepreneur de l'année !

Assez admiratif de la capacité entrepreneuriale du bonhomme !. Il y a 15 mois, il n'"existait" pas, il est aujourd'hui président de la République.

Les historiens nous expliqueront, sans doute à juste titre, que son élection était prévisible, qu'elle s'inscrit logiquement dans la perte de légitimité des partis traditionnels qui se sont usés jusqu'à la corde à promettre la fin du chômage.

Problème insoluble (à mon avis), tant qu'il n'est pas correctement posé. Et message envoyé très clairement à nos élus qu'il est temps d'atterrir, les remèdes palliatifs n'ont fait que repousser les échéances, plus personne n'achète leur discours des vieux: "voter pour moi, le chomage (et la "crise) va disparaitre".

Un entrepreneur se reconnait à plusieurs caractéristiques, parmi lesquelles:

-le fait de savoir partir au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard: à titre personnel, il m'a tout simplement ébloui sur sa capacité à mettre le clignotant, déboiter et leur "faire l'extérieur" sur un seul tour de circuit. Chapeau ! l'histoire nous dira que Fillon l'a bien aidé, certes, il n'en demeure pas moins que le choix du timing reste le fait d'un trentenaire à qui personne ne donnait une chance il y a 6 mois.

-la capacité à croire en soi et en son étoile. Combien de projets sont morts à avoir trop entendu les "autres" (l'enfer, c'est...), surtout quand ils ont raison ? "tout le monde savait que c'était impossible, jusqu'à ce qu'arrive quelqu'un qui ne le savait pas. Et il l'a fait !" (je cite de mémoire, auteur à retrouver... :-). Qualité d'autant plus rare, que notre système éducatif vise plutôt à rappeler à la modestie (ou au calme !), ceux qui osent prétendre penser différemment. Sartre s'est fait recaler la première année à l'agrég. parce qu'il faisait du Sartre, "jeune homme vous rentrerez dans la carrière quand vos ainés n'y seront plus !" :-)

-la capacité à mobiliser. Alternative, la capacité à vendre son projet, mais en France, on n'aime pas le terme (vendeur, fi !); alors disons leader ! rassembleur !. On a quitté le domaine des savoir-être et savoir-faire, qui peuvent s'acquérir et se travailler, pour entrer dans le registre du talent ! Chapeau !

Remarque: j'ajouterai la capacité à mobiliser sur des idées construites, et non sur le désespoir de plus en plus d'entre nous (message de désespoir qu'il faut entendre et respecter, sauf à offrir un fauteuil à la connerie et la haine des démagogues de tout poil, y compris blond aryen, qui en font le moteur de leur ambition personnelle). Peu nombreux sont ceux qui savent allier intelligence, registre rationnel, capacité à amener l'autre dans un raisonnement construit, et dans le même temps, réussissent à jouer du registre émotionnel, que ce soit par la parole, par l'action ou par la posture: arriver à pied, seul à la pyramide du Louvre, c'est mobiliser un autre registre émotionnel et de chef que d'y arriver en bande plus ou moins organisée. Une entreprise, a fortiori un pays se dirige d'abord par les valeurs (étonnant de voir à quel point un Fillon n'a rien compris au film, histoire de générations ?).

Tout ca à 39 ans !

Reste maintenant pour rentrer définitivement dans la grande Histoire à mettre en marche la France, ce qui revient à s'attaquer à la destruction des cloisons les plus étanches, les cloisons invisibles mais réelles, érigées par tous ceux qui ont décidé qu'il ne fallait pas bouger. Au premier rang desquels les responsables politiques traditionnels, certes, mais pas que...ne tombons pas dans la facilité.

Macron, et c'est tout le mal que je lui souhaite, deviendra l'homme du changement historique s'il arrive à fédérer une majorité autour non pas des revendications de chacun, mais au contraire autour des apports/concessions que chacun d'entre nous doit faire pour que la collectivité avance. Changement de discours, changement de posture, et changement de mentalité qui seuls permettront de changer les choses. Idiot de le rappeler, mais l'Etat, c'est nous, et pas que Macron: quels sacrifices sommes nous prêts en particulier à faire pour nos enfants, et une éducation qui donne à chacun d'eux leur chance, indépendamment des revenus des parents, ou de leur lieu d'habitation ?

Bref, il aura gagné une place unique dans notre histoire, ce que je lui souhaite, s'il arrive à faire qu'une majorité d'entre nous se demande, non pas ce que le pays peut faire pour nous, mais ce que, chacun d'entre nous, pouvons faire pour notre pays.

Cette capacité à la jouer collectif, c'est tout simplement ce qui explique la différence de réussite entre les sociétés qui ont une vraie culture de la négociation et du compromis, (allemande, suédoise, norvégienne)... et la notre.