Est-ce qu’un sinistre tel que celui de la tour Grenfell est possible en Suisse ?
The Telegraph

Est-ce qu’un sinistre tel que celui de la tour Grenfell est possible en Suisse ?


Suite à l’incendie de la tour Grenfell à Londres le 24 juin 2017 qui a fait 71 morts, et en attendant les conclusions officielles de l’enquête, voici quelques faits et réflexion :

  • Le départ de feu est dû à un court-circuit sur un réfrigérateur dans un appartement du 4 étages de cet immeuble qui en compte 24.
  •  Les sapeurs-pompiers de Londres sont arrivés 6 minutes après l’alarme sur les lieux et ont rapidement maîtrisé le feu d’appartement.
  • Pendant cette intervention, leurs collègues restés dehors ont vu une propagation extrêmement rapide du feu le long de la façade, en effet en 15 minutes environ, le feu avait atteint la partie supérieure de la tour.
  •  La façade de cette immeuble des années 60, composée de parapets en béton et d’une isolation intérieure a été modifiée entre 2015 et 2016 par l’ajout d’une façade ventilée. Celle-ci est composée de 150 mm d’isolation en PIR, d’une lame d’air de 50mm et d’un revêtement Renobond PE.
  • Selon les premiers éléments, ces matériaux respectent les directives en vigueur au Royaume-Uni en ce qui concerne leurs réactions au feu.
  • Il apparait sur un certain nombre de photographie de la réfection de la façade, que des espaces vides assez importants sont visibles derrières la nouvelle façade le long des piliers en béton qui délimite la façade originelle.

L’analyse faite par de nombreux experts et partagée par mes connaissances et mon expérience sur la propagation d’un feu sur une façade, démontre que le vide d’air de la façade ventilée et la géométrie de la façade ont agi comme une cheminée, ce qui a permis à l’incendie de se développer rapidement. De plus, l’isolation PIR, même si elle est difficilement combustible dans un test avec un flux thermique limité, reste une masse de combustible importante en cas de feux pleinement développé. Les photos de la façade après l’incendie atteste qu’elle a été quasiment entièrement consumée. Est-ce que les mesures de protection incendie ont été respectées ?

L’enquête le dira, en attentant il subsiste une question, un tel drame est-il possible en Suisse ?

Les normes édictées par l’AEAI précisent depuis 1962 que l’isolation des bâtiments élevés (plus de 25 m jusqu’en 2015) doit être incombustible. Très bien, mais ces normes sont devenues obligatoires pour l’ensemble de la Suisse en 2005 seulement !

Les mesures de protection incendie comme les bandes filantes pour les isolations thermiques extérieures crépies ne sont imposées que depuis le 1er janvier 2015 par exemple. Qu’en est-il des bâtiments élevés rénovés avant 2005 ou des bâtiments situés juste sous la limite des 25 m.

Difficile à dire, mais affirmer qu’un tel drame ne peut en aucun cas survenir en Suisse me semble très présomptueux.

Gardons en mémoire l’incendie d’un appartement au 12ème étage d’un immeuble à Gland le 17 mai 2017 au matin, qui heureusement c’est bien terminé malgré le fait que la cage d’escalier soit rapidement enfumée. Que ce serait-il passé si le sinistre avait eu lieu la nuit au 4ème étage de la tour ?

La mise en œuvre des mesures de protection incendie doit être suivie depuis la conception jusqu’à la réalisation par des spécialistes et expert en protection incendie qui comprennent et maîtrise les différents types de propagation d’un incendie le long d’une façade, ceci pour une mise en place de mesures efficaces.

Pesenti Walter

--Responsable Suisse Romande Greutol S.A

7 ans

Le risque zéro n'existe pas même en Suisse 🇨🇭

Eric Tonicello

Structural fire and fire safety engineer

7 ans

Il n'y a pas de généralités. Chaque immeuble est différent, et le risque doit être analysé de cas en cas. En cas de doute un expertise de la façade est nécessaire.

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