Ennéagramme et leadership Apprendre à décider

L’Ennéagramme permet à une personne de comprendre ses motivations fondamentales et de détecter certaines de ses limites. Mais on peut l’utiliser beaucoup plus finement. Je l’utilise comme soubassement, sur lequel j’ajoute des techniques comportementales, qui sont très complémentaires.  En voici un exemple, sur le leadership, en particulier la capacité à décider.

Deux de mes clients avaient des difficultés à décider. Le premier, appelons le Jacques, appartient à la base 9 (le « médiateur »). Sa motivation fondamentale est la recherche d’harmonie, et la résolution des conflits. Il était réticent à toute décision pouvant blesser quelqu’un. Le second, appelons le Pierre, appartient à la base 1 (le « perfectionniste »). Il est dominé par l’exigence, par la recherche de l’excellence. Il était réticent à toute décision prématurée, dont il n’aurait pas maitrisé toutes les conséquences.

Deux énnéatypes, une même limite au leadership. Voici ce que nous avons fait avec Jacques.

Lors d’une de nos premières séances, j’ai lui expliqué l’Ennéagramme. Il s’est découvert en base 9, et a pris conscience de son besoin d’harmonie. Plus tard, nous avons évoqué son directeur industriel, Franck. Franck semblait incapable de prendre la direction voulue par Jacques, direction indispensable à redresser les comptes de l’entreprise. Nous l’avons identifié comme de la base 1, ce qui renforçait cette crainte (un « perfectionniste » est souvent peu ouvert aux directions nouvelles). Aussitôt, Jacques m’a dit « je ne peux pas le faire partir, il n’a pas démérité ». Une réaction naturelle pour une personne de base 9.

J’ai pris cela comme une occasion de travail sur le leadership et sur les valeurs. J’ai demandé à Jacques d’expliciter les intérêts de ses actionnaires, de sa société, de Franck (tels qu’il les imaginait), et les siens propres. Puis je les lui ai fait classer par importance. Pour Jacques, l’essentiel était le redressement des comptes, seule manière de préserver le maximum d’emplois. Cela l’a contraint à envisager le départ de Franck.

La seconde étape fut d’imaginer la rupture. Selon l’Ennéagramme, les personnes de base 9 anticipent souvent les besoins et les souhaits des autres, pour trouver des solutions consensuelles. J’ai donc forcé Jacques à imaginer plusieurs versions des besoins de Franck. Pour chacun, nous avons cherché une solution (sortie, changement de poste…). Le départ de Franck devenait ainsi acceptable pour Jacques. Enfin nous avons conçu la manière de les lui présenter.

Lors de leur discussion, Jacques a été très surpris des réactions de Franck. Celui-ci (rappelons que Franck est « perfectionniste ») craignait par-dessus tout de se révéler incapable de satisfaire les exigences de son poste. Il a donc facilement accepté une transaction, qui préservait son amour propre.

Depuis, Jacques n’a plus eu besoin de mon aide pour décider. Il sait quelles sont ses valeurs, et il a appris à écouter celles des autres. Un énorme progrès de leadership 😊 !