Emploi des seniors
Le législateur a fini par passé outre aux résistances au report de l’âge de la retraite. Comme il a aussi inscrit dans les règles une augmentation régulière du nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein, l’âge effectif de départ devrait reculer, contribuant à l’équilibre des caisses de retraite : aujourd’hui cet équilibre est assuré (difficilement) par un net décrochage entre l’évolution du pouvoir d’achat des actifs et celui des retraités (qui diminue de fait depuis 5 ans).
Les opposants à ce recul de l’âge de la retraite ont toujours mis en avant le risque de n’aboutir qu’à mettre les seniors au chômage.
Le portrait social de la France (publié par l’INSEE) donne dans son édition 2017 un éclairage sur cette question avec des données sur le taux d’activité des 55/64 ans ainsi que sur le taux de chômage.
De 2008 à 2016, le taux d’activité des 55/64 ans est passé de 39.8 à 53.7 %. En prenant en compte un taux d’activité inférieur à 90% pour ceux qui ont 54 ans, cela signifie que sur les 8 ans, le départ en retraite effectif a reculé de plus de 18 mois.
Les graphiques publiés en page 171 montrent qu’à partir d’un point bas en 1995, le taux d’activité des 50/64 ans a augmenté de plus de 10% pour les hommes et de près de 25 % pour les femmes.
L’INSEE produit un taux d’activité des 55/64 ans corrigé des évolutions démographiques liées au passage des classes creuses d’avant 45 à celles du baby-boom, qui permet de mieux observer les variations annuelles. Cet indicateur a augmenté de 0.9% en 2016, après un gain de 1.5% en 2015, ce qui correspond à un recul de l’âge de départ respectivement de plus d’un mois et de près de 2 mois, soit un trimestre sur l’ensemble des deux ans.
En ce qui concerne le taux de chômage, on observe là aussi (pour les plus de 50ans) une hausse de 2008 à 2016, de 4.3% à 6.7%. Mais cette hausse est inférieure à celle qui affecte les 18/25 ans (+5.6%) mais aussi à celle qui touche les 25/49 ans, dont le taux de chômage augmente de 2.6 points. Le taux de chômage des seniors reste donc nettement plus faible que celui des autres catégories, contrairement à un préjugé tenace. Par contre avec le retour de la hausse de l’emploi, la proportion des 25/49 ans en chômage de plus d’un an passe en dessous de celle des 50 ans et plus.
Le tableau de bord sur l’activité des seniors publié par la DARES donne des renseignements complémentaires (et comprend une série de graphiques parlants). On y trouve notamment une analyse plus fine par tranche de 5 ans :
· Le taux d’emploi des 55/64 ans est de 71.7 au 3ème trimestre2017, contre 70.3 en 2016 et environ 55 entre 2003 et 2008. A noter que le taux d’emploi des 50/54 ans était de 79.8 en 2016. Il y avait donc cette année-là un écart de 9.5 entre les générations de 50/54 ans et celle des 55/59 ans, écart qui s’explique probablement par des départs en retraite à moins de 60 ans pour certaines catégories et par des personnes dispensées de recherche d’emploi pour cause de santé.
· Le taux d’emploi des 60/64 ans est de 29.3 au troisième trimestre 2017 contre 28.1 en 2016 et moins de 15% avant 2006 : depuis 10 ans, l’augmentation de taux des 60/64 ans est proche de celle connue par les 55/59 ans
· Le taux d’emploi des 65/69 ans est de 7.0 contre 6.5 en 2005 et moins de 4 avant 2006. S’il augmente lui aussi, il reste encore très faible.
Quelle conséquence sur le montant des retraites ? Comme noté dans un article précédent, la population des plus de 60 ans augmente d’environ 2% par an. Le report de l’âge effectif de départ en retraite observé en 2015/2016 permet de limiter la hausse à 1% par an, ce qui reste supérieur à l’évolution de la population active et ne permet donc pas pour l’instant au pouvoir d’achat des retraités de suivre celui des actifs, à taux de cotisation constante.