Est-ce que Montréal est au Québec?
Le retour à la normale sera certainement teinté par les vacances estivales. Après autant de temps dans nos quartiers respectifs, l’appel au changement d’air sera certainement entendu par une grande partie des Québécois. L’incertitude des frontières sera une opportunité de découvrir notre province et de mieux connaître les petits coins de paradis de notre beau coin de pays. Dans ce contexte, Radio-Canada a récemment présenté un sondage sur les destinations qui seront prisées par nos concitoyens pour ce moment très attendu. Conclusion : alors que la Capitale-Nationale sort gagnante des planifications des ménages, Montréal est absent du tableau…
Pour encourager cette tendance, le Ministère du Tourisme offre des rabais aux Québécois qui feront du tourisme provincial. L’offre initiale était de 25% et a été récemment doublée pour la région de Montréal… Cette mise en marché reflète bien la situation énoncée au tableau de Radio-Canada, la métropole n’est plus dans le cœur des voyageurs d’ici. La raison de ce statut peu enviable n’est certainement pas uniquement due au fait que l’île a été malmenée par la pandémie. Québec l’a été davantage dans la dernière vague et cela ne l’a pas empêché de trôner au sommet du palmarès.
Montréal, la malaimée
La métropole fait face à plusieurs défis depuis plusieurs années. Les nombreux chantiers, dont la synchronisation peut quelques fois paraître douteuse, est un des facteurs irritants qui décourage la visite en dehors des obligations professionnelles. Le stationnement difficile, une offre qui évolue peu et la difficulté des magasins de ventes au détail ont eu raison de la volonté des visiteurs. Plusieurs d’entre eux ont déjà eu l’occasion de visiter les principaux attraits de la région, que leur reste-t-il à découvrir?
Une balade à Montréal est une promenade en ville. L’architecture est inspirée des villes européennes et le commerce, des grandes marques américaines. Où est la représentation de la culture montréalaise? Et québécoise? En fait, comment cette dernière pourrait y être intégrée et offrir par la même occasion une signature disctinctive…
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Vient aussi que Montréal est la plus grande ville du Québec et de loin. Si on y ajoute les banlieues, plus de la moitié de la population réside à une distance raisonnable de l’île. Lorsque l’on veut changer d’air, il est certain que la ville voisine n’est pas un premier choix. Il est aussi vrai que l’environnement qu’on y trouve n’a rien à voir avec celui des autres régions du Québec, surtout lorsqu’on recherche un univers calme pour s’éloigner du quotidien.
C’est donc dire que le tourisme montréalais est d’abord et avant-tout étranger. Ces derniers, en visite dans la province, vont passer la majorité de leur temps dans la métropole et pratiquement aucun détour ne sera fait dans les régions. Ces dernières sont pourtant une meilleure représentation des richesses de la province. On sait que plusieurs résidents ont quitté leur foyer pour rejoindre les zones rurales dans la dernière année. Montréal, qui est en déficit démographique pour une première fois en plusieurs années, voit ses citoyens se transformer, les familles s’exiler et les étrangers, investir. Ces faits ne sont pas une problématique grave, mais cela contribue certainement à faire de Montréal une ville bien différente de ses consœurs. Est-ce que cela favorisera son isolement du reste du Québec? Est-ce qu’elle deviendra graduellement une ville professionnelle où les Québécois se sentiront de moins en moins enclin à fréquenter? Montréal devra relever ce défi tout en protégeant sa personnalité inclusive et cosmopolite.
Les évènements et le sport
Les festivals ont fait la renommé de la ville. En leur absence, il est certain que son pouvoir d’attraction a été réduit considérablement. La formule 1 et la coupe de tennis, deux autres évènements très importants qui impliquent différents types de retombées, ont aussi limité les motivations des visiteurs habituels. Le Canadien de Montréal fait bien la preuve que le sport est un investissement payant pour celui qui sait bien l’exploiter. Avec un parc olympique à moitié fonctionnel, il est à se demander pourquoi Québec ne se positionne pas davantage dans ce marché en expansion.
Quoi qu’il en soit, le Québec restera toujours une destination touristique intéressante pour tout type de visiteurs. Cela ne l’empêche toutefois pas de trouver sa niche et d’exploiter cette dernière dans tous les aspects de sa mise en marché. Notre marché doit être ouvert pour ses quatre saisons et en faire son principal argument de vente.
Et si les points faibles du tourisme québécois seraient convertis en éléments distinctifs uniques sur le marché international?