ENVIRONNEMENT COMPLEXE - ACTIONS CONCRÈTES
Rapport de l’Institut du Québec d’octobre 2023 – Former pour mieux performer (1).
En lisant ce rapport dans le milieu manufacturier, je n’ai pu m’empêcher de constater que plusieurs constats mentionnés peuvent s’appliquer à différentes industries.
Je vous épargne tous les chiffres et graphiques et je commence en sautant tout de suite à la conclusion du rapport :
« Les enjeux rencontrés sont souvent de nature technologique, comme l'automatisation et les investissements en machines et technologies pour accroître la productivité ou encore les changements de procédés pour réduire l’empreinte carbone. Les freins qui entravent ce processus de transformation, en particulier par les PME, sont souvent moins liés à des considérations financières ou techniques qu'à un manque de connaissances et de compétences. […] La formation et le rehaussement des compétences constitueront des leviers clés, tant pour les politiques publiques, que pour les entreprises elles-mêmes afin de rendre le secteur manufacturier plus vert et plus productif. »
Rien de bien nouveau dans ce constat. Nous sommes tous pour la vertu de la formation, et savons que malheureusement, c’est souvent le premier secteur de dépenses qui écope quand les temps deviennent plus difficiles.
Ceci dit, je combine plusieurs éléments aujourd’hui pour avancer que ce constat devient primordial dans l’environnement d’affaire actuel tant au Québec que dans le reste du Canada et du monde.
Vague technologique importante
Dans son livre « The Coming Wave » auquel j’ai fait référence dans un blogue récemment, M Suleyman parle de quatre technologies marquantes pour lesquelles des avancées significatives et simultanées ont lieu présentement.
Rappelez-vous vos cours de physique dans lesquels on parlait des vagues. Le creux et le pic des vagues ont cette propriété de s’annuler ou de s’amplifier. Et bien selon M Suleyman, dans ce cas-ci, toutes ces vagues s’additionneront les unes aux autres pour former une mega-vague, un tsunami technologique.
C’est pourquoi il est risqué de balayer ces technologies du revers de la main en pensant que ce n’est qu’une mode passagère, comme bien d’autres avancés technologies l’on été dans le passé.
La pire chose à faire pour un dirigeant présentement, c’est de se mettre la tête dans le sable, regarder ailleurs et ignorer ces technologies en espérant qu’elles vont passer sans trop nous impacter.
La bonne chose à faire, serait minimalement d’en être curieux, et mieux encore, d’en essayer quelques-unes pour mieux comprendre ce quelle peuvent vouloir dire pour une industrie donnée.
Le culte de la réponse
Depuis que vous avez l’âge d’aller à l’école, vous avez appris à avoir la bonne réponse. Tout votre persona professionnel est bâtit sur cette notion que votre valeur est associée à la qualité des réponses que vous fournissez.
Dans un environnement complexe, ce n’est pas tant la qualité des réponses qui importe, mais bien la qualité des QUESTIONS.
J’enseigne la gouvernance en innovation au Collège des Administrateurs de Société (3). Durant le module, nous réfléchissons sur un cas qui justement est construit autour des technologies mentionnées plus haut. Inévitablement en début de session, la majorité des participants, qui en passant, sont des dirigeants.es de société québécoises et canadiennes importantes, se disent inconfortable à s’attaquer à ces sujets n’ayant que rarement les compétences techniques pour apporter des solutions.
Re-voilà la tyrannie de la réponse qui fait surface.
Nous leur enseignons donc à poser de bonnes questions autour de sujets complexes et cruciaux pour l’avenir de leurs industries.
Au final, tous.tes disent se sentirent bien mieux équipés pour faire face à ces technologies et même motivés à les explorer plus à fond dès leur retour à la maison.
Comme quoi, quand on parle d’apprentissage et de formation, l’on sous-entend principalement devenir expert pour trouver les bonnes réponses.
C’est une erreur dans un environnement complexe.
--> Nous devons enseigner à nos leaders, nos dirigeants, à être à l’aise avec l’incertitude et développer la capacité de poser de bonnes questions pour lever le voile de ces inconnus auquels nous faisons tous face.
Aux autres, mais pas à moi
Si faire l‘autruche n’est plus possible, l’autre comportement que nous avons fréquemment est de rationaliser l’évitement.
« Je comprends que cela peut arriver aux autres, mais ca ne risque pas de nous arriver, de nous toucher ou de nous impacter ».
Et toutes les excuses sont bonnes pour justifier le tout : on est trop gros, on est trop petit, on n’en a pas besoin etc.
Le rapport parle à juste titre de l’effet domino qui peut se produire dans la chaine de valeur en parlant du bilan carbone.
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« Les grandes entreprises ressentent déjà une pression grandissante des investisseurs institutionnels et des gouvernements pour commencer à intégrer des mesures visant à réduire leur empreinte environnementale. Pour y arriver, elles transmettront tôt ou tard ces pressions aux PME manufacturières qui font partie de leur chaîne de production » (p5)
Alors que vous soyez une grande entreprise ou une petite PME, le statu quo ne sera pas une option pour faire face aux enjeux complexes d’aujourd’hui et de demain.
Et donc un effort conscient doit être fait de la part de la direction pour sécuriser les ressources nécessaires à l’exploration, la formation et le développement technologique.
Sinon l’on se retrouve plus souvent qu’autrement dans un cercle vicieux :
« […] manufacturiers se trouvent dans un cercle vicieux où la faible productivité ne permet pas de dégager les marges nécessaires pour investir pour automatiser (machineries et technologie) et former le personnel et donc d’offrir de meilleures conditions de travail ce qui perpétue les difficultés de recrutement. » (p7)
Les grandes entreprises privées devront commencer à soutenir leur réseau élargit et penser « système » car seul ils y parviendront difficilement à s’adapter à cette transition technologique importante.
« Ainsi, les grandes entreprises peuvent inciter leurs partenaires et leurs fournisseurs (souvent de plus petites entreprises) à prendre le virage. Notamment, en exigeant l’adoption de certaines technologies, en créant des opportunités pour accroître leur productivité, ou encore en les soutenant et les accompagnant dans leur développement. » (p20)
--> Donc que vous soyez une petite, moyenne ou grande entreprise, vous risquez d’être obligé d’y faire face d’une façon ou d’une autre car vous faites parti de ce que l’on appelle en complexité, un système adaptatif complexe.
L’importance du gestionnaire
Qu’on le veuille ou non, tout passe par là. Nos gestionnaires sont-ils équipés pour faire face à ces environnements complexes?
La réponse semble non selon les dires du rapport :
« […] manque de compétences des équipes de direction, et par conséquent, leurs incapacités à prendre les meilleures décisions. […] Les technologies de pointe […] requièrent une gestion du changement, ce qui suppose un certain leadership et un accompagnement au sein des entreprises.
[…] l’adoption de l’IA a parfois été freinée par la mentalité et le style de gestion des cadres supérieurs :
« certains veulent être la source privilégiée de connaissances expérientielles, car cela leur confère une légitimité, [et] ils perçoivent le processus décisionnel fondé sur les données comme un rival et non, comme un élément complémentaire à leur rôle ».
Il semble donc essentiel pour les dirigeants de s'exposer à ces nouvelles technologies pour augmenter leur confort envers elles et apprendre à les considérer comme des alliées et non comme des menaces à leur leadership.
--> Le coaching exécutif peut être ici un moyen de développement parfaitement adapté à ce genre de défis liés à tous nos biais cognitifs. Explorer nos craintes et nos appréhensions en tant que leader est un exercice essentiel afin de pouvoir mener le changement qui éveillera ses mêmes émotions auprès des membres de nos équipes.
Concrètement, on fait quoi?
Au final le rapport mentionne le constat suivant :
« La formation et le rehaussement des compétences constitueront des leviers clés, tant pour les politiques publiques, que pour les entreprises elles-mêmes afin de rendre le secteur manufacturier plus vert et plus productif. »
Voici des suggestions d’actions plus concrètes que vous pouvez prendre pour aborder ces nouvelles technologies :
Une longueur d’avance dans l’inconnu
Personne ne sait tout à fait encore à quoi va ressembler le futur de demain, un futur où ces technologies auront influencé notre façon de travailler, de communiquer, de faire des affaires, de socialiser.
Mais une chose est sure, ce sont ceux et celles qui aujourd’hui jouent et explorent les possibilités, qui seront ceux et celles qui dicterons à quoi ressemblera ce futur.
La pire chose en ce moment serait l’inaction.
Alors allez-y, faites appel à votre curiosité et explorer ces avenues émergeantes!
Si vous n’êtes pas à l’aise de le faire seul, n’hésitez pas à vous faire accompagner, à contacter des experts dans le domaine, à poser des questions lors de vos sorties de réseautage.
Toute cette complexité vient avec quelque chose d’hyper excitant…. Un lot d’opportunités!
2 - SULYMAN Mustafa, BHASKAR Michael, The Coming Wave, Crown, NY, 2023, p. 55, 101.
3 - Collège des Administrateurs de Société - https://www.cas.ulaval.ca/certification-gouvernance/
4- LEONNARDI Paul, Helping Employees Succeed with Generative AI, HBR, Nov-Dec 2023, p49-53.
5- LAVALLEE, Jean-Francois, Évoluer dans la complexité, Modulus Canada, 2021 - https://www.amazon.ca/-/fr/Jean-Fran%C3%A7ois-Lavall%C3%A9e/dp/2982013029
Conférencier TEDx| Auteur| Guide de la complexité| Développeur de Leadership| Coach exécutif| Facilitateur| VP Innovation
1 anshttps://www.lapresse.ca/affaires/techno/2023-10-25/ordinateur-quantique/attention-revolution-en-cours.php