Entretien avec Stéphanie Jacquet Présidente de l’association TDAH Pour un égalité des chances

Entretien avec Stéphanie Jacquet Présidente de l’association TDAH Pour un égalité des chances

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84 % des élèves concernés par le TDAH sont en souffrance scolaire ! 

Journée Nationale de Sensibilisation au TDAH: Nous avons posé 5 questions à Stephanie Jacquet, Présidente de l'Association "TDAH pour une égalité des chances"


NF : Stephanie Jacquet, vous êtes à l'initiative de la Journée Nationale de Sensibilisation au TDAH, avec l'Association Typik'Atypik. Vous militez depuis plusieurs années maintenant pour faire reconnaitre le TDAH. Pourquoi est-il important de faire connaitre ce trouble ?

Je milite en effet depuis 2018 pour faire reconnaitre le TDAH. C’est important de faire connaître ce trouble car lorsque l’on ne connait pas la nature du trouble et ses conséquences, cela peut donner lieu à des erreurs d’interprétation que ce soit à l’école, au sein de la famille ou dans toute situation sociale. Par ailleurs, le fait de connaitre le TDAH permet d’avoir des prises en charge des troubles, mais également des adaptations. 

NF : Les enfants concernés par le TDAH souffrent-ils de discrimination ? Dans quel contexte ?

Il est clair que les enfants concernés par le TDAH souffrent de discrimination. Nous avons rédigé un questionnaire d’évaluation auprès des élèves afin de connaitre leur ressenti quant à leur scolarité. Ce questionnaire a révélé que 84 % des élèves concernés par le TDAH sont en souffrance scolaire, ce qui est énorme ! L’explication c’est que le TDAH étant méconnu, il est interprété comme une mauvaise éducation et les aménagements scolaires sont difficiles à mettre en place. À la décharge des enseignants, ils n’ont pas de formation sur ce trouble, ils n’ont pas les clés qui leur permettraient de mettre en place des aménagements. Les familles sont également victimes de discrimination et isolées à cause de la méconnaissance de ce trouble. 

NF : Pensez-vous que la sensibilisation est une étape importante pour améliorer le quotidien des personnes concernées ?

Oui, bien sûr, l’étape importante pour améliorer le quotidien des personnes concernées, c’est la sensibilisation : mieux on connaitra le trouble, mieux on le comprendra et on pourra s’adapter. En effet, on demande aux enfants de s’adapter, mais c’est aussi à nous de nous adapter à ces enfants qui ont un développement différent du notre mais qui ont également de gros atouts, ils sont souvent très intelligents, ils ont beaucoup d’humour. Ce sont des enfants qui prennent des risques ; cela peut être négatif, mais l’on oublie souvent que cela peut être aussi positif. Donc oui cette journée nationale est essentielle : je souhaite qu’elle soit festive et fédératrice. 

NF : Comment évolue cette reconnaissance au niveau français ?

Au niveau français, l’évolution est très timide. Nous faisons le maximum pour mobiliser le Gouvernement. Cette année nous avons à nouveau eu le haut patronage du Président de la République pour cette journée, mais nous attendons plus d’implication du Ministère des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées (comme par exemple le partage de notre site inter associatif proposant de nombreuses ressources) et bien sûr du Ministère de l’Éducation nationale. Je rappelle que 5 % des élèves sont concernés, ce qui n’est pas rien. 

Nous avons également des propositions et des solutions à soumettre au Gouvernement. Nous avons sollicité celui-ci pour participer à un Groupe de Travail dans le cadre de la nouvelle stratégie autisme et Troubles du neuro-développement. Ce qui nous inquiète, c’est que des solutions qui fonctionnent, testées sur le terrain ne soient absolument pas prises en compte par le Ministère de l’Éducation nationale. Heureusement, nous avons la chance de travailler avec des interlocuteurs locaux très impliqués et conscients des enjeux de l’école inclusive. 

NF : Quelle est, selon vous, la mesure à adopter d'urgence pour faciliter la vie des personnes concernées ?

Très honnêtement, il n’y a pas une mesure à adopter d’urgence, car la prise en charge est globale. Nous accusons en France un énorme retard sur la prise en charge du TDAH. Il faudrait mettre en place un remboursement des rééducations par la Sécurité Sociale. En effet ces frais s’élèvent de 300 à 600 euros par mois, ce qui ne favorise pas l’égalité des chances. Il est urgent aussi de faire connaitre ce trouble auprès du grand public, des personnels de santé, d’éducation, de l’animation, des travailleurs sociaux. La reconnaissance de la MDPH pour ceux qui en ont besoin. Il faut une vraie mobilisation politique et globale : ces enfants ont énormément de capacité et de qualité, mais il faut leur donner la possibilité de s’épanouir.

Pour en savoir plus : 


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