En quoi le développement du tourisme durable est-il devenu urgent ?
Concept relativement récent apparu dans les années 90, le tourisme durable fait de plus en plus parler de lui. Mais sait-on vraiment de quoi il s’agit ? En quoi l’application de ce dernier est-elle importante ?
DES ENJEUX ECONOMIQUES SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX FORTS
Contrairement aux idées reçues, le tourisme durable ne concerne pas que le respect de l’environnement. Il s’agit de trouver un équilibre viable à long terme entre les aspects économiques, environnementaux et sociaux, pour que le tourisme profite aux populations locales tout en respectant leurs terres. Des déséquilibres se sont créés et ont été accélérés par la mondialisation et il est urgent d’y faire face.
Yann Arthus Bertrand, président de GoodPlanet et sensible aux causes environnementales le souligne. Pour lui, « le tourisme de masse, où l’on va loin, peu de temps, cela va être un tourisme qui ne va plus exister dans une dizaine d’années. Le prix du pétrole, le prix de l’énergie nous transformera complètement. C’est même drôle que l’on n’en parle pas du tout ». En effet nous ne changeons pas notre manière de voyager alors que les ressources naturelles comme le pétrole s’épuisent. Le touriste lui aussi est en demande de voyages différents, de voyages intelligents. Nous voulons apprendre, acquérir un savoir, connaitre les spécificités locales comme la gastronomie, la culture, l’architecture, faire des rencontres et se retrouver en immersion dans un lieu qui nous est inconnu. Nous voulons sortir de notre zone de confort pour s’enrichir personnellement, en apprendre plus sur les autres, sur soi. Nous observons une quête de sens dans le voyage. Les voyageurs semblent prêts au changement, à plus d’Humain, à vivre une expérience hors du commun. On parle même de tourisme transformationnel, dans le sens ou le voyage nous change en tant que personne, et modifie notre regard sur ce qui nous entoure.
Les bénéfices du tourisme durable sont nombreux : véritable outil de lutte contre la pauvreté, il permet une valorisation du territoire, de ses ressources naturelles et de son patrimoine culturel. Outil de cohésion, de mise en réseau et d’unité sociale, il met en relation la population d’un même lieu autour d’une thématique commune, d’un projet commun. L’amélioration de l’offre locale a un impact positif sur les habitants et leur qualité de vie. La population locale peut profiter de ces nouvelles initiatives et participe aux retombées économiques des sites en question. En favorisant les circuits cours, les producteurs locaux, et la consommation responsable, une véritable synergie se met en place, ce qui permet de redynamiser le territoire. Des initiatives privées de tourisme rural durable ont fait leur preuve comme le réseau « Bienvenue à la ferme », proposant notamment des séjours chez les agriculteurs, au milieu de leur exploitation. Les agriculteurs s’engagent de leur côté à respecter des critères environnementaux.
UNE PROPAGATION LENTE DE LA DEMARCHE TOURISTIQUE DURABLE
Le terme de tourisme durable est apparu il y a maintenant plus de 25 ans. Ce modèle économique du développement durable appliqué au tourisme est pourtant encore peu développé et appliqué. Des entreprises se spécialisent dans le tourisme durable, qui est devenu une niche. En réalité ce modèle peut être appliqué à tout type de tourisme, y compris le tourisme de luxe.
Autre frein à la propagation de ce modèle : la procédure pour obtenir des labellisations. Reconnus pour leurs critères sérieux et leur notoriété, les labels ont un impact positif sur le caractère durable des entreprises et de leurs activités. Cependant, il peut être décourageant pour un particulier d’entamer ces démarches, bien que des accompagnements soient mis en place.
Enfin, après les entreprises viennent les consommateurs qu’il faut convaincre de consommer le produit ou le service en insistant sur le caractère éthique de la démarche. Les habitudes de consommation sont ancrées : voyager loin, pour le moins cher possible, passer par de grandes chaînes, il est très tentant de rester dans notre mode de consommation « habituel », confortable. Certains touristes sont sensibles au tourisme durable mais la démarche est loin d’attirer l’attention de tous.
COMMENT FAVORISER UN TOURISME PLUS ETHIQUE ?
La transition vers le durable se fait lentement mais certaines barrières subsistent. En premier lieu viennent les habitudes de consommation, dont il est difficile de se défaire. Il s’agit également de responsabiliser le consommateur par des campagnes de sensibilisation. À nous d’accompagner le touriste dans cette transition, de bien différencier le tourisme durable et éthique du tourisme vert, rural, d’aventure pour plus de compréhension. Car le tourisme durable est pluriel. À nous d’accompagner les projets de locaux pour redynamiser et développer les territoires.
Léa MOREAU